Hé bah bien !!! Ma première journée à Storybrooke resterait à tout jamais gravée dans ma mémoire. A peine 5 minutes après mon arrivé, un tremblement de terre avait touché la ville. Géniale ! C’était une façon de m’accueillir ? Ou de me mettre en garde ? « Allez Neal, dégage de SB, tu n’as pas ta place ici ». Il aurait été plus raisonnable de prendre en compte cet avertissement et quitter les lieux sans demander mon reste. Mais voyez vous, je n’ai jamais écouté ma raison. Alors oui, je suis resté ! Et ce fut une terrible décision qui aurait des conséquences. Je n’avais pas eu de mal à retrouver Emma, mais en revanche mon chemin avait croisé celui de M. Gold, Rumplestiltskin, mon père. Pas de chance.

De toute façon, je n’avais pas vraiment eu de temps à lui consacré puisqu’une école allait être engloutit dans un trou sans fin, crée par le tremblement de terres. Des enfants étaient danger. Afin d’assister Emma, je suis moi aussi allé aider.

Maintenant sorti de ce terrible accident, un jeune homme que je ne connaissais pas –de toute façon, je ne connais personne- m’invita à boire un verre. Oh oui, ça j’accepte ! J’en ai bien besoin. Et dire que ce n’était que ma première journée à Storybrooke. Qu’est-ce que l’avenir me réservait ici ? La réponse à cette question me faisait un peu peur, il faut bien l’avouer. Cette ville où régnait la magie. La magie … Voila de quoi me répugner. J’avais toutes les raisons de partir ! Alors pourquoi rester ? Le visage d’une jolie blonde s’imposa dans mon esprit. … Oui, Emma.

Rah, Neal !! Et avec ça, je n’ai toujours pas appelé Tamara. Le choc passé, il faudra vraiment que je la contacte. Mais pour le moment, le réconfort. Entrant dans le bar, je regardais les dégâts. Effectivement, pas beau à voir. Monsieur le barman ne ferait pas des bénéfices ce mois-ci. Il m’invita à m’assoir, ce que je fis, en prenant garde de ne pas marcher sur des morceaux de verres.

« C’est toujours comme ça ici ? »

Maintenant seul et à l’abri des regards, je consentis à baisser mon capuchon pour dévoiler mon visage. Capuche que j’avais gardé toute à l’heure en présence de Gold. Bien sur, mon père ne risquait pas de me reconnaitre, mais je me sentais mieux ainsi, sans qu’il puisse réellement me voir. Dans cette ville, peuplée de personnages de contes, je me doutais qu’un nouvel habitant n’était pas un fait habituel. Ma présence ici allait soulever des questions et même des soupçons. Et je n’allais certainement pas dire « Mais non je suis comme vous, je suis Baelfire. » Non, vraiment pas. Finalement, l’identité de l’étranger me convenait parfaitement.

Je restais un moment silencieux, avant de finalement répondre à mon interlocuteur.

« Je m’appelle Neal. Neal Cassidy. Ce qui m’emmène à Storybrooke ? Hmm, je l’ignore moi-même. Certainement le passé qui me revient en pleine face. »

Une réponse bien mystérieuse qui soulevait bien des questions. Mais avec la présence d’Emma ici, tout le monde allait penser qu’elle est le « passé » en question. Ce qui était en partie vrai. J’avais agis impulsivement afin de pouvoir la voir. Comment est-ce qu’elle allait ? A-t-elle refait sa vie ? Mais il y avait également un autre passé qui me revenait dessus. Celui de Bae. Ca évidemment, je le gardais pour moi. Laissant échapper un ricanement, je secouais la tête. Croiser Rumple aussi tôt …. Quelle poisse. Il manquerait plus qu’Hook soit là également. Mais heureusement, je savais que non, monsieur jouait les pirates à Neverland. Tant mieux. Bon point.

« Ouais … Emma … Tu as visé juste. J’ai eu une relation avec elle. Mais c’était il y a longtemps, 10 ans. D’ailleurs, tout le monde semble la connaitre ici ? »

Evidemment, si elle est celle qui a brisé la malédiction. C’est d’ailleurs pour cela que je m’étais permis de répondre à la question du jeune homme, sachant que d’une manière ou d’une autre, tout le monde finirait par savoir le lien qui nous uni. … Ou nous sépare, suivant le point de vue.

Je commandais un verre de rhum. Hm, nostalgie de Neverland ? Peut-être … Buvant une gorgée, je grimaçais. Pouah, la boisson des pirates, toujours aussi infecte. Haussant un sourcil, je posais à mon tour une question.

« Tout à l’heure … Il y avait un homme … Il a fait apparaitre un pont. Ce genre de chose est normal ici ? Je n’avais pas vraiment eu le temps de me poser la question tout à l’heure … Mais l’émotion passée, ça ne me parait pas naturel du tout, si tu vois ce que je veux dire. Qui est cet homme ? »

Un banal étranger n’aurait effectivement aucune connaissance de la magie, je devais donc feindre l’étonnement. Et puis ça me permettrait d’en savoir plus sur l’homme qu’était devenu mon père. Ne pas vouloir le voir, ne m’empêchait pas de me renseigner.

La ville la plus chiante du monde ? J’avais un peu de mal à le croire. Mais s’il le disait, c’est que c’était vrai non ? Je restais néanmoins un peu perplexe. Comment est-ce qu’on peut passer de la chiante attitude à bordel attitude ? En croisant Emma sur son passage, pensais-je en esquissant un demi sourire. Sourire qui disparu bien vite de mon visage.

Ainsi donc, Emma était devenue le shérif de cette ville ? Où était donc passé le temps où elle volait les voitures … déjà volées ? Ou elle faisait semblant d’être enceinte pour faire diversion afin d’organiser un vol ? Je comprends un peu mieux ce que veux dire le jeune homme par les temps changent. Et moi ? Est-ce que j’ai changé ? Non, en 10 ans, je suis toujours le même Neal. Peut-être un peu plus calme et mature, mais j’étais toujours ce pauvre paumé sans vie. Bien sur j’avais Tamara, mais pourtant je n’avais pas l’impression d’avoir refait ma vie. C’était comme si Baelfire m’empêchait d’avancer. Baelfire …. Le temps où j’étais Bae me semblait tellement lointain, comme un songe, comme s’il n’existait pas réellement. Et pourtant je le savais, Bae a vraiment existé. Lui, il a vécu. Une vie palpitante, remplie de dangers, où les poussées d’adrénalines étaient quotidiennes, surtout à Neverland. Mais Bae avait également beaucoup souffert, plus que la raison. Un sourire amer se dessina sur mes lèvres. Si j’avais réussi à m’échapper de Neverland, j’étais tout de même toujours prisonnier de ce passé.

Mais assez parlé de Baelfire. Emma était donc l’idole de la vie. August avait raison, elle avait bien brisé la malédiction. Qu’est-ce qui allait se passer maintenant ? Elle allait retourner dans ce monde magique avec les siens ? Là, où je ne pourrais la suivre …. Car si j’y suis parti, ce n’est en aucun cas pour y retourner. J’avais tout fait pour fuir la magie, seulement j’avais pensé que mon père m’aurait suivi. Allons, Neal, ce n’est pas le moment de repenser à tout ça. Laisse la souffrance de Bae au fond de ton cœur, crée une barrière et n’y touche plus. C’est ce que je m’étais efforcé de faire durant ces longues années.

« Hm. Elle a l’air d’être en effet très appréciée. Tant mieux pour elle, elle le mérite. »

Oui, Emma a le droit à un peu de bonheur après tout ce mal que je lui ais fais, même si ce n’était pas volontairement. « Le vieux avec la canne ». De mon époque, si Père aurait entendu quelqu’un lui parler ainsi, il l’aurait transformé en escargot puis piétiné. Chose qu’il avait déjà faite à plusieurs reprises. Ainsi donc, il était devenu un des hommes les plus dangereux de Storybrooke et peut-être même de tous les temps. Il n’a pas abandonné la magie, il s’en est de nouveau servit. Et s’il inspire la crainte, ce n’est très certainement pas pour faire du bien. Ma main se crispa sur mon verre. Pourquoi ?! Pourquoi est-ce qu’il ne m’avait pas plutôt cherché à me retrouver plutôt que de continuer à pratiquer la magie. La force, la puissance, la magie passeraient toujours avant son fils. C’était comme ça. Pourquoi en être étonné ? Donc tout lui appartenait, la ville, ce bar …. Alors que buvais de nouveau une gorgée de ce rhum, je le recrachais en entendant ses paroles. Très drôle. Conscient tout de même que c’était une blague, je reposais néanmoins le verre, dégouté. Le Ténébreux. Oui ça je le savais. Le maitre de l’Ombre … L’Ombre ?! Je sursautais brusquement, faisant au passage tomber le verre sur le sol, parmi les autres débris. Mon cœur battait à toute allure.

Bon sang !!! Du calme Neal !!! C’était une expression. L’Ombre n’est pas là !! … L’Ombre, voila qui était totalement sorti de mon esprit, avant de revenir brusquement dans ma mémoire. Evidemment, les non habitués de Neverland ne pouvait pas connaitre l’existence de l’Ombre. Conscient que je devais avoir l’air très fin, je me repris doucement et toussota.

« Désolé …. Pour être franc, je savais un peu à quoi m’attendre. J’ai été également en contact avec Pinocchio. Je ne devrais pas te dire tout ça, alors j’espère que ça ne se retournera pas contre moi. Je viens également d’un conte, mais j’ai grandi loin de Storybrooke. Je m’appelle Baelfire. Et toi ? Qui es-tu ? »

Pourquoi lui avoir dévoilé mon identité ? Aucune idée. C’était quelque chose que je n’avais jamais fait auparavant. Je m’étais toujours caché. De toute façon, même en sachant mon nom, je doute qu’il puisse faire le lien entre Rumple et moi. Quoi qu’il en soit, mettant dévoilé, j’estime pouvoir également connaitre son identité.

Sans dire un mot, je regardais les débris du verre sur le sol. C’est sur qu’on ne voyait pas la différence vu les dégâts causés par le tremblement de terre. Mais tout de même, inutile de rajouter du désordre. Cependant le jeune homme dont j’ignorais toujours l’identité ne semblait pas vraiment m’en vouloir. Mais un bon coup de balai ne serait certainement pas de refus pour la propreté du bar. Quelqu’un pourrait se blesser.

Penser à l’Ombre me laissait soucieux, avec une petite pointe de terreur que je voudrais réprimer. Je savais que c’était le dernier de mes soucis, surtout en ce moment, mais que se passerait-il si jamais elle venait jusqu’ici ? Elle trouverait facilement des enfants à emmener à Neverland. Et soyons honnête, je n’avais pas envie de me retrouver de nouveau face à elle. Mais me connaissant, en cas de danger, j’interviendrais. Je ne voulais pas que d’autres enfants subissent ce que moi-même j’ai du subir. Calme-toi Neal, l’Ombre n’est pas réapparu depuis bien longtemps. Mais à Storybrooke, là où la magie régnait en maitre, tout me semblait différent.

Esquissant un sourire, alors que le jeune homme riait en apprenant l’existence de Pinocchio, je le regardais tout aussi amusé que lui. August se faisait donc tout petit ici ? Qu’est-ce qu’il manigance encore celui-là ? Monsieur agit dans l’ombre.

« Pourquoi pas ? Tout à l’heure, je suis bien tombé sur les 7 nains. D’ailleurs, si tu veux tout savoir, Peter Pan et Hook existent également. … Même si leur histoire est bien différente du conte. »

Est-ce que je considérais toujours Hook comme mon ennemi ? Ennemi n’était peut-être pas le mot juste. D’autres me venaient cependant à l’esprit. Menteur, lâche, tricheur, manipulateur, sale pirate, sale briseur de promesse …. Okey, on se calme !!! C’est évidente, ma rancœur est donc toujours présente. Malgré tout, Peter Pan était pire qu’Hook. Le capitaine avait beau avoir tous les défauts du monde, et je pouvais bien continuer ma liste, mais Pan … Un long frisson parcouru mon corps. Pan et son Ombre.

Oublie ça, Neal.

Alors comme ça, le bar était le lieu où les habitants se confient ? Evidemment, l’alcool fait parler. Il faut croire que je n’échappe pas à la règle. Il n’avait pas tort cela dit en disant que ni Neal, ni Baelfire n’étaient connu ici. Tant mieux, je n’avais pas envie de faire parler de moi. Quant au fait d’avoir ma place ici … Cette idée me fit rire nerveusement.

« Non. Parce que je hais la magie. Elle a toujours un prix. … Qui est toujours néfaste. »

Un sourire amer se dessina sur mon visage. La magie ? J’en avais assez fait les frais. Et d’après ce que je comprenais, à cause de mon père, je n’étais pas le seul. Pour qu’il soit aussi craint, Rumple avait du faire beaucoup de mal. Et moi j’avais la culpabilité d’être son fils. Le même sang coulait dans nos veines. Secouant la tête de dégout, je préférais me concentrer sur le cognac que me servit le barman.

Celui-ci était d’ailleurs bien perspicace, ce qui me fit rire.

« Non non. Je ne suis pas un pirate. J’en ai côtoyé certes, mais je ne suis pas et je ne saurais jamais comme lui ! … Euh, comme eux. Je suis resté à Neverland un certain temps, mais non, je ne suis pas venu par les mers. En fait, je viens de New York. »

J’haussais les épaules, ne voulant pas m’attarder sur plus d’explications à ce sujet. Le barman se présenta enfin, Mattys Myers. Identité humaine, mais non celle du conte. Ok, pas de problème, je comprenais ce que c’était de ne pas vouloir dévoiler sa véritable identité. Je n’allais donc pas le forcer. Après tout, je ne suis qu’un étranger.

« Et bien enchanté, Monsieur le Héros. Ce n’est pas grave, si tu ne me dévoiles rien sur toi, ça laisse libre court à mon imagination. Peut-être que tu es un des trois petits cochons ? Si c’est le cas, je comprends que tu veuilles le garder pour toi. » Fis-je en riant.

Je bus encore quelques gorgées puis reposa mon verre.

« Tu ne connais donc pas Baelfire. Je vais te donner un indice. Je suis un ami de la fée Clochette. Et oui, elle existe bien. »

Prudent, je préférais qu’on pense que je viens du conte de Peter Pan plutôt que de laisser des indices sur le fait que je sois le fils de Rumplestiltskin. Et puis bon, ce n’est pas un mensonge. J’ai été ami avec Clochette.

La magie est de partout, c’est un fait évident. Même dans un monde qui n’est pas censé en contenir. Emma a fait revenir cette magie en brisant la malédiction. Avec des personnes comme Regina ou Gold a Storybrooke, la magie ne peut être que maléfique. Utilisée à des fins personnelles, elle fait plus de mal que de bienfaits. Si certains voient la magie comme quelque chose d’unique, un privilège merveilleux, d’autres savent que le prix à payer est trop fort. Question de point de vue et d’histoire. Mon existence en a bavé avec la présence de la magie. Et peu importe où je suis, elle me poursuit sans cesse, me guettant pour me ramener à elle. C’est d’ailleurs la magie qui a gagné, puisque je suis maintenant à Storybrooke.

« Mouais, la magie vous garde enfermée …. Gold n’a pas trouvé de moyens pour changer ce détail ? Ca m’étonne …. »

Malgré tout, je savais de quoi était capable mon père, et même si je ne supporte pas qu’il utilise la magie, il s’avère néanmoins qu’il était très certainement capable de leur venir en aide. Une aide qu’il avait également apporté tout à l’heure en faisant apparaitre ce pont.

Laissant échapper un petit rire, j’écoutais Matthys me citer toutes les destinations qu’il aimerait parcourir. Enfermé ici, j’imagine qu’effectivement, beaucoup de personnes ont eu l’occasion de rêver de ce qu’ils pourraient faire une fois le passage ouvert dans ce vaste monde, sans perdre la mémoire. La liberté. Ici, ils étaient dans une géante prison.

« Le capital de l’amour ? Monsieur aurait-il quelqu’un dans sa vie ? »

Je me demandais bien avec quelle genre de femme Matthys pouvait partager sa vie ? Connaitre son identité, me permettrait certainement d’en savoir plus sur lui. Mais espionner n’était pas mon genre. Si j’avais des questions, autant les lui poser directement. Rien n’est mieux que la sincérité. La tricherie, la manipulation, les mensonges …. Rien de tel pour me mettre en colère. Et pourtant, j’avais moi-même fait la même chose à Emma. Il y a 10 ans, je l’ai trahit. Au final je ne vaux pas mieux que mon père ou que Hook. Eux qui étaient ma famille. Voila pourquoi je me dégoute autant. Neal … quel pauvre type.

Je ne connais pas encore ce nouvel habitant, qui sera peut-être un ami, mais j’espère que la sincérité fait parti de ses qualités. Outre l’affaire Emma, et le fait que je n’étais qu’un petit voleur, j’ai toujours fait de mon mieux pour être honnête avec les gens que je côtoie.

« Ne t’excuse pas, nous avons tous nos secrets. Mais si jamais ton méchant loup fait surface et que tu as besoin d’aide, n’hésite pas à venir me voir, je me ferais un plaisir de le jeter dans un marmite », fis-je en riant.

Derrière la plaisanterie, il y avait tout de même un fond sérieux. Si quelqu’un utilisait la magie à mauvais escient, je me porte volontaire pour aider à combattre ce mal. La magie n’apporte rien de bien, et j’en ai assez de voir les gens souffrir à cause d’elle. Alors si je peux faire une bonne action … pourquoi pas.

Je frissonnais lorsque Matthys me demanda si mes petits copains les pirates allaient débarqués ici. Je secouais la tête. Même si c’était, heureusement, aucun d’eux ne seraient à même de me reconnaitre. Cela dit, aucune chance qu’ils viennent, messieurs sont tranquillement à Neverland, certainement en train de roucouler sur leur or.

« Je ne pense pas que tu auras le droit à cette compagnie. Mais si un jour tu croises le chemin du capitaine Hook, préviens moi que je me cache sous une table. »

Enfin, je ne pense pas qu’un jour, je recroiserais le chemin de Hook. Mais si ça devait arriver, je ne savais pas encore comment je réagirais …. Pensant à notre dernière dispute, je ressentais un mélange de tristesse et colère.

« Et ne fais jamais confiance à un pirate. »

Matthys n’avait pas l’air de porter Gold dans son cœur. Un comme tout le monde j’imagine. Ce n’est pas moi qui allait critiquer, ça c’est sur. Rumplestiltskin est un homme égoïste qui ne pense qu’à son pouvoir, à sa petite personne avant de penser aux autres, que se soit des proches ou des simples connaissances. Cruauté et sadisme ? Oui, se sont des adjectifs négatifs qui font partis de lui. Et je suis bien placé pour me douter que s’il a participé au sauvetage de ces enfants, c’est par intérêt. Il ne sauve pas des enfants … pas même le siens. Non, il préfère l’abandonner dans un monde inconnu. Lâche …

« C’est surtout un lâche », fis-je avec amertume.

Ma main resserra d’avantage mon verre, que je portais à mes lèvres, le regard dans le vague, parti dans de vieux souvenir douloureux.

Ne jamais passer un deal avec Rumple, ça fini toujours pas retomber sur la personne. Il n’en passe pas s’il n’est pas gagnant. Calculateur et manipulateur, je suis forcé d’admettre que mon père est une personne intelligente. Intelligent mais lâche.

Avec un sourire amusé, je regardais le jeune homme nettoyer le bar avec empressement, contredisant ainsi ses paroles. Il y avait bien quelqu’un dans sa vie. On le voit également dans son regard. Mais s’il souhaitait rester discret la dessus, je n’allais pas insister sur le sujet.

Effectivement, j’avais appris à mes dépends qu’il ne fallait faire confiance à personne, c’est pour cela que je ne trouvais pas l’utilité de répondre, étant en accord avec lui.

Soudainement, je me levais de ma chaise, prenant garde à ne pas marcher sur les bouts de verre.

« Je reviens »

Heureusement, ma voiture n’était pas bien loin ET surtout, elle n’avait subit aucun dégât. Un peu de chance dans ce bas monde, merci ! Le coffre ouvert, je trifouillais à l’intérieur. Quel bordel, des paquets de chips, bouteilles d’eaux, une couverture, des objets qui ne servent à rien du tout, oh un début de richesse ! Du fric ! Ah enfin !!! C’est ça !! Coincé sous une caisse, je tirais un grand morceau de parchemin avant de retourner dans le bar. Reprenant ma place, j’adressais à Matthys un grand sourire mystérieux. Le bar nettoyé me permis de déplier et poser mon morceau de parchemin. Qui s’avérait en fait être une carte. Je me penchais dessus pour l’analyser bien que je la connaissais par cœur, à force de l’avoir regardé durant des années.

« Ceci mon ami, est une carte au trésor. Volée au Capitaine Hook lui-même, il y a bien longtemps. »

Disons plutôt que j’avais omis de lui rendre. Puis il l’aurait récupéré s’il ne m’avait pas livré aux Perdus. Maintenant, c’est à moi !

« C’est pour toi. Si un jour tu as l’occasion d’aller à Nerverland, je te conseille de t’y intéresser, tu pourras ainsi combler ta dulcinée. Qui ne serait pas attiré par de l’or et des diamants ? »

De toute façon, je ne retournerais jamais la bas, ce n’était pas dans mes attentions, alors autant en faire profiter quelqu’un. Et Matthys attirait la sympathie, alors pourquoi pas ?

Vous devriez voir sa tête, c’est jouissif ! … Bon peut-être pas à ce point, mais c’est assez drôle. Vous voyez la tête que peut faire un chien si vous lui présentez un gros morceau de viande ? Avec la langue qui pend et le filet de bave ? Et bien vous savez à peu près la tête que fait Matthys en voyant la carte au trésor. Ah d’accord, je vois ! L’appât du gain ! Je laissais échapper un rire, sans pour autant juger. Après tout, il y a 10 ans en arrière, j’ai bien volé plusieurs montres très chères. Hé oui, l’argent … l’or … De quoi animer le cœur d’un homme. Bon j’ai laissé ce passé de voleur derrière moi, mais je n’ai pas non plus vraiment évolué.

Quel pouvait bien être le passé de Matthys pour être autant attirer par l’or ? Cherchant dans mes souvenirs de vieux contes quelqu’un de pingre, rien ne me venait à l’esprit. A part peut-être Picsou ! … Mais qui n’a rien à voir avec nous. Je mordillais mes lèvres pour ne pas rire. Cela dit, si Matthys était Picsou, ça pouvait être assez drôle.

Le refus de Matthys me fit revenir à la réalité juste à temps, avant que j’entre dans un délire avec Riri, Fifi et Loulou. Hein ? Il venait très sérieusement de refuser une carte au trésor ? Mais il est fou ce type ! Je venais tout de même de lui proposer la richesse, et sans aucun prix en retour ! Waouh, avec ça, je pourrais même entrer en concurrence avec Gold. Tient, ça peut être pas mal pour le frustrer. Mais je n’arrivais pas à croire que Matthys refusait. Pourtant, il salivait pratiquement devant la carte. Que quoi avait-il peur ? Que les méandres du passé lui reviennent en pleine face ? Bon tant pis, inutile de tenter le diable. Avec un soupire de dépit, je repris ma carte.

« Tant pis, c’est toi qui voit. »

Il avait raison dans un sens, comment se rendre à Neverland ? Avec un haricot magique ! Encore faut-il en trouver. Matthys préféra mettre court à notre petit entretien. Haussant les épaules, je me redressais avant de lui serrer la main.

« Et bien si tu as besoin d’aide, n’hésites pas à me le faire savoir, je serais certainement dans le coin. A plus tard, et merci encore pour la boisson. »

Je quittais le bar, tout de même satisfait de ce petit moment passé avec Matthys, espérant tout de même que tout ce que je lui avais raconté ne se retournera pas contre moi.