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Emma Swan

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MessageSujet: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeJeu 9 Mai - 22:16


Jefferson Madson & Emma Swan

En retard. Elle était encore en retard. Fichu pirate. Qu’il soit damné, lui et toutes les complications qu’il avait amené avec lui, à commencer par la sorcière. Laquelle se faisait d’ailleurs étonnamment discrète, même si Emma se doutait que ce n’était qu’une question de temps. Elle n’était pas vraiment pressée de la revoir, considérant que la dernière fois qu’elles s’étaient tenues face à face, la main de Cora avait été plongée dans sa poitrine, serrant étroitement son cœur, prête à l’arracher et très probablement à le réduire en poussières. La seule bonne chose qu’elle tirait de tout ça (encore que bonne, ça restait à vérifier), c’était qu’elle-même possédait plus de ressources qu’elle ne l’avait imaginé… Si seulement cette magie avait pu lui servir d’horloge interne pour la prévenir quand l’école se finissait. Mais entre tout ce qui se passait dans la ville (en tant que Shérif, elle se retrouvait assez occupée malgré elle – elle avait reçu bon nombre de plaintes de la part des habitants signalant des activités inhabituelles, notamment du côté des docks…) et ce qui se passait en elle, elle ne voyait pas le temps passer, et même si elle surveillait l’heure, il n’était pas rare qu’entre deux coups d’œil qui pour elle n’étaient séparés que de dix minutes, deux heure se soient écoulées.

C’était ce qui venait de se produire. Elle avait eu une longue absence, occupée qu’elle était à disséquer sa dernière entrevue avec un certain pirate qui ne s’était pas passée exactement comme prévue – elle s’était interrompue à temps, mais n’osait pas même imaginer ce qu’il se serait passé si elle avait vraiment déposé un baiser sur la joue râpeuse de Hook comme elle avait semblé être sur le point de le faire. Qu’est-ce qu’il lui avait pris ?! Elle ne comprenait toujours pas. Ne voulait pas comprendre. Mais il attendait probablement des explications de sa part. Des explications qu’elle ne pouvait pas donner. Elle se rappelait encore la façon dont il l’avait appelé, furieux, mais elle ne s’était pas retournée. Pas question. En attendant, la seule chose qu’elle pouvait faire, c’était l’éviter autant que possible, ce qui s’avérait difficile considérant qu’elle devait également s’assurer qu’il ne ferait rien de stupide. Qu’importait ; elle n’était pas prête à lui faire face pour le moment. Il y avait une raison pour laquelle elle avait eu peur de lui faire confiance, en haut du haricot. Hors de question qu’elle s’ouvre à lui – ou à qui que ce soit, pour ce que ça valait. Ce qu’elle comprenait moins que tout, c’était pourquoi elle se mettait dans de tels états pour un simple baiser, qui n’avait pas eu lieu, qui plus est. Elle avait eu son lot d’aventures d’une nuit, et cela ne lui avait jamais plus posé de problèmes que ça, au contraire. Tant qu’elle ne s’impliquait pas sentimentalement, peu importait. Il s’agissait simplement de ne laisser personne passer outre les barrières qu’elle s’était construite. Et c’était peut-être là que le bât blessait. Hook la comprenait un peu trop bien, devinait un peu trop d’elle. C’était parce qu’il avait été trop proche de ces barrières qu’elle l’avait trahie. Et pour coupable qu’elle se sentait, elle réalisa que c’était un mécanisme de défense auquel elle était bien capable de recourir à nouveau si la situation se présentait. C’était plus que réfléchi, c’était instinctif – de l’instinct de survie. La dernière fois qu’elle avait fait confiance à quelqu’un, elle s’était cruellement brûlée les ailes. Ce n’était certainement pas à un pirate, capitaine Hook d’entre tous, qu’elle allait accorder sa confiance. Ce serait une erreur, une erreur stupide, d’autant qu’ils n’étaient pas dans les mêmes camps. Et qu’elle avait d’autres soucis en tête. Elle ne pouvait pas se permettre de le laisser chambouler son univers maintenant, surtout pas si ça devait la perturber au point de la mettre dans l’état second dans lequel Mary Margaret l’avait retrouvée lorsqu’elle était enfin rentrée ce soir là. Malgré l’air inquiet et les interrogations de sa mère, Emma n’avait pas su formuler un seul mot, et s’était contentée d’accepter avec reconnaissance le chocolat chaud saupoudré de cannelle qu’elle lui avait tendu.

Et voilà qu’à présent, elle avait raté la sortie d’école d’Henry. Ce n’était pas la première fois que ça arrivait, et probablement pas la dernière. Elle savait qu’Henry était un grand garçon, vif et débrouillard, et il était entre de bonnes mains – Mary Margaret n’était pas seulement sa maîtresse et la colocataire de sa mère, c’était également, aussi fou cela fut-il, sa grand-mère, et Emma savait qu’il ne risquait pas grand-chose avec elle – elle avait vu de quoi Snow était capable lorsqu’il s’agissait de se défendre, et elle n’avait rien de la princesse en détresse du conte de fée avec lequel elle avait grandi. Mais cela ne faisait que confirmer ce qu’elle savait déjà : qu’elle-même n’était pas taillée pour être mère. Elle avait été trop seule, trop longtemps, et elle ne savait pas comment prendre soin de quelqu’un d’autre. Ce n’était pas faute d’essayer, mais elle se disait souvent que Regina était, à bien des aspects, une meilleure mère qu’elle ne le serait jamais. Une bonne mère, mais un piètre être humain, hélas.

Emma claqua la porte de sa coccinelle jaune après en être sortie en vitesse, cherchant des yeux son fils. La tâche ne fut pas difficile considérant que la plupart des enfants étaient déjà repartis avec leurs parents et qu’il était assis sur le banc où il l’attendait habituellement, mais elle ne s’attendait en revanche pas à l’apercevoir en compagnie de… Jefferson. Fronçant les sourcils, elle se dirigea rapidement vers eux juste au moment où ils se séparaient. Elle rejoignit Henry en quelques pas, qui se leva aussitôt vers elle avec un grand sourire.
« Henry, monte dans la voiture. »
« Mais… »
« Tout de suite. »
Reconnaissant son ton « je-ne-souffrirai-pas-aucune-réplique-jeune-homme », Henry haussa les épaules d’un air fataliste, puis monta à l’arrière de la voiture où il s’installa en ouvrant aussitôt son livre sur ses genoux.

Emma en profita pour courir après Jefferson, bien décidée à lui dire deux mots. Elle n’aimait pas vraiment le voir traîner avec son fils quand il était seul et sans surveillance, et comptait bien découvrir ce qu’il lui voulait. A vrai dire, il avait plus d’une fois tenté de lui adresser la parole à elle durant les derniers jours, mais elle avait toujours trouvé une excuse pour prendre congé et ne pas lui parler. C’était plus fort qu’elle, à chaque fois qu’elle le voyait, elle repensait à Mary Margaret ligotée dans une chambre obscure et au canon de son arme pointé vers elle-même tandis qu’il la pressait à confectionner des chapeaux alors qu’elle était incapable de seulement repriser ses chaussettes… et elle n’avait alors qu’une envie : s’éloigner de lui le plus possible. Si depuis elle avait bien compris qu’il n’était pas aussi fou qu’il le semblait et qu’il avait fait ça pour sa fille (que ne ferait-elle pas, elle, pour Henry ?), elle n’en oubliait pas moins ce qui s’était passé ce jour là et kidnapper, droguer, ligoter et menacer quelqu’un ne faisait pas vraiment partie de sa définition de personnes saines d’esprit non plus.

C’était pourquoi, en plus de ses problèmes actuels, elle n’avait pas été très encline à l’idée de lui parler. Mais elle n’était pas prête à ce que ce soit Henry qui en paie le prix. Elle ne savait pas ce que Jeff lui voulait, mais ce qu’en revanche elle ne savait que trop bien, c’était que lorsqu’il voulait quelque chose, il était prêt à tout, ce qui n’avait en soi rien de rassurant, et elle en avait fait l’expérience de près. De très près.

Ayant rattrapé Jefferson, elle le tira par le bras pour le forcer à se retourner et à lui faire face, l’apostrophant aussitôt :
« Je peux savoir ce que tu voulais à mon fils ? »
S’il y avait une chose à savoir au sujet d’Emma Swan… c’était qu’elle ne tournait pas autour du pot.


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Jefferson Madson

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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeJeu 9 Mai - 23:22

[Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Tumblr_mma68zF8Mk1qgzpr7o1_250[Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Tumblr_mma68zF8Mk1qgzpr7o4_250


I'm not crazy... or I am ?


Jefferson regarda sa montre et se précipita à la sortie de la nouvelle école : la salle des fêtes de la ville réaménagée pour accueillir les cours de Ms Blanchard. Une fois sur place, il constata avec fierté qu'il était à l'heure. Page passa non loin, sans l’apercevoir avant de bifurquer dans une ruelle pour rentrer chez ses parents de substitution. Une fois sa fille éloignée, le Chapelier sortit de sa cachette et examina en détails chaque enfant qui sortait du bâtiment. Un petit garçon brun retint alors son attention. Il le suivit sans rien dire jusqu'à un banc où ce dernier s'était installé pour y livre un imposant volume.

« Salut Henry ! » entama l'homme d'un ton qui se voulait rassurant, presque amical. « Je peux m'asseoir ? »

L'écolier le regarda d''abord d'un air suspicieux, puis il se radoucit, et acquiesça d'un geste de la tête : « Bien sûr ! »
Jefferson ne se fit pas prier et se posa près d'Henry. Il regarda alors par-dessus son épaule, a priori intéressé par les lectures de ce dernier.

« Mais dis-moi, tu lis quoi ? Ah ! Les contes ! C'est bien ça ! Je suis dedans ? »
« Oui, bien sûr ! Tu es le Chapelier Toqué après tout ! Tu veux voir ? »

***


Il était rentré en confiance et sur le ton de la confidence lui raconta sa journée d'école, celle de Page aussi, ce qui lui fit plaisir. Puis, de fil en aiguille, ils en vinrent à parler du pays des contes de fées et du prétendu affrontement entre Emma et Cora. Henry confirma tout. Et lui révéla bien plus d'informations que sa mère n'avait accepté de lui dire de mots en l'espace d'une semaine. Emma Swan s'était contenté de ne lui réciter qu'une série d'excuses pour l'éviter. Son envie de le fuir crevait tellement les yeux qu'il n'aurait pas été surpris de l'entendre lui dire que son chien avait mangé ses devoirs !
« Cora est venue avec un pirate, le Capitaine Crochet. » lui révéla l'écolier en lui montrant le dessin d'un crochet servant d'illustration à un conte intitulé "Peter Pan".

Jefferson lui sourit tout en fronçant les sourcils, profondément intéressé par le-dit complice de la despote :
« Wahou ! Il n'a pas l'air commode ! Que peux-tu me dire de lui ? » commença-t-il d'un air inquisiteur.

Mais alors que le gamin ouvrait la bouche pour lui répondre, il aperçut arriver la coccinelle jaune qu'il lui fallait à tout prix éviter. Les douze coups de minuits venaient de sonner. Il était temps de rentrer. Il en savait suffisamment d'ailleurs. Il ajouta alors :
« Olalaaa ! Il se fait tard ! Je n'ai vraiment pas fait attention à l'heure ! Je vais devoir y aller ! A plus tard Henry ! »
« Hein ? Déjà ? »
« Oui oui. J'ai à faire. Tu ne peux pas imaginer ce que tuer le temps peut paradoxalement prendre du temps ! »

Le Chapelier, fier d'approcher de la vérité et bien décidé à éviter de croiser la mère du garçon, se leva et s'éloigna au plus vite de la voiture de cette dernière. Il accéléra encore le pas, tout en tentant d'avoir l'air un minimum naturel. Un simple passant ? Il n'avait pas vraiment l'habitude de se balader sans raison dans Storybrooke...

***


Une main se posa et se resserra sur son bras. On l'attirait pour le forcé à se retourner ce qu'il fit doucement sans davantage se faire prier et tout en se préparant mentalement à supporter le sermon de la Mère Swan.

« Je peux savoir ce que tu voulais à mon fils ? »

Il lui décrocha alors un large sourire, irradiant de toute l'hypocrisie dont il était capable. « Swan ! Quelle bonne surprise ! Eh bien je suis venu à l'heure pour la sortie de classe de ma petit Page. Même si c'est bref, ça me permet de la voir. Et puis comme Henry était tout seul je me suis mis à discuter un peu avec lui en attendant que sa mère vienne enfin le chercher. »
Puis il ajouta froidement tout en plantant ses yeux bleus dans ceux de la jeune femme :
« Est-ce un crime, Shérif ? »

Et toc.

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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeVen 10 Mai - 1:10

Elle n’y était pas allée de main morte, elle devait le reconnaître, mais Emma n’avait jamais été connue pour faire dans la finesse : il fallait accepter de se salir un peu les mains, quand on était chasseur de primes, et puis considérant ce qu’il lui avait fait vivre, il s’en sortait plutôt bien. En vérité, il pouvait même s’estimer heureux qu’elle n’ait pas pressé de charges contre lui, même si évidemment, depuis que la magie s’en était mêlée, un tel concept prenait des allures un peu absurdes. Mais elle avait eu d’autres chats à fouetter et puis surtout, il y avait Paige. Et tandis qu’elle ne pouvait cautionner ce que Jeff avait fait, elle pouvait en revanche le comprendre un peu. Maintenant, en tout cas. Sur le moment il lui avait simplement paru être un psychopathe fou et dangereux. Il avait depuis été rétrogradé à psychopathe dangereux. D’accord, peut-être était-ce un peu exagéré, mais il lui arrivait encore parfois de repenser à la façon dont il avait aiguisé son couteau pendant qu’elle fouillait la maison et elle était certaine que cette image était gravée au fer blanc dans son esprit… si elle se méfiait de lui, elle avait des raisons, et si elle se montrait sur la défensive, elle avait des circonstances largement atténuantes également.

Il ne sembla de toute façon pas vraiment déphasé, bien au contraire. Il lui adressa son plus beau sourire – qui aurait pu en vérité lui paraître franchement inquiétant si elle n’était elle-même pas en train de le jauger d’un regard dur, attendant patiemment sa réponse.
« Swan ! Quelle bonne surprise ! Eh bien je suis venu à l'heure pour la sortie de classe de ma petit Page. Même si c'est bref, ça me permet de la voir. Et puis comme Henry était tout seul je me suis mis à discuter un peu avec lui en attendant que sa mère vienne enfin le chercher. »
Emma connaissait sa situation, et ne l’enviait pas vraiment. A bien des égards, elle lui rappelait la sienne quand elle était arrivée à Storybrooke, mais à bien d’autres, elles étaient totalement différentes. Après tout, contrairement à Jeff, elle était celle qui avait cédé Henry en premier lieu. Et sa relation conflictuelle avec Regina n’était clairement pas comparable avec celle qu’il avait avec les parents d’adoption de Paige, si tant était qu’il en eût une. Si elle avait été à sa place, nul doute qu’elle aussi aurait saisi le moindre prétexte pour ne faire ne serait-ce qu’entrapercevoir son enfant, s’assurer qu’il était heureux, choyé, en sécurité. Elle ne pouvait l’en blâmer.

Le petit « enfin » réprobateur ne lui échappa pas. S’il tentait de la faire culpabiliser parce qu’elle n’était pas à l’heure, elle avait des nouvelles pour lui : c’était déjà le cas. Mais rattraper dix ans de maternité non assumés ne se faisait pas en quelques semaines. Et puis ce n’était pas comme si elle avait eu un modèle sur lequel s’appuyer, ou une vie tranquille qui lui permettait de réellement se concentrer sur sa relation avec Henry, après tout. En ce sens, elle pouvait comprendre l’accusation de Jefferson : elle avait renoncé à son fils et s’était parfaitement passée de lui pendant dix ans (même si elle s’était plus d’une fois demandée à quoi il ressemblait, ce qu’il devenait, si sa famille d’adoption prenait soin de lui), persuadée d’avoir fait le meilleur choix pour lui comme pour elle, tandis que lui avait vu jour après jour, pendant vingt-huit ans, sa fille évoluer dans une famille qui n’était pas la sienne, sans même savoir qui il était. Nul doute que lui n’aurait pas été en retard à sa sortie d’école, qu’il aurait été là même dix minutes avant pour être sûr de ne pas manquer un instant avec elle… oui, elle pouvait le comprendre.
Le ton moqueur et faussement innocent du Chapelier la fit sortir de ses rêveries.
« Est-ce un crime, Shérif ? »
La jeune femme haussa un sourcil, puis un sourire fin se dessina à son tour sur ses lèvres. Ils pouvaient être deux à jouer à ce jeu là. Elle croisa lentement les bras sans le quitter des yeux :
« Et bien, disons qu’un homme seul qui rôde autour d’une école et des enfants, c’est généralement mal vu. Mais je suppose que ça ne constitue pas un crime en soi, non. »
Elle se pencha légèrement vers lui, ajoutant sur le ton de la confidence :
« Je vais te confier quelque chose, Jefferson. J’ai un petit talent, j’appelle ça mon superpouvoir. Il me permet de distinguer quand une personne ment de quand elle dit la vérité. Et là ? Et bien il me dit que tu n’es pas totalement honnête. »
Elle se redressa, jetant un bref regard en direction d’Henry avant de retourner son attention vers Jeff et de conclure, cette fois avec calme :
« Alors je propose qu’on la refasse et que tu me répondes plus franchement, cette fois : qu’est-ce que tu voulais à Henry ? »
Mais au moment où elle achevait sa question, une idée lui vint brusquement à l’esprit et elle murmura soudain :
« Est-ce que ce serait lié au fait que tu m’aies tourné autour toute la semaine, par hasard ? »
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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeVen 10 Mai - 15:13


I'm not crazy... or I am ?


L'homme soutint son regard sans sourciller. Emma ne lui faisait pas confiance. Probablement avait-elle raison. Il l'avait certes prise en otage, menacée, mais c'était pour la bonne cause. C'était pour mettre fin à une Malédiction qui sévissait depuis presque une trentaine d'années. Mais Swan était bornée. Elle n'avait pas su lui faire un chapeau comme il lui fallait, et elle ne semblait pas prête à tourner la page sur l'épisode où il l'avait droguée et fait pression sur elle. Dommage.

Les lèvres d'Emma dessinèrent peu à peu un maigre sourire tandis qu'ils ne cessaient de se défier du regard. Pourquoi elle se mettait à sourire ?! Jefferson en fut un peu décontenancé. Il venait de lui lancer une pique. Elle l'avait évité toute la journée. Et maintenant elle lui souriait ?! Les joues du Chapelier se mirent à tourner légèrement au rouge. Il ne l'avait jamais vue avoir un rictus, la dernière fois, elle était terrifiée et craignait pour sa vie ainsi que pour celle de Mary Margaret. Curieux retournement de situation.

« Ecoute Swan... » commença-t-il timidement.

Mais il ne parla pas suffisamment fort. La blonde ne l'avait pas entendu ou n'avait pas voulu écouter. Le pli au-dessus de des lèvres s'intensifia davantage tandis qu'elle lui coupait la parole :

« Et bien, disons qu’un homme seul qui rôde autour d’une école et des enfants, c’est généralement mal vu. Mais je suppose que ça ne constitue pas un crime en soi, non. »

Sous-entendait-elle qu'il... ? Jefferson écarquilla les yeux sous les propos implicites que venait de lui tenir la jeune femme. Il resterait donc pour elle un suspect jusqu'au bout. Le Chapelier ouvrit grand la bouche, surpris. Il aurait voulu protester, mais c'était tellement gros qu'il ne pouvait sortir un seul mot. Il aurait aimé lui crier dessus, lui signifier sa méprise sur ses intentions, mais il ne pouvait pas. La colère lui fit fermer la bouche et pâlir tandis qu'il se pinçait les lèvres à trop les serrer entre elles. La jeune femme, certainement fier de sa dernière trouvaille se pencha vers lui pour lui susurrer :

« Je vais te confier quelque chose, Jefferson. J’ai un petit talent, j’appelle ça mon superpouvoir. Il me permet de distinguer quand une personne ment de quand elle dit la vérité. Et là ? Et bien il me dit que tu n’es pas totalement honnête. »

Jefferson demeurait interdit. Lui, pas totalement honnête ? Bien entendu ! Mais il ne cherchait pas à faire quelque chose de mal en soi. Il voulait juste se venger de Cora Mills. Il n'avait fait que glâner des informations à droite à gauche pour tenter de la localiser. Et il approchait du but. Pourquoi le Shérif venait le ralentir dans ses plans. Cette dernire focalisa son attention en direction d’Henry avant de se retourner vers lui. Son ton bien charmant, restait, bien naturellement ampli de suspicion :

« Alors je propose qu’on la refasse et que tu me répondes plus franchement, cette fois : qu’est-ce que tu voulais à Henry ? Est-ce que ce serait lié au fait que tu m’aies tourné autour toute la semaine, par hasard ? »

Elle était décidément plus fûtée qu'il ne le pensait. Après avoir remis en ordre ses esprits, le Chapelier lui fit un large sourire. Lui dire la vérité, tout la vérité ? Elle pouvait toujours courir ! Elle avait refusé de lui venir en aide, il ne lui faisait pas confiance non plus.

« Swan. Swan. Swan. Alors déjà, je n'aime pas les petits garçons si ça peut te rassurer. Ni les petites filles. » commença-t-il amusé mais aussi rancunier des petits sous-entendus qu'elle avait pu laisser plâner quant à ses penchants sexuels. « Et je ne te tournais pas autour, j'essayais juse d'être aimable. » poursuivit-il.

Un joli mensonge. Chaque habitant de Storybrooke pouvait avoir mille raisons d'approcher le Shérif, avec de bonnes ou de mauvaises intentions. Emma Swan était l'étrangère qui les avait tous sauvés. C'était en quelque sorte un phénomène de foire pour certains. Un Godzilla inadapté à la vie urbaine ? Pour d'autres, ce n'était qu'une belle paire de seins, des hanches désirables, une blonde que n'importe quel homme en rut rêverait d'avoir sans son lit, ne serait-ce qu'une nuit. D'autres encore, la voyait comme une menace, une ennemie, à toujours fourrer son nez là où il ne fallait pas. Le Passeur avait invité le Chapelier à s'en méfier.

« C'est vrai que nous ne sommes pas partis sur de bonnes bases... » acheva-t-il, en prenant l'air désolé d'un enfant ayant commis une grosse bétise. « On pourrait prendre une tasse de thé un de ces jours ? »

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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeSam 11 Mai - 2:56

Parce qu’elle était née blonde, pas trop désagréable à regarder et surtout, de sexe féminin, les hommes faisaient souvent l’erreur de la sous-estimer, de la prendre pour une petite chose fragile et idiote, ou pour une poupée qui passait plus de temps à essayer de nouvelles chaussures à talons qu’à distribuer des coups. La vérité ? Emma Swan avait toujours viscéralement détesté les chaussures à talons et ne comprenait pas comment la plupart des femmes pouvaient marcher avec de tels instruments de torture aux pieds. Le point positif, c’était qu’en général, elle leur faisait rapidement réaliser leur erreur. Elle n’avait pas peur de la confrontation et elle n’était pas le genre de personne à se laisser faire, bien au contraire. Et à présent qu’elle n’était ni ligotée, ni droguée, ni menacée d’une arme, elle avait bien l’intention de le faire comprendre à Jefferson.

Sa première pique fut reçue par une expression incrédule qui lui confirma qu’elle avait été du plus bel effet. Pour être tout à fait honnête, de tous les torts qu’Emma pouvait imputer à Jefferson, la pédophilie n’en était pas un, et elle n’avait pas besoin de le connaître très bien pour le comprendre, elle le savait, parce que c’était un père et que la façon dont il parlait de Paige ne laissait pas d’équivoque. Il n’était pas ce genre de détraqués . Ce n’était pas qu’elle ne l’en aurait pas pensé capable, ce n’était simplement pas lui. A pourchasser les évadés de justice, elle avait rencontré tout un tas d’homme, plus charmants les uns que les autres, et si la plupart étaient punis de crimes assez mineurs, il lui était arrivé parfois, rarement, de traquer des personnes un peu moins recommandables. Elle savait faire la différence entre les deux : elle-même avait passé de longues années à fuir la justice plutôt qu’à la distribuer. Si elle avait dit cela, c’était en grande partie pour le faire réagir, mais aussi pour lui rappeler que dans ce monde, magie ou non, il y a avait des règles, et qu’elle pouvait sans efforts le faire enfermer dans la petite cellule de son bureau afin de les faire respecter si l’envie lui en prenait. Ce monde là, elle le connaissait, et à la différence de Jefferson et de tous les autres habitants de Storybrooke qui, malgré les vingt-huit ans qu’ils y avaient passés, semblaient en rester largement étrangers, elle savait comment il fonctionnait, et comment tourner les choses à son avantage. Il s’agissait d’un simple petit rappel, en vérité.

Mais le chapelier ne semblait pas décidé à se monter coopératif.
« Swan. Swan. Swan. Alors déjà, je n'aime pas les petits garçons si ça peut te rassurer. Ni les petites filles. Et je ne te tournais pas autour, j'essayais juste d'être aimable. »
Il ne semblait pas avoir bien compris ce qu’elle venait de lui dire, car s’il était évident qu’il était sincère dans la première partie de sa réponse, la seconde criait aussi clairement mensonge que si le mot avait été écrit en grosses lettres vives sur sa figure.
« C'est vrai que nous ne sommes pas partis sur de bonnes bases... On pourrait prendre une tasse de thé un de ces jours ? »
Un joli changement de stratégie, elle devait lui reconnaître ça. Mais la Shérif décida de le prendre au pied de la lettre. Après tout, il avait raison, ils étaient mal partis, tous les deux – la faute au comportement dérangé de Jefferson, pas la sienne – mais il lui avait semblé qu’outre cet épisode, ils auraient pu s’entendre, et puis après tout, si elle devait côtoyer Rumplestiltskin et Hook qui, à bien des égards, lui semblaient plus dangereux que lui (encore que ni l’un ni l’autre n’avait encore attenté directement à sa vie, mais elle était prête à rejeter cet argument considérant que ce n’était probablement qu’une affaire de circonstances), elle pouvait bien laisser une seconde chance à Jefferson, dont elle comprenait en partie les agissements. Ce qui ne signifiait pas qu’elle n’oubliait pas, ni qu’elle laisserait passer ce qu’il venait de se produire, ce serait bien mal la connaître.
« Tu sais quoi ? C’est d’accord. A condition que ce soit moi qui choisisse le moment, et le lieu. En espérant que d’ici là tu auras appris à mentir un peu mieux… »
S’il pensait qu’elle allait lâcher le morceau maintenant, il se trompait méchamment. Bien sûr, elle pouvait toujours demander directement à Henry ce que Jefferson lui avait voulu, mais elle savait que ça ne lui donnerait pas l’explication du pourquoi qui l’avait motivé en premier lieu à approcher l’enfant, et c’était cela plus que tout qui l’intéressait. Elle pouvait aisément deviner quel genre de choses il aurait pu tenter de soutirer à l’enfant ; après tout, il était venu lui parler pour la première fois il y avait très exactement une semaine, et c’était à ce moment là que Hook et Cora étaient arrivés en ville. Coïncidence ? Peu probable. Il y avait un lien entre les deux évènements, et elle voulait savoir lequel. Elle aurait sa réponse, d’une manière ou d’une autre.
« …Mais en attendant, j’attends toujours ma réponse, Jefferson. »
Cette fois, toute trace de sourire avait quitté son visage. Elle était sérieuse, et elle commençait à s’impatienter.
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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeSam 11 Mai - 15:18


I'm not crazy... or I am ?


Jefferson restait droit comme un piquet face à sa ravissante interlocutrice. Il tentait de garder un visage des plus neutres, tandis que sa bouche rieuse narguait gentiment la jolie Shérif. Accepterait-elle son invitation ? Peu de chances. Elle semblait rancunière la petite blonde. Le Chapelier lui avait plus fait cette proposition dans l'idée de changer de sujet de conversation plutôt que dans l'espoir de réellement renouer des liens plus cordiaux avec la jeune femme. Oserait-elle réellement boire à nouveau du thé en sa compagnie sachant que la dernière fois sa tasse contenait un puissant sédatif qui l'avait fait sombrer rapidement dans un profond sommeil ? Le sourire de Jefferson s'élargit.

« Tu sais quoi ? C’est d’accord. A condition que ce soit moi qui choisisse le moment, et le lieu. En espérant que d’ici là tu auras appris à mentir un peu mieux. Mais en attendant, j’attends toujours ma réponse, Jefferson. »

Esquive râtée. Malgré sa surprise, l'homme garda bonne figure. Se faisait-il avoir à son propre piège ? Devoir boire un coup avec Emma Swan quand celle-ci le voudrait, où elle le souhaiterait. Cela revenait à dire que ce ne serait ni chez lui, ni tout de suite. Il ne pourrait pas lui échapper si facilement. Elle voulait savoir ce qu'il espérait lui cacher. Que faire ? Ne pas lui mentir ? Omettre certains détails ? Jefferson lui saisit timidement le bras en reprenant un air moins désinvolte :

« Faisons quelque pas, tu veux. »

Ce n'était pas une question. Les traits de son visage s'étaient durcis pour donner plus de gravité et de sérieux à sa démarche. Jefferson avait ce don de passer rapidement d'un air gai à une allure mélancolique, jongler entre jovialité et austérité. Lui-même se perdait d'ailleurs dans ce tumulte de sentiments qui le submergaient totalement. Toujours est-il qu'il ne demandait pas à Emma son avis.

« J'insiste. » lui murmura-t-il à l'oreille tout en reserrant davantage la pression de ses doigts autour du bras de la belle.

Il l'attira alors sur la gauche, vers un des espaces verts entretenus par la municipalité. Ils auraient pu être mignons ainsi tous les deux, dans d'autres circonstances. Les oiseaux chantaient. Le soleil printannier réchauffait l'air encore un peu frisquet. Les parterres de fleurs se gorgaient de sa lumière salvatrice tandis que les abeilles venaient les butiner avec gourmandise. Une parfaite scène champêtre qu'un peintre impressionniste amoureux de la nature aurait représenté sur une toile avec mille touches de couleurs. Un potentiel chef d'oeuvre. Rien ici ne semblait présager le séisme qui s'était déroulé quelques temps aupravant. Une vieille femme nourrissait les pigeons avec des miettes de pain. Une petite fille s'amusait à émietter son croissant dans la mare aux canards, tandis que son supposé petit frère courrait après des écureuils. La vie reprenait son cours, lentement, doucement.

« C'est plus agréable de marcher par ici. J'aime bien. » sourit le Chapelier en desserrant son étreinte, sa voix se faisant plus douce.

Ils finirent par arriver près d'un banc où Jefferson la lâcha enfin et, en homme galant, invita expressement la dame à s'asseoir. Non loin de là, une fissure, vestige de la catastrophe qui avait frappé la ville. Le Chapelier fronça les sourcils et fit comme si il ne la voyait pas, ce qui lui évitait de se rémémorer l'épisode où, au bord du vide, il s'était retrouvé devant l'école de sa fille, prête à basculer dans le néant. Le Passeur ne faisait pas les choses à moitié, et peut être en faisait-il trop parfois. Beaucoup trop. Enfin, ce n'était pas son problème après tout. Chacun ses propres problèmes, chacun sa propre vengeance.

« Je sais que Cora est en ville. » finit-il par avouer, en s'asseyant.

Ce simple nom faisait ressurgir en lui de sombres souvenirs qui ecclipsèrent peu à peu son éphémère bonne humeur. Triste, il gardait ses yeux rivés vers un immense chêne qui trônait majestueusement juste devant eux. Sur le tronc de ce dernier, un coeur avait été taillé au couteau par deux amoureux.

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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeDim 12 Mai - 1:53

Si Jefferson pensait vraiment qu’Emma allait accepter de venir chez lui, prendre son thé, il s’était bien évidemment trompé. Elle était prête à lui donner une seconde chance, ce qui était déjà en soi un effort considérable de sa part, mais il lui faudrait du temps pour accepter de remettre les pieds chez lui et plus encore pour boire son thé – si elle acceptait jamais, et si c’était le cas, ce serait probablement avec beaucoup de méfiance, et le canon de son revolver coincé sous sa ceinture, dans le dos. Emma se faisait avoir une fois, mais jamais deux. Ce n’était pas pour rien qu’elle accordait si difficilement sa confiance : on en avait bien trop abusé, et si Jefferson ne savait probablement rien de son passé, il n’en était pas moins un de plus sur la longue liste de ceux qui avaient tentés de la manipuler pour obtenir quelque chose d’elle – qu’il s’agisse d’une nuit enflammée, ou d’autre chose. La fabrication de chapeaux, elle devait lui reconnaître ça, c’était une première.

Jefferson esquissa un large sourire malgré sa tentative ratée de détourner l’attention. La jeune femme devait bien admettre que ses changements d’humeur étaient difficiles à suivre. Une seconde il semblait que s’il avait pu se ratatiner sur lui-même ou disparaître sous terre, il l’aurait fait, et la suivante, c’était comme si, quoiqu'elle lui dise, son petit sourire suffisant ne quitterait pas ses lèvres et rien ne pouvait l’atteindre.
Finalement, sa réponse ne fut ni l’une ni l’autre, ses traits se faisant soudain tout à fait sérieux, sa main se posant sur son bras d’une façon qui lui donna aussitôt envie de s’en libérer avec force – pur instinct de méfiance qu’elle refoula bravement. Ils étaient en pleine rue, il y avait peu de chances pour qu’il s’en prenne à elle ici, ni aucune raison pour qu'il le fasse.
« Faisons quelque pas, tu veux. »
Emma jeta presque malgré elle un nouveau regard en direction d’Henry, mais il était toujours assis en train de parcourir son livre des yeux, et il avait consciencieusement verrouillé les portes de la voiture de l'intérieur, comme elle lui avait appris à le faire. Brave petit gars. Ses lèvres dessinèrent un fin sourire absent, qui n’avait pas conscience d’être là, avant de s’évanouir aussi rapidement qu’il était arrivé lorsqu’elle revint à l’instant présent, à présent assurée qu’il ne risquait rien, et elle dirigea à nouveau son attention sur Jeff, qui s’était à présent penché vers son oreille pour y murmurer :
« J'insiste. »
Emma ne protesta pas, même si visiblement le choix ne lui était pas vraiment accordé, la pression autour de son bras se refermant un peu plus tandis que le chapelier la guidait vers un petit parc où Emma se rendait parfois avec Henry – du moins, du temps où elle pouvait encore profiter de plaisirs aussi simples sans craindre à tout moment d’être attaquée par… dieu sait quoi. Un temps qui lui paraissait bien lointain. On ne disait pas pour rien que l’ignorance était bénie. Encore que dans son cas, il s'agissait plus de déni que d'ignorance.

Elle ne comprenait pas bien le but de la manœuvre, mais si c’était ce qu’il lui fallait pour qu’il crache le morceau, elle était prête à faire tout le tour de Storybrooke. Du moins, ce qui n'avait pas été saccagé par le tremblement de terre. Emma était quelqu’un de déterminé, probablement trop, d’aucuns auraient souligné, car elle ne savait pas toujours s’arrêter quand il le fallait, baisser les bras, renoncer. Elle n’acceptait tout simplement pas ces mots dans son vocabulaire.
« C'est plus agréable de marcher par ici. J'aime bien. »
Elle tourna un regard surpris vers Jefferson, qui souriait d’une façon qui semblait tout à fait sincère, l’air presque rêveur, et se détendit imperceptiblement à son tour en sentant sa prise sur son bras se desserrer quelque peu. Elle devait reconnaître que c’était un bel endroit. Apaisant. Elle-même avait plutôt tendance à se tourner vers le bord de mer ; la plage, les bancs situés près des docks lorsqu’elle avait besoin de s’aérer l’esprit et de réfléchir, mais elle devait reconnaître que cet endroit avait son charme aussi.

Mais sa confiance n’était pas endormie pour autant, et si elle faisait cette concession à Jefferson, c’était avant tout pour obtenir des réponses. Même si elle ne pouvait nier qu’en d’autres circonstances, la scène aurait pu être appréciable.

Il la guida jusqu’à un banc où il la relâcha enfin et l’invita à s’asseoir, ce qu’elle fit sans cacher son expression à la fois intriguée et dubitative. Il l’avait kidnappé, et maintenant il jouait les hommes galants ? Les hommes, de nos jours…
Son regard parcourut les alentours, se posant inévitablement sur la fissure qui se dessinait au sol et défigurait à présent une bonne partie de Storybrooke. Un étrange évènement sur lequel elle n’avait pas beaucoup plus d’éléments depuis qu’il s’était produit, hélas. Sinon, à en croire Gold, que ce n’était pas un coup de Cora, ce qui, étrangement, l’inquiétait encore plus que le contraire. Si ce n’était pas elle, et s’il s’agissait effectivement de quelqu’un ou quelque chose de plus puissant, il y avait de quoi se faire du souci pour Storybrooke. Cette crevasse aurait pu facilement rayer la ville de la carte si elle avait continué à s’agrandir. Emma n’aimait pas du tout ça, mais il n’y avait pas grand-chose à faire pour le moment, à part peut-être, comme l’avait suggéré Gold, envoyer quelqu’un au fond de la crevasse. A supposer qu’il y ait quelque chose à y trouver – la prise de risques était considérable, après tout.
« Je sais que Cora est en ville. »
Les mots de Jefferson manquèrent de la faire sursauter, et elle mit quelques secondes à intégrer et analyser l’information, les sourcils froncés. Bien. En soit ce n’était pas vraiment une surprise, au train où allaient les choses à Storybrooke, une bonne moitié de la population devait être au courant de son arrivée. C’était bien la peine d’en faire un tel secret… enfin. Au moins les gens savaient à quoi s’en tenir. Mais elle ne voyait toujours pas bien quel rapport cela avait avec Henry – elle ne connaissait pas vraiment le passé que Jefferson partageait avec Cora (elle aurait même pensé qu’ils n’en avaient pas, mais il semblait pourtant la connaître), mais ne manqua pas son petit regard triste et se fit une note mentale de se pencher un peu plus sur le livre de contes de son fils à l’avenir, elle avait après tout peut-être des choses intéressantes à y apprendre.
« Bon, mais je suppose que tu n’étais pas venu me dire quelque chose que je savais déjà, alors quel rapport ça a avec Henry et moi ? »
Puis elle plissa les yeux, inclinant légèrement la tête sur le côté pour mieux observer son profil, une cascade de boucles blondes accompagnant son mouvement.
« Ou plutôt, quel est le lien entre toi et Cora ? »
Elle avait besoin de savoir qu’il était de son côté, elle n’avait vraiment pas envie de découvrir que la sorcière avait un nouvel allié en sa personne et même si à son expression lorsqu’il avait prononcé son nom elle en doutait, elle préférait être sûre… et en savoir un peu plus sur la vieille aussi bien que sur le chapelier ne pouvait pas lui faire de mal.
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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeDim 12 Mai - 14:08


I'm not crazy... or I am ?


Pour cette simple gravure trônant sur son écorce, Jefferson détestait cet arbre. Un cœur. C'était honteux de taillader la nature pour y représenter les armoiries d'une salope, complètement dérangée. Une folle dangereuse. Face à la sorcière mieux valait s'attendre à tout. Finalement, l'aide d'Emma pouvait être la bienvenue. Mais la Shérif était trop... gentille pour aller jusqu'au bout de la besogne qu'il s'était confier. Tuer la Reine de Cœur, point. Son interlocutrice, elle, préférerait l'arrêter en bonne et due forme, lui faire un procès et l'emprisonner. Comme si cela suffirait.

« Bon, mais je suppose que tu n’étais pas venu me dire quelque chose que je savais déjà, alors quel rapport ça a avec Henry et moi ? »

L'homme s'enferma dans son mutisme en baissant les yeux. Aucun rapport. Point. Qu'avait-elle à s'imaginer au centre de toutes les intrigues ? C'était une affaire en Cora et lui. Nul besoin de jolie tête blonde pour s'interposer. Le Chapelier se rembrunit. La curiosité du Shérif lui plaisait peu. Il savait qu'elle avait affronter l'ignoble reine lorsqu'elle s'était rendue à Neverland. Et ça s'arrêtait là.

« Ou plutôt, quel est le lien entre toi et Cora ? »

Ces derniers mots le firent sortir de ses gonds. Jefferson se leva d'un bond et s'avança vers le tronc du vieux chêne contre lequel il fracassa lourdement son poing. Son sang perla doucement le long de la gravure. Il souffla doucement pour tenter de se calmer mais n'y parvint que moyennement. Il se retourna alors et fixa avec dédain Emma avant d’entamer une longue tirade, particulièrement enflammée et rythmée par de nombreux gestes :

« Mon lien avec Cora ?! C'est ça que tu veux savoir ?! commença-t-il furieux, Mais enfin Swan, Swan, SWAN ! Tu faisais quoi quand on te lisait des histoires ?! poursuivit-il en martelant violemment chaque syllabe. »

Il prit une pause pour reprendre son souffle et un peu de son sang froid. Il en profita en même temps pour étudier l'expression d'Emma. Visiblement, on ne lui lisait pas de livres pour l'aider à s'endormir. Une enfance pas forcément heureuse. Jefferson s'en voulut un peu sur le coup mais sa colère ne s’apaisa que légèrement.

« Oui bon, on ne te lisait pas d'histoires, dit-il en maugréant, mais quand même ! Je vais te le dire Swan. Cora c'est... la... Comment je pourrais le dire pour que tu saisisses bien ? C'est... »

Dans sa rage, le Chapelier s'emmêlait vraiment les pinceaux. Les larmes au bord des yeux, il dut une nouvelle fois faire une pause pour chercher ses mots. Tout se bousculait dans sa tête. Il revoyait clairement la hache s'abaisser sur sa nuque, la main du bourreau le tenant par les cheveux, son corps inanimé sur le sol, le rire satisfait de la Reine. Tout, il se souvenait de tout. L'atelier, les chapeaux. La FOLIE. Il enleva nerveusement son foulard et le jeta sur l'herbe tendre.

« Cora c'est la salope qui m'a fait ça. » finit-il par concéder froidement, en évitant, honteux, le regard du Shérif.

Sur son cou, à présent à l'air du jour, on pouvait apercevoir un cicatrice qui en faisait tout le tour. Un petit cadeau de la Reine de Cœur pour qu'il n'oublie jamais qu'elle l'avait fait décapité. Tous les matins en s'habillant, il était obligé de contempler sa honte, marquée sur sa propre peau. Tous les matins, il la maudissait. Tous les matins, il la cachait derrière un immense foulard. Et tous les soirs, avant de rejoindre son lit, alors qu'il ôtait ses vêtements, il retrouvait une nouvelle fois l'odieuse marque. Il en rêvait toutes les nuits. Il pourrait très bien éviter de se regarder dans un miroir, mais c'était plus fort que lui.

« Satisfaite ? » conclut-il froidement, en reniflant, les yeux rivés vers un ailleurs où il ne croiserait pas ceux d'Emma Swan.

Sa colère, comme elle était venue, venait de s'envoler aussi rapidement.

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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeDim 12 Mai - 16:04

Emma n’avait, au contraire de Jefferson, pas prêté plus d’attention que nécessaire au cœur gravé dans le tronc d’arbre qui leur faisait face. De simples jeux d’adolescent, ni plus ni moins. Peut-être que si Neal et elle étaient restés plus longtemps ensemble, ils auraient aussi eu leur arbre gravé, à Tallahassee. Ou peut-être pas. Quelle importance, au fond ? Ce n’était pas comme si Neal l’avait vraiment aimée, n’est-ce pas ? Il s’était simplement servi d’elle, et au fond elle était bien contente que nul arbre ne porte leur empreinte, ou elle serait revenue pour le découper. Elle avait peut-être compris, grâce à Cora, que l’amour pouvait être une force, mais elle savait que la sorcière n’avait pas totalement tort non plus : l’amour pouvait être une faiblesse cruelle. Lorsqu’il n’était pas partagé. Lorsqu’on le perdait. Lorsque quelqu’un s’en servait. Accepter de donner son cœur à quelqu’un, c’était aussi accepter qu’il puisse s’en servir. C’était accepter d’avoir quelque chose à perdre. Quelque chose d’incroyablement précieux.

Sa première question laissa Jefferson silencieux, presque agacé qu’elle eût osé la poser, et ce fut au tour de la jeune femme de se sentir irritée. Ils étaient tous toujours à l’impliquer dans les histoires les plus abracadabradantesques possibles, et depuis son arrivée elle avait vécu toutes sortes de choses qu’elle ne pensait jamais vivre un jour. Elle était la solution à tous leurs problèmes, le trophée ultime, le miracle qu’ils attendaient, la Sauveuse, rien de moins. Mais dès qu’elle tentait de jouer son rôle, on la remettait à sa place. Tout ceci ne te regarde pas, je n’ai pas besoin de ton aide merci bien, occupe-toi de tes oignons. C’était lui qui lui avait tourné autour toute la semaine, bon sang ! Lui qui en désespoir de cause s’était retrouvé à manipuler son fils pour obtenir ce qu’il n’avait pas pu avoir d’elle ! D’accord, il savait que Cora était en ville, mais cela ne lui disait pas pourquoi il avait tant voulu lui parler. Il n’avait pas pu simplement soutirer l’information à Henry car cela aurait impliqué qu’il eût su qu’il y avait quelque chose à soutirer. Sa démarche avait été trop insistante pour être simplement celle de quelqu’un de curieux. Peut-être avait-il simplement voulu des détails. Comment elle était venue, avec qui, pourquoi…

Le regard de la blonde s’endurcit, mais elle attendit patiemment la réaction du chapelier, qui fut un peu plus explosive qu’attendu. Il se leva soudainement, l’air furieux, et frappa violemment le chêne du poing. Emma le surveilla, mais ne broncha pas. Elle savait déjà qu’il n’était pas très stable psychologiquement, et elle connaissait la propension de certains hommes à taper sur ce qui leur tombait sous la main pour se défouler. Mieux valait l’arbre qu’elle. L’expression méprisante qu’il affichait lorsqu’il se tourna vers elle, en revanche, la fit ciller et pendant quelques secondes très brèves, elle eut l’air un peu plus vulnérable qu’habituellement. Elle supportait les insultes, les menaces, les moqueries, mais le dédain ? Le dédain faisait toujours très mal, et la rappelait à l’enfant perdue qu’elle avait été. L’indifférence et le dédain étaient les deux émotions face auxquelles elle ne savait pas comment réagir. Et peut-être également l’affection, l’attention. Elle avait eu sa part des deux, étant enfant, mais l’un l’emportait toujours sur l’autre. Il y avait d’abord l’affection. Une nouvelle famille, une nouvelle maison, des parents débordant d’amour à donner. Et puis un nouveau bébé. Un vrai. Et là, l’indifférence. Et peu à peu, le dédain. Et l’abandon.
« Mon lien avec Cora ?! C'est ça que tu veux savoir ?! Mais enfin Swan, Swan, SWAN ! Tu faisais quoi quand on te lisait des histoires ?! »
Emma conserva une expression parfaitement neutre tout le long de sa tirade vindicative. Elle ne cilla pas, ne bougea pas, s’autorisant tout juste à respirer. Elle avait envie de crier, elle aussi. De lui dire qu’on ne lui avait pas lu d’histoires, à elle. Qu’au fond elle se fichait bien de lui comme de Cora, et qu’elle n’aurait rien souhaité de plus que de les laisser régler leurs problèmes entre eux, qu’elle se chargerait d’enterrer leurs dépouilles si c’était ce qu’il voulait, et ils pouvaient bien tous aller se faire voir, mais cela n’aurait pas été un argument très constructif, et surtout, ce n’était pas entièrement vrai. Elle aurait aimé, elle aurait vraiment aimé, mais elle ne se fichait pas de cette ville, ni de ses habitants. Elle serait déjà partie depuis longtemps avec Henry sinon.

Il réalisa probablement son erreur en voyant son expression et se reprit avec plus de calme :
« Oui bon, on ne te lisait pas d'histoires, mais quand même ! Je vais te le dire Swan. Cora c'est... la... Comment je pourrais le dire pour que tu saisisses bien ? C'est... »
Ce fut à ce moment qu’elle réalisa que la colère de Jefferson n’était pas dirigée contre elle. Du moins, si, c’était bien elle qui la recevait, mais ce n’était pas à elle qu’elle était adressée. Elle avait simplement été au mauvais endroit au mauvais moment. Encore que, cela aurait été nier sa responsabilité dans ce qui venait de se passer. Elle avait peut-être posé les mauvaises questions. Ce qui était certain, c’était qu’elle n’était pas prête de recommencer, si c’était ce genre de réactions qu’elle provoquait. Elle le regarda défaire le nœud de son foulard, les sourcils à présent légèrement froncés, tandis qu’il le retirait d’un geste vif, exposant son cou aux yeux de la shérif.

Même de là où elle était, la cicatrice était parfaitement visible, dessinant un contour net autour du cou du chapelier, et il y eut un déclic dans sa tête. D’accord, on ne lui avait pas lu d’histoires, mais cela ne signifiait pas qu’elle ne connaissais pas ses classiques. Le chapelier fou était un personnage d’Alice aux pays des merveilles, et elle ne connaissait qu’un seul autre personnage qui aurait pu lui faire ça.
« Qu’on lui coupe la tête », murmura-t-elle pour elle-même d’un air absent.
La Reine de Cœur. Cora était la reine de cœur ? En y repensant, elle avait bien tenté de lui voler le sien, et cela expliquait des choses. Donc la mère de la Méchante Reine n’était rien moins que la Reine de Cœur ? Merveilleux. Ajoutons Rumplestiltskin et le capitaine Crochet à l’équation, sans oublier Maléfique, retenue sous les décombres de la ville, et tout cela devenait un joyeux bordel.
« Cora c'est la salope qui m'a fait ça. Satisfaite ? »
Le regard fuyant, le ton froid, Jefferson était soudain étrangement distant, presque honteux, encore que la haine dans sa voix était palpable. Probablement encore un qui pensait que la vengeance était la solution à ses problèmes et qu’elle règlerait tout. Emma se releva en soupirant. Soudain, elle comprenait un peu mieux, et elle n’était plus aussi intimidée par le chapelier qui lui paraissait plus étrangement humain que jamais à présent que sa colère était passée.

Ne se donnant pas la peine de répondre à ce qui n’avait été que la pique d’un homme blessé, elle se pencha pour ramasser le foulard, le regardant d’un air pensif. Il lui servait à cacher sa cicatrice. Tous les habitants de Storybrooke, elle incluse, avaient des cicatrices, mais il se trouvait que la sienne était la seule aussi péniblement visible. Il fallait reconnaître que ce n’était pas joli à voir. Mais Emma ne détourna pas le regard.
« Tu ne fais que lui donner raison en la cachant, tu sais », murmura-t-elle doucement tout en lui rendant le foulard.
Elle ne développa pas, mais le fond de sa pensée était clair : si Cora la lui avait laissé en souvenir d’une exécution aussi douloureuse qu’humiliante qui devait le hanter jusqu’à la fin de ses jours, la meilleure façon de ne pas lui laisser le plaisir de cette victoire était de l’afficher clairement au vu de tous, de montrer que cela ne l'affectait pas, même si c'était faux.
Elle s’empara calmement de la main qui avait cogné l’arbre et était à présent ensanglantée, et sortit un mouchoir propre de sa poche pour éponger méticuleusement le sang avant d’examiner la blessure – juste un peu de chair à vif, rien qui ne cicatriserait pas très vite, puis le relâcha doucement, levant les yeux sur lui.
« Moi, ce que je vois là, c’est quelqu’un qu’elle n’a pas entièrement réussi à détruire. Je vois son échec dans cette cicatrice », ajouta-t-elle simplement.
Il existait un proverbe qui disait que ce qui ne tuait pas rendait plus fort. C’était certainement vrai en ce qui concernait Emma, mais quelque chose lui disait que, dans la colère et le désespoir du chapelier qui criait combien il était en vie, il y avait un peu de cela aussi. Tant que l’on se battait pour quelque chose, c’était bien qu’on n’avait pas tout perdu, non ?
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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeDim 12 Mai - 20:11


I'm not crazy... or I am ?


Une petite brise venait lui chatouiller doucement la nuque. L'homme ne s'en émouvait pas. Il se sentait comme nu, livré au froid, livré à la honte. S'il avait perdu la tête une fois on pouvait à juste titre dire de lui qu'il était fou. Satanée cicatrice ! Jefferson laissa les larmes lui monter aux yeux en fixant l'ailleurs qui ne serait de toute façon pas mieux non plus pour lui. Son seul chemin serait celui de la vengeance. Sa seule chance de salut ! Il pourrait retrouver le sommeil. Penser à lui. Penser à se soigner. Reprendre sa fille avec lui. Redevenir quelqu'un. Mais pour être, il devrait d'abord tuer Cora et Regina. Il apporterait en même temps la paix à Storybrooke. Pourrait-on le blâmer d'avoir essayer de faire ce que jamais personne n'avait osé ? Même Banche-Neige n'avait su aller jusqu'au bout. Il fallait quelqu'un pour faire le sale boulot. Il était consentent. Mais il ne le faisait pas pour ses concitoyens qui n'avaient jamais eu ne serait-ce qu'une once de réelle sympathie pour lui. Il le ferait pour lui et pour Page. Les autres devraient faire avec.

Il sentait bien Emma avancer. Il fuyait tant bien que mal son regard, mais il entendait ses pas sur le gazon mal entretenu. Elle verrait alors l'ampleur de sa peine, elle pourrait aussi contempler de plus près l'ouvrage du bourreau de cette chère Cora Mills. Il aurait tant aimé continué à jouer la désinvolture et le dédain, mais il ne savait plus gérer les sentiments qui l'envahissaient simultanément. Aussi, parfois avait-il des réactions exagérées au vue de la situation. C'était sans doute le cas actuellement, mais il n'avait pu agir autrement.

« Tu ne fais que lui donner raison en la cachant, tu sais » murmurait la voix d'Emma derrière lui.

Il sentit également sa main rencontrer la sienne pour lui remettre son cher foulard. Il ne répondit rien. Ne se retourna même pas. Le Chapelier peiné se contenta de serrer vivement le bout de tissu tout en réprimant un sanglot. Lui donner raison en la dissimulant ? Mais qu'avait-il de mieux à faire que de ne pas montrer un truc qui susciterait de la peur aux enfants et insulferait un mélange de dégoût et de pitié à leurs parents ? Il ne voulait pas être catalogué comme le pauvre type du coin à qui on avait coupé la tête. Mieux valait encore passé pour le demeuré qui vivait cloîtré dans son immense maison que personne n'osait approcher. Il n'aimait pas la voir cette marque, point. Jefferson s'essuya le visage avec son foulard et le rangea dans une des poches de sa veste.

Emma en profita pour lui prendre l'autre main, l'obligeant peu à peu à se tourner vers elle. La femme regarda la plaie qu'il venait de s'infliger quelques instants auparavant et, à l'aide d'un mouchoir qu'elle sortit de son emballage, elle épongea doucement le sang sur son poing. L'opération lui fit ressentir quelques picotements, aussi serra-t-il les dents tout en gardant le silence. Il ne regarda pas directement, il se contenta de surveiller la chevelure blonde du coin de l’œil. Elle était à présent en train de surveiller l'état de la blessure. Rien de grave, il semblerait. Jefferson la laissa reprendre le bout de papier sale sans ajouter un seul commentaire. La voir s'occuper ainsi de lui l’apaisait un peu, peu à peu. Il la contemplait désormais avec curiosité. Swan releva la tête et son regard croisa le sien tandis qu'elle ajoutait :

« Moi, ce que je vois là, c’est quelqu’un qu’elle n’a pas entièrement réussi à détruire. Je vois son échec dans cette cicatrice. »

Jefferson tenta alors de tourner son attention vers quelque chose d'autre, mais il ne put. Comme fatigué de fuir la Shérif, il se résigna en lui faisant un maigre sourire. Elle s'était montré gentille avec lui. Inutile d'hausser une nouvelle fois le ton pour qu'elle lui fiche la paix.

« M..merci Swan. » soupira-t-il avec mélancolie et réelle gratitude.

L'espace d'un instant, les lèvres de la blonde lui donnèrent envie de les effleurer avec les siennes. Face à cette atroce pensée, le Chapelier cligna des yeux et détourna le regard. Il ne trouva rien de mieux à observer que le chêne et sa fameuse gravure. Alors il regarda ses pieds, le ciel, l'herbe puis Emma. L'idée folle semblait s'être envolée.

Jefferson reprit foulard humide et le noua nerveusement à son cou voilant ainsi la marque des horreurs passées. Elle existait certes toujours, mais ne pas la voir lui donnait parfois l'impression qu'elle n'avait jamais été. Il regarda Emma avec ses petits rougis par son récent chagrin et lui sourit plus franchement.

« Mais crois-moi, elle savait exactement ce qu'elle voulait. Si elle me souhaitait mort, on ne m'aurait pas recousu la tête. » souffla-t-il gravement.

Cora était dangereuse, il ne fallait surtout pas prendre cette menace à la légère et Jefferson voulait être convaincu que la Shérif l'avait pleinement compris. Il la sonda timidement du regard et vit que c'était le cas. Il se détendit de nouveau, et, se sentant un peu idiot ajouta d'un air gauche :

« Bref. Y'a moins glauque comme conversation je suppose. »

Jefferson n'aimait pas s’apitoyer sur son sort. Il préférait agir. Et le moment béni où il pourrait assouvir sa vengeance semblait s'approchait un peu plus chaque jour.

« De toute façon, elle va le payer... » conclut-il froidement.

fiche par holliday, sur bazzart ou artsoul. Reproduction complète ou partielle interdite


Dernière édition par Jefferson Madson le Mar 14 Mai - 9:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeLun 13 Mai - 0:21

La situation était étrangement inversée. Alors que c’était habituellement elle qui l’évitait et lui qui lui tournait autour (façon de parler, en général il lui fichait plutôt la paix), c’était cette fois elle qui faisait un pas vers lui et lui qui la fuyait, sinon physiquement, au moins du regard. La jeune femme comprenait sans difficultés qu’en dévoilant sa nuque ainsi, il avait eu le sentiment de s’exposer, de lui montrer une facette de lui qu’il ne devait pas souvent révéler. Peut-être jamais. Elle ne savait pas bien comment recevoir cette information, ni ce que cela signifiait réellement. Peut-être rien. Mais elle pouvait comprendre ce qu’il ressentait.

La cicatrice, en vérité, ne la choquait pas, et elle était persuadée que personne, ici, à Storybrooke, ne le serait plus qu'elle. Peut-être recevrait-il parfois des regards plein de pitié, ce qui, selon elle, était bien pire, et elle pouvait se mettre à sa place en ce sens. Mais de l’effroi, du dégoût ? Certainement pas. Ils avaient acceptés Ruby, il accepterait bien un homme qui avait perdu la tête, non ? Ce n’était pas ici qu’il passerait pour une bête de foire. Sorcières, fées, nains, loups-garous, et toutes sortes d'autres créatures peuplaient Storybrooke. Des bêtes de foire, ils en étaient tous. Une véritable curiosité pour les étrangers qui n’étaient même plus tenus hors de leur mur… elle n’osait imaginer ce qui pouvait arriver si quelqu’un venait par hasard s’égarer dans cette petite bourgade perdue du Maine.
Mais après tout, ce n’était de toute façon pas son combat. Elle avait assez à faire avec ses propres cicatrices.

A présent qu’il était clair qu’elle n’allait pas faire une mine horrifiée ou une remarque déplacée, il se décida à se tourner vers elle, et même à esquisser un sourire hésitant.
« M… merci Swan. »
Il semblait réellement reconnaissant, et la jeune femme s’autorisa à son tour un petit sourire. Pour beaucoup, elle était dotée d’un fort caractère, têtue et rancunière – certains avaient même prononcé le mot « psychorigide » une fois ou deux – mais elle n’était pas totalement dépourvue de cœur non plus, au contraire. Elle ne pardonnait peut-être pas facilement, et oubliait encore moins, mais pour autant, rien selon elle, ne pouvait justifier ce que Jefferson avait traversé. Ils avaient cela en commun : elle aurait remué ciel et terre pour Henry.

Elle nota avec perplexité que le regard du chapelier s’était soudainement posé sur ses lèvres, mais l’instant fut si bref et si court qu’elle cru avoir rêvé, et probablement était-ce le cas.

Il renoua son foulard autour de son cou, masquant sans difficultés la cicatrice qui en faisait le tour. Elle se demanda si cela avait été douloureux. La question était peut-être idiote, mais elle ignorait encore jusqu’à il y avait peu que l’on pouvait survivre à une décapitation, alors peut-être ne l’était-elle pas tellement, en vérité.
« Mais crois-moi, elle savait exactement ce qu'elle voulait. Si elle me souhaitait mort, on ne m'aurait pas recousu la tête. »
Elle le croyait sans peine, et s’était elle-même fait le raisonnement : probable que Cora l’avait gardé en vie pour une raison, mais ça restait pour elle une victoire sur la sorcière. Si elle ne l’avait pas tué, c’était qu’elle avait besoin de lui, ce qui pour elle était une défaite, mais peut-être était-ce simplement parce qu’elle-même avait peur de s’ouvrir aux autres qu’elle percevait les choses ainsi. Avoir besoin de quelqu’un devait être, en théorie, quelque chose de normal, non ? On avait tous besoin de s’appuyer sur une autre personne tôt ou tard, même si comme elle on faisait un cavalier seul. L’humain était une créature sociable, faite pour vivre en société. Une trop longue solitude ne lui convenait pas et finissait toujours par avoir des répercussions. Mais Emma voyait le fait de s’appuyer sur quelqu’un d’autre comme une faiblesse, une situation inconfortable qui pouvait à tout moment se retourner contre elle, ce qui expliquait nombre de ses choix. Un argument qui n’était donc probablement valide que pour elle. Ce fut pour cette raison qu’elle choisit de ne rien en dire, et il reprit sur un ton un peu moins sombre :
« Bref. Y'a moins glauque comme conversation je suppose. »
Elle allait réagir quand il ajouta, avec une conviction et une haine qui lui auraient presque fait froid dans le dos :
« De toute façon, elle va le payer... »
La vengeance. Quelque chose de tellement humain. Elle-même, dans ses plus noirs moments en prison, s’était jurée de retrouver Neal à sa sortie, de le retrouver et de le confronter, de l’humilier, de le blesser, lui faire du mal, de lui rendre au centuple la solitude et la douleur dans laquelle il l’avait enfermé en l’abandonnant. Sa prison n’était pas que physique, elle était également métaphorique. Emma, qui n’avait jamais été très sûre d’elle lorsqu’il s’agissait de faire confiance aux autres, avait appris à s’ouvrir à Neal. Parce qu’il lui ressemblait et qu’il la faisait se sentir vivante. Mieux : importante. Et il avait détruit tout cela, et plus encore, en la trahissant. Il avait laissé derrière lui une jeune femme de pas tout à fait dix-huit ans, enceinte, seule et perdue, un chaos de sentiments contradictoires en elle tandis qu’extérieurement, elle n’était plus qu’une coquille vide. Il lui avait fallu du temps pour réapprendre à sourire. Pour reprendre sa vie en main. Cela avait commencé avec la décision de faire adopter son fils. Durant les quelques mois qu’elle avait passé en prison, elle avait longuement espéré un signe de sa part, une explication, n’importe quoi, et plus les jours s’étaient succédés sans réponse, sans manifestation de sa part, avec la réalisation progressive mais violente qu’il s’était réellement servi d’elle, et plus l’envie de le retrouver pour comprendre et surtout pour lui faire payer s’était accentuée. Et puis, à sa sortie, elle n’en avait rien fait. Sans doute était-ce mieux ainsi. Elle ne voulait pas s’accrocher au passé. Elle ne souhaitait pas le revoir. Et elle savait qu’elle ne tirerait rien de satisfaisant à l’idée de lui mettre son poing dans la figure (ce n’était pourtant pas l’envie qui manquait). La Emma qui était entrée de prison et la Emma qui en était sortie étaient deux Emma complètement différentes. Entre les deux, quelque chose s’était produit, et elle savait que ce qui était mort en elle l’était définitivement. Aucune vengeance ne lui aurait rendu cela. Et ils étaient tous là, Regina, Hook, Gold, Cora, et maintenant Jefferson, à courir après la leur comme d’autres couraient après leur bonheur, et probable même qu’ils pensaient que c’était le cas, et qu’à un stade ils avaient cessé de distinguer les deux. Emma avait envie de tous les secouer, mais à quoi bon ? Il n’y en avait pas un plus décidé à renoncer que l’autre.
« Tu es sûr que c’est cet exemple que tu as envie de donner à Paige ? Parce qu’il n’y a pas que la magie qui a un prix, Jefferson. Tout acte a des conséquences. Et Cora devra elle aussi faire face aux siennes. Mais peut-être pas de la façon dont tu penses. »
Elle avait cessé de croire en la loi du Talion. La justice des hommes n’était peut-être pas parfaite, mais elle ne répondait pas au mal par le mal, ce qui était le meilleur moyen de laisser la gangrène se propager. Or, c’était bien connu, quand un membre était infecté, la meilleure solution, c’était de le couper avant que le reste ne soit touché. C’était la justice qu’elle avait connu et celle en laquelle elle croyait. Pas ce modèle de vie médiéval et barbare qui aurait dû être le sien si la malédiction n’avait jamais existé et où apparemment, répondre au crime par le crime était monnaie courante. Elle soupira en baissant les yeux sur son mouchoir tâché de sang avant de s’éloigner pour le jeter dans la poubelle la plus proche, revenant aussitôt auprès de Jefferson :
« Tâche simplement de ne rien faire d’inconsidéré, en attendant. S’il te plaît. »
Elle n’avait pas l’habitude de demander poliment, mais elle en avait un peu assez de voir tous ces gens courir à leur mort pour un simple désir de sang.
« Paige a encore besoin de toi. »
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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeMar 14 Mai - 23:43

La vengeance était le chemin qu'il avait choisi. Un chemin terrible, il le savait que fort bien pour avoir fréquenté de près Regina. Même si cette dernière l'avait trompé et par la même occasion ruiné sa vie, il la comprenait, un peu. Mais cette ouverture d'esprit ne la sauverait certainement pas de son courroux. Il avait laissé plusieurs chances à l'Evil Queen, acceptant même de coopérer avec elle en l'aidant à ramener à Storybrooke la pomme qui aurait du empoisonner et faire sombrer dans un profond sommeil Emma Swan. Acte en échange duquel, Madame le Maire s'engageait à offrir, à sa fille et lui, les vertus de l'oubli pour pouvoir recommencer une nouvelle vie. Bien entendu, elle n'avait pas tenu parole, l'avait encore une fois trahie, ne faisant qu'accroître son désir de vengeance. Elle paierait cher, très cher la petite addition. C'était en tout cas sa vision de la Justice. La seule punition qu'il trouvait juste pour la Reine. Lui faire subir ce qu'il avait du endurer.
    « Tu es sûr que c’est cet exemple que tu as envie de donner à Paige ? Parce qu’il n’y a pas que la magie qui a un prix, Jefferson. Tout acte a des conséquences. Et Cora devra elle aussi faire face aux siennes. Mais peut-être pas de la façon dont tu penses. »

Déjà le Chapelier sentait le regard réprobateur du Shérif. Tuer, c'est mal. Se venger, ça sert à rien. Aimer vous les uns les autres, etc. Emma venait enfin de se manifester. C'était logique qu'elle n'approuve pas ses méthodes après tout. Jefferson l'en excusait bien volontiers. Toutefois, le ton de la jeune femme (oui, il faut dire "jeune" devant "femme", ça fait toujours mieux) n'était pas dur. Elle ne le réprimandait pas. Elle lui conseillait de croire dans des valeurs humaines, des institutions qui n'avaient aucune emprise sur la Reine de Coeur. Come si une prison pourrait l'arrêter ! Comme si elle viendrait à un procès et resterait sagement assise sans être tentée d'hurler : "Qu'on lui coupe la tête !" Comme si... Comme si elle ne les détruirait pas tous, un par un jusqu'au dernier pour asseoir son autorité et sa supériorié ! Et qu'est-ce qui pouvait assurer qu'elle ne recommencerait pas une énième fois de causer du tort à tout le monde ?! Storybrooke ne la connaissait pas assez pour pouvoir aveuglément lui pardonner. La sorcière avait fait énormément de mal à Wonderland et ses habitants qui naturellement réclamaient vengeance par le sang. La sentance était prononcée officieusement entre chacun depuis longtemps : la mort. La tuer. La laisser regarder sa fille succomber avant d'etre tuée. Swan comprenait un peu sa situation et cherchait juste, dans l'apaisement, à tenter de le détourner de la pente vers laquelle on l'avait précipité. Mais il était trop tard, il sombrait depuis bien trop longtemps. N'avait-il pas enlevé Mary Margaret ? Droguée et séquestrée Emma elle-même ? Si celle-ci voulait l'empêcher de se fracasser sur les épieux acérés de la culpabilité, elle chuterait avec lui. Etait-il vraiment sûr ? Ne doutait-il pas un peu comme tentait de se le convancre la jolie blonde ? Pas vraiment. Il avait certaine idée fixe qui l'aidaient à ne pas perdre pied totalement avec la réalité et cette vendetta personnelle en faisait partie. Jefferson ne bronchait pas, se contentant de garder le silence parce qu'il n'avait rien à répondre. Ils ne seraient jamais sur la même longueur d'onde à ce sujet. Jamais. Il n'avait jamais été vraiment un enfant de choeur d'ailleurs...
    « Tâche simplement de ne rien faire d’inconsidéré, en attendant. S’il te plaît. »

Le Shérif n'insista pas et finit par reculer. Pour ne pas aller bien loin, certes, mais elle le laissait libre de son destin. Il la suivit du regard sans dire un mot. Il la vit jeter le mouchoiren sang et revenir vers lui doucement, comme pour ne pas le brusquer. "S'il te plaît." Elle lui demandait cela comme une faveur. Comme une amie le demanderait. Le Chapelier baissa la tête, déçu de ne pouvoir accèder à cette demande. Il savait où chercher le Capitaine Crochet et donc par déduction où trouver Cora. Il avait besoin de la voir, de loin, pour s'assurer de la véracité de ses trouvailles.
    « Paige a encore besoin de toi. »

Elle touchait là, une nouvelle fois, une corde sensible. Page. Page... C'était Grace. Grace. GRACE ! Avant que Regina vienne tout détruire avec son horrible Malédiction ! Et lui, avait été épargné par l'amnésie. Condamné à se souvenir en permanence. Condamné à souffrir... Parfois, Jefferson se demandait s'il n'était pas réellement fou, mais il n'avait jamais su trouver la réponse à ce genre de questions auxquelles on n'espère pas vraiment de réponses. Il ne pouvait pas laissé impuni ceux qui avaient détruit son bonheur. Le bonheur de Grace ! Le leur ! Il lui semblait donc impossible de cèder à Swan, bien que l'offre puisse être fort alléchante.
    « Je ne ferai rien d'inconsidéré. » murmura-t-il avec douceur.

Il releva la tête d'un coup en lançant un clin d'oeil aiguicheur à son interlocutrice. Nouvelle saute d'humeur ou nouveau masque de manipulation ? Même Jefferson n'en était pas lui même bien sûr. Il ajouta aussitôt pour joindre les mots à ces gestes :
    « Et puis, tu m'as promis de trinquer avec moi. Je me dois bien d'être sage jusque là. »

"Etre sage"... Drôle d'expression que celle-ci... En tout cas, elle ne s'appliquait pas du tout à l'esprit dérangé, légèrement toqué du Chapelier.
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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeMer 15 Mai - 2:18

Amusant, comme notre perception d’une personne pouvait changer selon l’angle de vue abordé. A bien des égards, Emma s’était souvent considérée comme une mauvaise personne. Elle avait toujours été un peu rebelle sur les bords enfant, un peu bagarreuse, à fuguer quand elle le pouvait, mais ça ne s’était pas arrangé en grandissant. Elle n’avait pas réussi à s’insérer dans la société en sortant du foyer d’adoption. Alors elle s’était débrouillée comme elle le pouvait dans la rue, en mentant et en volant, en hackant des ordinateurs et en entrant par effraction chez des gens le temps de profiter d’un lit ou d’un frigo bien rempli, et bien souvent de se faire les poches au passage. Elle avait fait de la prison. Elle était tombée enceinte à dix-sept ans. Elle avait abandonné son fils. Elle avait multiplié les petits boulots et les aventures d’une nuit, les déménagements et les fraudes bancaires. S’il fallait en venir aux mains, elle n’avait pas peur d’envoyer quelqu’un à l’hôpital. Elle pouvait, dans les bonnes conditions, jurer comme un charretier, et elle n’était jamais allée à l’église – n’avait jamais vraiment été croyante non plus. Elle n’avait pas vraiment un profil de fille rangée, sans problèmes. Ce n’était pas pour rien que Hook avait dit qu’elle ferait une excellente pirate : elle en était déjà une, d’une certaine façon. Une pirate du XIXe siècle.

Mais depuis son arrivée à Storybrooke, tout avait changé. Soudain, elle s’était posée, elle était devenue une mère et avait retrouvé la sienne, elle avait rejoint le bon côté de la justice en devenant shérif et était venue en aide aux autres, incarnant le rôle de Sauveuse qui avait été écrit pour elle. Et elle se retrouvait presque à dispenser de grands discours moralisateurs sur la vie et les choix, le bien et le mal… presque. Parce qu’au fond d’elle, elle ne se sentait pas si différente. Si elle blâmait le désir de vengeance de Jefferson, ce n’était pas tant parce qu’elle trouvait ça mal, que parce qu’elle savait que ça n’apportait aucun bien. Il n’était pas question de causes justes ou des grandes valeurs humaines que défendaient ses parents sans avoir pu les lui inculquer. Si – et seulement si - tuer Cora était leur dernier ressort, elle n’émettrait pas d’objections. Mais pas par vengeance ; simplement pour se protéger, et pour protéger les autres. Parce qu’il le fallait. Parce que c’était la seule solution. Vouloir se venger, ce n’était pas seulement être aveuglé par une cause meurtrière, c’était aussi y sacrifier tout le reste et apprendre à vivre avec nos actes, avec les choix qu’on avait fait pour y parvenir et qui n’étaient souvent pas les meilleurs, ni pour soi ni pour les autres, et elle en avait déjà fait les frais. Regrettait-il ce qu’il lui avait fait ? Difficile à dire. Quoiqu’il en fût, elle n’irait pas prêcher le pardon, car elle-même n’avait pas pardonné Neal. Mais aller de l’avant, oui.
« Je ne ferai rien d'inconsidéré. »
Elle n’avait pas besoin de son super talent pour savoir qu’il ne disait ça que pour l’apaiser. Qu’il ne se détournerait nullement de sa vengeance – non pas qu’elle eût l’arrogance de penser qu’elle aurait fait cet effet là. Si elle pouvait simplement le faire réfléchir, ce serait déjà bien plus qu’elle ne pouvait en demander. Elle n’avait pas prononcé le nom de sa fille que pour le faire réagir et culpabiliser, mais bien parce qu’elle pensait vraiment aux conséquences que ses actes pouvaient avoir. Non, rien n’était gratuit, tout se payait. Même une vengeance que l’on pouvait penser être méritée. Elle savait depuis longtemps que dans la vie, rien n’était dû. Il fallait se battre pour obtenir ce que l’on voulait. Et être prêt à y laisser des plumes. Si de vilain petit canard elle était devenue cygne, elle n’aurait toutefois pas été certaine qu’elle aurait été très élégante, et nul doute qu’elle aurait perdu la capacité de voler depuis longtemps.
Elle ne prit pas la peine de le reprendre, car dans sa situation, probablement aurait-elle répondu la même chose, et elle était au moins sensible au fait qu’il aie été prêt à lui concéder cela, mensonge ou non. Cela voulait dire que ses paroles n’étaient peut-être pas totalement insignifiantes pour lui.

Son regard rencontra à nouveau celui de Chapelier, qui lui adressa un clin d’œil aguicheur, la laissant à nouveau incrédule et décontenancée. Ses changements d’humeur étaient décidément difficiles à suivre.
« Et puis, tu m'as promis de trinquer avec moi. Je me dois bien d'être sage jusque là. »
Elle retint à peine le sourire moqueur qui étira légèrement ses lèvres. Sage ? Vraiment ? Cela restait à voir. Elle était néanmoins définitivement plus à l’aise avec cette tonalité plus légère. Flirter, ce n’était pas nouveau pour elle, et c’était une chose à laquelle elle était plus douée. Pour elle, ça se compliquait lorsqu’il s’agissait d’engager quelque chose de sérieux, ce qui n’était heureusement plus jamais arrivé après Neal. Mais lorsqu’on devait retrouver des gens qui avaient échappé à la justice, et bien, un peu de charme et la mise en avant de ses atouts féminins pouvait toujours s’avérer utile et en général, très payant.
« J’espère dans ce cas que nous avons la même définition du mot sagesse, car je serai intraitable, et tu as déjà grillé ta première chance. Et je n’en donne jamais de seconde. »
Et puis, elle lui avait promis de trinquer avec lui, oui, mais elle avait bien spécifié que ce serait elle qui déciderait où et quand. Autrement dit, s’il y avait réellement une chance, même infime, qu’il fasse l’effort de se tenir en attendant qu’elle se charge elle-même de l’affaire Cora, et bien… elle n’aurait pas de scrupules à délayer indéfiniment ce rendez-vous.

Elle lui afficha un sourire éblouissant :
« En revanche si tu te tiens bien, peut-être même que j’accepterai de revenir boire le thé chez toi. »
Elle s’avançait peut-être un peu, mais après tout, cela ne lui coûtait rien (pour le moment) et puis cette fois, elle s’armerait de précautions – elle n’était pas non plus totalement inconsciente, et elle avait plus d’un tour dans son sac, elle aussi. De toute façon, avant d’en arriver là, il faudrait d’abord que Jefferson tienne sa part du contrat. Et en cet instant, elle n’aurait pas parié un sou sur lui si on lui en avait laissé l’occasion.
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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeMer 15 Mai - 22:24


Même s'il ne voulait se l'avouer, Jefferson prenait plaisir à perdre les gens avec ses changements d'humeur permanents. Ou il s'en était tout du moins accomodé. Quelque chose ne devait décidément pas tourner totalement rond dans sa tête. Une case en moins dirait-on toujours sur un registre familier. Il s'était d'ailleurs longtemps demandé s'il n'était pas complètement fou. Mais il en avait assez de réfléchir à ce sujet. Tout ce qu'il savait c'est qu'il aimait jouer à faire des âneries devant les autres pour leur faire oublier la dure réalité. La vie était suffisamment dure comme ça. Comment serait-elle si on ne pouvait plus pouffer de rire.

Le Chapelier regarda plus en détail Emma. Elle n'était pas vilaine en fait. Une blonde. Comme Alice qu'il avait quelque temps protéger lorsqu'ils vivaient à Wonderland. Etrangement ce simple détail poussait l'homme à vouloir la préserver des sombres heures qui allaient se préparer ; le tremblement de terre n'étant qu'une étape mineure, une ouverture au concerto monumental qui verrait sourire le règne du Passeur, la fin de Rumpelstinsin, la fin des Charming peut etre, la fin de Regina et la fin de Cora ! Jefferson n'approuvait que moyennement ces méthodes mais il était engagé dans un pacte dont il était impossible de se défaire. Mister Gold pourrait être un enfant de coeur à côté du Passeur...

En dépit de ce genre de sombres relations qu'il craignait, l'homme voulait se considérer comme sage pour faire plaisir à la Shérif - et ne plus l'avoir dans ses pattes. Elle le remercierait très certainement une fois le sale boulot accompli.
    « En revanche si tu te tiens bien, peut-être même que j’accepterai de revenir boire le thé chez toi. » dit-elle comme pour l'apater et l'attirer vers une meilleure conduite.

Jefferson éclata d'un rire franc d'une telle insistance qu'il crut que sa tête allait se dévisser une nouvelle fois de ses épaules ou qu'il allait vomir son coeur et ses poumons. Chez lui ? Son thé ? Ses drogues ? Sacrée Emma ! Elle avait le goût du risque, il fallait bien lui reconnaˆitre ça !
    « Tu es un peu folle sur les bords toi des fois ! » s'exclama-t-il en riant « Tu n'as donc plus peur de moi ? » poursuivit-il avant de finalement lui déposer un baiser sur la joue « C'est bien, ça. »

A fortiori, son geste avait toutes les chances d'offusquer la jeune femme, mais le Chapelier avait l'habitude de mettre mal à l'aise ses relations par habitude, ivre folie et pour se protéger lui-même de sévère vérité.

La main de Jefferson s'était doucement mis à trembler, preuve d'un manque progressif de stupéfiants. C'était loin d'être le bon moment. Aussi, il fit bonne figure en la glissant subtilement dans la poche de son manteau et à continuer à la taquiner du regard et du sourire.
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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeJeu 16 Mai - 0:04

Emma était, quant à elle, à mille lieux de soupçonner qu’une énième épée de Damoclès pendait au-dessus de leur tête. L’eût-elle su que cela n’aurait probablement pas fait grande différence, puisqu’au stade où elle en était, elle se demandait ce qu’elle n’avait pas à redouter. La liste, en tout cas, semblait s’amenuiser de jour en jour, à son grand désespoir. Pourquoi fallait-il que ce soit maintenant, plus que jamais, alors qu’elle avait tout à perdre, et tant de gens à protéger, que le danger soit si palpable, alors que toutes ces années elle avait vécu de façon inconsidéré, seule et insouciante, et elle ne s’était jamais exposée à pire que quelques bleus (ce qui n’était jamais agréable, mais elle avait toujours été un peu casse-cou et ça ne lui faisait pas franchement plus peur que ça). A présent, elle avait l’impression que jour après jour, tout était devenu une question de vie ou de mort, quand ce n’était pas tout Storybrooke qui allait exploser ou la Forêt Enchantée qui était menacée d’être réduite à néant. Sérieusement, les méchants avaient la folie des grandeurs. Ils ne pouvaient pas faire comme tout le monde, et se contenter de faire payer la personne qui leur avait causé du tort ? Fallait-il vraiment mettre en danger toute une population ? C’était franchement à désespérer de cette magie que tout le monde semblait vouloir posséder. Jusqu’ici, de ce qu’elle en avait vu, elle faisait plus de mal que de bien.

A son offre, Jefferson éclata d’un rire non retenu et Emma ne parvint pas vraiment à dire s’il se fichait ouvertement d’elle (il fallait dire que sa façon de l’appâter n’était pas franchement subtile, mais enfin si elle avait voulu qu’elle le soit, elle ne l’aurait certainement pas formulée ainsi) ou s’il riait sincèrement. Difficile à dire, avec ses sautes d’humeur. Elle attendit patiemment, sourcil haussé d’un air interrogateur, qu’il s’exprime pour en savoir plus.
« Tu es un peu folle sur les bords toi des fois ! Tu n'as donc plus peur de moi ? C'est bien, ça. »
Tout en énonçant ces mots, il se pencha et l’embrassa sur la joue, sans prévenir, le plus naturellement du monde. Les yeux d’Emma se firent rond comme des billes, et si elle ne le gifla pas (ce qu’elle aurait fait habituellement), ce fut uniquement parce qu’il y avait en lui quelque chose de si innocent qu’il n’avait pas semblé prendre conscience de la portée de son geste. Ou peut-être que c’était elle qui réagissait trop fortement. Ce n’était qu’un baiser, après tout. Sur la joue. Elle avait fait la bise à bien des personnes qu’elle connaissait moins que lui. Sans même parler d’aller plus loin. Ce qui la ramena à Hook. Peut-être que si elle avait eu la même désinvolture que Jefferson venait d’avoir, elle se serait épargnée bien des tracas. Il lui aurait suffit de faire comme si de rien n’était, et ce serait passé comme une lettre à la poste. Encore que, elle ne pouvait pas vraiment prédire quelle aurait été la réaction du pirate.

Dans tous les cas, elle s’était tendue imperceptiblement, pas vraiment habituée à recevoir des marques d’affection de la part des hommes – pas habituée tout court, d’ailleurs. Il fallait dire qu’elle ne se laissait pas vraiment approcher et que même vis-à-vis de ses parents elle gardait certaines distances. Elle devait avoir un côté un peu sauvage malgré elle. C’était peut-être là d’ailleurs que le bât blessait. A bien des égards, un baiser sur la joue était une marque d’affection plus intime qu’une étreinte charnelle – pour elle, en tout cas. Partager une nuit avec quelqu’un n’était pas bien difficile, mais trouver quelqu’un pour prendre soin d’elle… c’était une autre affaire. Pas qu’elle en eût besoin. Elle savait très bien prendre soin d’elle toute seule. Mais, même si elle ne l’aurait jamais admis, cela lui pesait parfois. Elle pouvait bien se répéter qu'elle se suffisait à elle-même autant qu’elle le souhaitait, même elle n’était pas totalement immunisée à la solitude. La possibilité de s’appuyer sur quelqu’un, parfois, juste parfois, de savoir qu’il y avait quelqu’un pour nous rattraper si l’on tombait… c’était enivrant. Et rassurant. C’était quelque chose qu’elle n’avait jamais connu. Ou, tout du moins, qu’elle avait cru connaître, jusqu’à tomber réellement. Et la chute avait été douloureuse. Non, c’était pire que ça, elle n’était pas tombée. On l’avait poussée. Et il n’y avait eu personne au bout pour la rattraper. Comment la blâmer d’avoir à présent le vertige ?

Elle lui jeta un regard ahuri qui ne rencontra qu’un œil taquin et un large sourire, et elle se détendit légèrement. Il fallait qu’elle arrête de tout dramatiser, et de tout sur-analyser. Elle lui adressa un petit sourire incertain, retrouvant peu à peu sa contenance, puis lui donna un petit coup dans l’épaule.
« Tu te flattes si tu penses que j’ai peur de toi, Jefferson. La dernière fois que tu as voulu me séquestrer, c’est pour toi que ça s’est mal fini je te rappelle. Tu es sûr que ce ne serait pas plutôt à toi de te méfier de moi, en fait ? »
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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeVen 17 Mai - 0:26

Dire qu'il n'avait pas eût spécialement peur lorsqu'il avait pressé ses lèvres contre la joue de la jeune femme sans aucun a priori n'était pas loin de la vérité. Jefferson ne s'était, en effet, pas vraiment posé de question. Il voulait la taquiner, il voulait la tester, il voulait l'embrasser. Il s'était donc exécuté. Peut être voulait-il s'assurer que le Shérif était réel, en tâtant avec sa bouche la peau légèrement rosée de cette dernière. Du rose celle-ci virerait alors un peu au rouge pour souligner sa surprise et éventuellement son indignation. Il y avait aussi dans ce geste, en dehors d'un certain désir malsain de faire tourner en bourrique Emma Swan, une certaine candeur, comme si le Chapelier expérimentait le rapport affectif à autrui, grâce à elle. Il avait certes oublié certaines convenances, mais n'était pas non plus un parfait idiot. Et justement ! Pour éviter une quelconque vengeance de la part de sa victime, il avait jugé préférable de faire deux petits pas en arrière, qu'elle puisse retrouver son air, son calme et ses esprits si besoin. Il ne pouvait cependant pas s'empêcher de la narguer gentiment du regard. Il ne lâchait pas des yeux. Analysant chaque pli qu'elle pouvait former en fronçant un sourcil ou en esquissant un sourire par exemple. C'était un tout cas d'un oeil ahuri qu'elle le regarda en demeurant interdite. Lui se contentait de lui sourire et d'afficher ouvertement sa satisfaction. Elle finit par se détendre peu à peu en reconsidérant l'affaire. Il n'y avait effectivement pas mort d'homme dans cette histoire - du moins, pas pour le moment. Elle ne put toutefois s'empêcher de lui lancer une petite pique, sans doute en guise de geste d'affection. Il faut dire qu'Emma Swan avait toujours de drôle de façons, ou du moins Jefferson ne les comprenait presque jamais.

    « Tu te flattes si tu penses que j’ai peur de toi, Jefferson. La dernière fois que tu as voulu me séquestrer, c’est pour toi que ça s’est mal fini je te rappelle. Tu es sûr que ce ne serait pas plutôt à toi de te méfier de moi, en fait ? »


Le Chapelier se souvenait très bien de la dernière fois. C'était d'ailleurs sa première rencontre avec le tout nouveau Shérif de Storybrooke. Il avait d'abord repéré Mary Margaret en train de s'enfuir dans les bois. Il lui avait suffit de la rattraper et de l'assommer sans ménagement. Il avait dû ensuite trainer le corps de l'institutrice jusque son imposante demeure. Il l'avait soigneusement bâillonnée puis ligotée sur une chaise afin qu'elle ne tente ni d'alerter les secours, ni de s'enfuir. Il ne lui restait plus qu'à surveiller les agissement d'Emma. Avec son télescope, il guettait la situation au commissariat et la vit se rendre compte de la disparition de sa captive, râler, fouiller la minuscule cellule - ce qui était bien inutile - et finalement courir comme une folle vers sa voiture pour chercher et suivre les traces de Ms Blanchard. Il s'était alors interposé, feignant d'avoir été blessé alors qu'elle avait failli le heurter. En bonne citoyenne modèle, elle avait accepté de le raccompagner chez lui et même de partager quelques potins autour d'une tasse de thé. Résultats des comptes : elle droguée, séquestrée, et lui défenestré... ! Il n'avait pas était très... délicat, il devait le concéder, mais il avait agi pour ce qu'il pensait être la bonne cause. La fin ne justifie-t-elle pas les moyens ? Ne dit-on pas également : "Un mal pour un bien." ? Si c'était à refaire, il n'aurait rien changé, si ce n'est, serrer plus fort les liens de la jolie blonde.

    « Tu n'avais pas non plus très fière allure quand tu t'es effondrée sur mon canapé, tu sais. » il la fixa avec un petit air narquois. Jouer à se piquer avec Emma. En voilà un beau passe-temps ! Après le thé et la cocaïne, bien sûr ! « Enfin. Tout ça c'est le passé. Tu crois aux contes de fées maintenant. Mieux vaut tard que jamais, Emma», ajouta-t-il en lui faisant un petit clin d'oeil.
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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeVen 17 Mai - 2:38

Si la blonde avait retrouvé sa contenance, elle n’en restait pas moins perturbée par le geste du chapelier. En vérité, à bien des égards, elle parvenait plus facilement à gérer des situations de stress qui requéraient du courage et de la poigne que ce genre de choses, plus délicates et plus personnelles. L’idée lui donna envie de se donner des gifles : quel genre de vie complètement dérangée vivait-elle pour trouver plus normal – ou en tout cas, mieux réagir au fait d’être kidnappé qu’à une marque d’affection ? Peut-être que ce n’était pas Jefferson qui était fou. Peut-être que c’était elle. Elle y avait plusieurs fois pensé, pour être honnête. Que Storybrooke n’existait pas, que tout ça se passait dans un coin de sa tête tandis qu’elle-même était enfermée dans un hôpital psychiatrique, fermée au monde, perdue dans un univers de contes dans lequel elle se serait réfugiée. Pas vraiment réconfortant, dans ce cas, au vu de ses dernières semaines. Mais après tout, un fou savait-il qu’il était fou ? Comment alors pouvait-elle jurer que tout cela était réel ? Et si tout cela était le fruit de son imagination, des contes dans lesquels elle se réfugiait toute petite pour oublier le reste ? Et si elle n’avait jamais retrouvé Henry, et si après la trahison de Neal elle avait simplement pété les plombs ? L’idée la terrifiait au-delà de toute mesure, et semblait d’autant plus probable qu’elle était absurde. Cela aurait expliqué tant de choses : au lieu de n’être que la banale Emma, qui avait grandi seule et sans amour, elle était soudain la fille de Snow White et Charming, l’incarnation parfaite du grand amour, et elle était une princesse. Mieux que ça : elle était l’espoir, elle était la sauveuse. Et bien évidemment, parce qu’au fond elle avait toujours été un peu garçon manquée, elle se serait éprise du Chasseur et s’apprêterait à vivre des aventures incroyables sur le bateau d’un certain pirate. Peut-être même irait-elle visiter Neverland, tiens ! Elle combattrait des dragons et deviendrait la mère qu’elle n’avait jamais acceptée d’être, transformant la mère adoptive en Méchante Reine pour mieux sauver son fils de ses griffes. Elle aurait des pouvoirs. Elle aurait enfin une vie qui méritait d’être vécue.

Mais non. Même dans cette réalité, il y avait trop de choses qui craignaient méchamment pour qu’elle les ait imaginés. La mort de Graham, pour commencer. Sans parler de tout ce qu’elle avait traversé depuis. Même si elle savait que pour être une héroïne acceptable il fallait traverser des obstacles, elle estimait avoir déjà largement eu sa part. Cela devait donc être réel. La souffrance qu’elle avait ressentie à la mort de Graham et lorsque Henry était tombé dans le coma l’était, en tout cas.

Se sentant scrutée et analysée par le regard insistant de Jefferson, elle le lui rendit avec une détermination étrange, une façon de dire qu’elle n’était pas intimidée par cette inspection qui n’avait pour seul but, comme bien souvent, que de cacher qu’en quelque sorte, elle l’était. Elle ne voulait pas qu’il devine trop d’elle, de ses doutes, de ses faiblesses, de ses incertitudes. Pour lui, et pour tous les autres, elle devait rester Emma, la femme forte et intrépide, digne fille de ses parents.
« Tu n'avais pas non plus très fière allure quand tu t'es effondrée sur mon canapé, tu sais. Enfin. Tout ça c'est le passé. Tu crois aux contes de fées maintenant. Mieux vaut tard que jamais, Emma. »
La provoquait-il ? Vraiment ? Etaient-ils tous deux en train de plaisanter sur sa tentative ratée d’enlèvement et de séquestration sur sa personne – et celle de sa mère ? Elle espérait vraiment que ce n’était pas sa façon de flirter avec elle, car sinon sa vie devait être encore plus dérangée qu’elle ne le pensait. Mais c’était elle qui avait ouvert le bal, après tout. Elle n’osait pas imaginer combien cette discussion devait être surréaliste vue par quelqu’un qui appartenait à ce monde. Pas de quoi s’étonner qu’elle ne l’ait pas cru. Personne de sensé ne l’aurait cru.

Mais, oui, elle croyait aux contes de fées à présent. Croyait-elle pour autant aux fins heureuses ? Cela restait à voir. Elle nota au passage qu’il avait utilisé son prénom. Un baiser sur la joue, et c’était le début des familiarités ! Étonnant, en y repensant, cela n’aurait pas dû la surprendre, après tout ils avaient pourtant resserrés les liens très vite…

…Non, ça c’était le pas de trop. Si elle commençait à plaisanter avec elle-même sur son kidnapping, rien n’allait plus. Emma, reprends-toi, ce n’est pas le moment de lâcher prise.
Elle secoua la tête comme pour empêcher ses pensées de divaguer, revenant à l’instant présent.
« Si j’avais su, j’aurais tenté de m’évanouir avec un peu plus de grâce - j’y penserai la prochaine fois », rétorqua-t-elle, un mélange de sarcasme et de malice dans la voix. Puis, avant qu’il ne puisse dire quoique ce soit, elle ajouta rapidement : « Et ceci n’est pas une invitation. »
Elle plissa les yeux comme elle l’aurait fait en signalant une interdiction à Henry – une de celles qu’il se serait probablement dépêché d’ignorer – et reprit :
« Mais tu as raison, le passé est le passé. La preuve : cela fait plusieurs minutes que nous parlons, et tu ne m’as pas droguée, et je ne t’ai pas assommé. Je dirais qu’il y a définitivement du progrès. »

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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeLun 20 Mai - 20:21


Emma avait tenté de le titiller en lui remémorant cette fraction de seconde où, ayant oublié sa vigilance alors qu'il les détenait en otage, il s'était vu propulsé hors de sa maison, pour un saut royal par la fenêtre. Mary Margaret lui avait en effet asséner un robuste coup de pied. A bien des égards, la mère était plus inquiétante que la fille. Blanche Neige feignait l'innocence alors qu'elle était une battante. Swan, elle, voulait paraître forte mais elle était emplie de faiblesses. Elle avait été abandonnée. Même si elle ne le montrait pas, Jefferson pouvait très bien deviner que cela devait la peiner, la fragiliser. Ce qui ne tue pas, rend plus fort ? Peut être. Plus rude, plus brutal, mais plus fragile parfois. Pour le Chapelier, le Shérif n'était qu'un colosse au pied d'argile qui, si elle se dressait trop en travers de la guerre entre les puissants de la ville qui se profilait à l'horizon, serait broyée, écrasée par son destin de sauveuse. A trop vouloir venir en aide aux autres, elle risquait de ne plus pouvoir aider grand monde au final. L'espoir tué dans son oeuf... Et puis, elle avait un point faible : Henry. Certes, les Mills ne tenteraient rien à l'encontre de l'enfant, mais Jefferson était incapable d'en dire autant d'autres personnes avides de nuire aux Charming.

    « Si j’avais su, j’aurais tenté de m’évanouir avec un peu plus de grâce - j’y penserai la prochaine fois . Et ceci n’est pas une invitation. »


Il était impossible de dire si Swan plaisantait ou non. En tout cas, chose compréhensible, elle ne souhaitait nullement réitérer l'expérience de l'enlèvement. C'était amusant pour le Chapelier de constater que ce passage anodin dans sa vie avait pu autant marquer la jeune femme. Il n'y avait pas mort d'homme après tout ! En tout cas, la tournure de la conversation l'arrangeait. Elle oubliait peu à peu ce qu'elle voulait lui faire dire, tandis que lui abandonnait sa position de détresse vis-à-vis d'elle qui l'avait poussé à lui révéler ses plus douloureuses cicatrices du passé. Maintenant, il s'agissait d'un traumatisme propre à Emma, pas à lui. Il avait certes passé par la fenêtre, mais il s'en était très vite remis. Il trouvait même l'exercice amusant à présent. Et puis, d'un autre côté, cette petite discussion permettait éventuellement à l'ex victime de briser la glace et de vider son sac une bonne fois pour toute. Les deux compères ne resteraient ainsi pas sur une situation frustrante de non-dit, du moins quant à cette affaire en particulier. Chacun ses petits secrets après tout ! Le Chapelier la laissa donc poursuivre sans l'interrompre, tout en l'évaluant du regard.

    « Mais tu as raison, le passé est le passé. La preuve : cela fait plusieurs minutes que nous parlons, et tu ne m’as pas droguée, et je ne t’ai pas assommé. Je dirais qu’il y a définitivement du progrès. »


Le sourire de Jefferson s'élargit, comme celui d'un certain chat, tandis que ses pupilles se dilatèrent légèrement. Emma l'amusait vraiment. Et il devait lutter pour ne pas lui crier la vérité tout la vérité et s'avouer en premier lieu qu'il commençait à l'appréciait, un peu. Regrettait-il ce qu'il avait fait ? Pas le moins du monde. Les regrets étaient faits pour les êtres passifs, soumis, déterminés à s'apitoyer sur leur sort. Elle et lui n'étaient pas de cette trempe-là, ils avaient besoin d'action, de ne pas rester inerte devant l'effritement de leur bonheur.

    « Oh mais Swan, je ne peux pas te droguer si tu ne bois pas ce que j'ai à te proposer. » lui répondit-il finalement sur un ton de défi. "Par contre, rien ne t'empêche effectivement de me donner une correction, ce que tu n'as pas fait, on peut donc dire que tu es effectivement plus... civilisée, courtoise, aimable, charmante, sociable, ouverte. Toutes mes félicitations !"


Un vrai débile. Il pensait tellement de choses en bien sur la jeune femme qu'il ne trouvait rien de mieux, pour se protéger, de la charrier, encore et toujours. Suffisamment lucide, il finit par lui tendra sa main tremblante avec davantage d'humilité tout en lui murmurant :

    "Bref. Sans rancune, Emma ?"

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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeMar 21 Mai - 2:39

Emma, en dépit de tout, ne se définissait pas comme une victime. Peu importait combien de fois elle avait été abandonnée, trahie, menacée, défiée, peu importait les coups qu’elle avait pris et ceux qu’elle prendrait encore, et peu importait les cicatrices qu’elle en avait gardé. Elle n’était peut-être pas aussi forte qu’elle aurait aimé l’être, mais elle restait une battante dans l’âme, et le statut de victime ne lui convenait pas vraiment, tant et si bien qu’elle trouvait toujours un moyen, lorsqu’elle était dans une mauvaise posture, sinon d’inverser les rôles, au moins de se défaire du sien. En l’occurrence, l’épisode Jefferson avait laissé ses traces, car elle était une jeune femme normale, qui venait d’un monde normal, où les gens étaient normaux (c’était relatif, mais en comparaison, c’était indubitable) et ne kidnappaient pas des gens pour leur faire faire des chapeaux – car au final, elle avait été plus marquée par la folie de son ravisseur que par l’évènement en lui-même. Ce n’était pour elle rien d’autre qu’un fou furieux qui se prenait pour un personnage de contes, et même si elle avait eu une vie haute en couleur, vécu des évènements marquants et fréquentés des personnes pas forcément recommandables, tout ça, c’était une première. Mais elle s’en était relevée, et avait tourné la page. Jefferson ne lui faisait pas peur. Ce qui ne signifiait pas qu’elle avait oublié, ni pardonné, et c’était ainsi qu’elle s’était retrouvée à l’éviter autant que possible. Mais si elle lui en tenait rancune, très franchement, c’était surtout pour Mary-Margaret. Lorsque ses proches étaient impliqués, Emma avait une toute autre façon de réagir aux choses. Si cela n’avait été qu’elle, elle n’aurait pas eu un tel coup de sang en le voyant parler avec Henry. Mais elle ne supportait pas l’idée que ceux qu’elle aimait soient mis en danger, et encore moins par sa faute. C’était quelque chose qu’elle ne cautionnait pas, aussi bien chez Jefferson que Cora, Regina, Hook et tous ceux qui ne vivaient que pour leur vengeance : ils n’avaient pas peur de se salir les mains. D’impliquer des innocents. De se débarrasser de tous ceux qui se tenaient sur leur chemin, ou de s’en servir si cela pouvait les mener à ce qu’ils voulaient. En outre, elles s’en étaient peut-être sorties vivantes, mais ce n’était pas grâce au Chapelier qui se fichait probablement de leurs vies comme de sa dernière chemise. Et tandis qu’Emma comprenait le désir de revanche, elle ne pouvait définitivement pas comprendre ça.
Elle se souciait probablement plus des autres qu’elle ne l’aurait voulu. Plus qu’il n’aurait fallu en tout cas, pour son propre bien. Mais elle n’aurait pas été la fille de Snow et Charming si elle avait été autrement. Elle acceptait simplement le fait qu’ils étaient de meilleures personnes qu’elle ne le serait jamais.

Jefferson l’écouta, son sourire s’élargissant progressivement, et il lui apparut que tout cet aparté les avait dévié de leur discussion initiale, mais au fond, ce n’était plus très important : elle savait ce qu’elle voulait savoir, le reste, elle pourrait toujours le soutirer d’Henry, mais pour le moment, elle n’avait pas vraiment besoin d’en apprendre plus. Connaître les alliances et les inimités de chacun des habitants de Storybrooke était aussi vital pour elle qu’incroyablement complexe : elle commençait à se dire qu’il lui faudrait faire un schéma pour l’aider à tout visualiser, mais elle avait comme dans l’idée qu’une fois celui-ci fini, il serait rendu proprement illisible par toutes les flèches qui partaient d’un point à l’autre et qui ricochaient probablement plus qu’elle ne l’aurait voulu sur sa propre famille. Le passé de toutes ces personnes était un véritable puzzle à reconstituer – puzzle auquel elle venait d’ajouter une pièce. Jefferson était en guerre ouverte contre Cora, et avait appris son arrivée à Storybrooke. De là, il n’était pas difficile de deviner ce qu’il avait bien pu vouloir à Henry qu’il n’avait pas d’abord obtenu d’elle, d’autant que le gosse était particulièrement doué pour se tenir au courant de tout ce qui se passait, et ce en dépit de ses efforts pour le tenir un minimum à l’écart. Sa curiosité et son côté fourre-tout, en plus de l’avantage considérable que représentait le fait d’être lié aux Charmings, à la maire et à la shérif de la ville, lui permettaient souvent d’en savoir autant sinon plus sur ce qu’il se passait qu’elle-même. Il était vraiment malin. La jeune femme s’autorisa à penser qu’il devait tenir ça de quelque part, et refusa de céder cela à Neal. Il y avait probablement d’autres choses que Jeff lui cachait – elle le devinait, c’était évident – mais elle ne pouvait pas vraiment le forcer à parler s’il ne le souhaitait pas (encore que…), et elle lui avait probablement déjà assez tiré les vers du nez pour aujourd’hui. Sa principale inquiétude – Henry – étant apaisée, le reste, pour elle, passait second.
« Oh mais Swan, je ne peux pas te droguer si tu ne bois pas ce que j'ai à te proposer. Par contre, rien ne t'empêche effectivement de me donner une correction, ce que tu n'as pas fait, on peut donc dire que tu es effectivement plus... civilisée, courtoise, aimable, charmante, sociable, ouverte. Toutes mes félicitations ! »
Emma leva les yeux au ciel d’un air faussement agacé. Il ne serait pas le premier, ni le dernier, à se moquer de son caractère affirmé – car elle ne s’y fiait pas, ce joli filet de compliments était clairement tout sauf sincère. Mais si elle ainsi, c’était pour une bonne raison, et elle avait juré de ne plus jamais passer par la bonne poire, tant pis si cela devait au contraire signifier qu’elle paraîtrait revêche ou caractérielle. Et puis, pour quiconque la connaissait réellement, elle n’était pas (toujours) aussi impulsive. Heureusement, le sarcasme était un langage qu’elle comprenait bien.
« Ne me tente pas, j’ai encore une cellule de libre, si tu veux vraiment voir à quel point je peux être aimable », rétorqua-t-elle aussitôt avec un sourire faussement courtois, même si la menace était creuse.
Jefferson lui tendit soudain sa main, et la blonde ne manqua pas de noter que celle-ci tremblait légèrement. Pas de peur clairement, ni de froid vu la température douce qui régnait dans le parc, ce qui ne laissait qu’une possibilité (parkinson exclu) : son corps était en manque. Pas difficile de comprendre de quoi : il venait de Wonderland, après tout, et elle avait lu Alice au pays des merveilles, ainsi que sa suite. La conclusion s’imposait d’elle-même. Mais cela ne la regardait probablement pas non plus, et elle ne fit aucun commentaire.
« Bref. Sans rancune, Emma ? »
Son regard passa de sa main ouverte à son visage. Il semblait sincère dans sa démarche, mais le geste ne manqua pas de lui rappeler la dernière fois que quelqu’un avait lui avait ainsi tendu la main et de la façon dont elle y avait répondu. Même là, le geste lui coûtait. Il y avait dans une poignée de main quelque chose comme un serment, une promesse qu’elle n’avait qu’une envie : briser. Tout plutôt que d’accepter de s’allier à quelqu’un qui pouvait à tout moment se retourner contre elle. Tout plutôt que faire confiance et abaisser ses défenses. Le geste était pourtant inoffensif, amical, même. Mais tandis qu’Emma regardait sa main sans réagir, elle pensait à tous les scénarios dans lesquels accepter cette main tendue pouvait être une erreur. Ce qui était absurde. Il ne lui demandait rien, ne l’engageait à rien. Il lui proposait simplement de faire table rase du passé. Elle pouvait faire ça. Avec une hésitation visible, elle glissa sa main dans celle du chapelier et tandis que sa prise se refermait sur la sienne, elle dû presque lutter pour ne pas en profiter pour lui retourner le bras dans le dos, le plaquer contre le tronc d’arbre et lui mettre des menottes aux main juste pour s’assurer qu'il ne serait pas un obstacle pour elle. Probable qu’elle ne se débarrasserait jamais de tels réflexes, même si c’était triste à dire. Non, ce que cela disait d’elle était triste. Mais peut-être aussi qu’elle pouvait changer. Elle avait déjà commencé, dans un sens. Elle laissa donc sa main là, comme incertaine, une pression infime mais bien présente contre la paume du chapelier.
« Sans rancune. Mais je préfèrerai quand même qu’à l’avenir tu évites de passer par Henry si tu as des questions. Je tâcherai d’être plus… disponible. »
Une façon comme une autre de lui dire qu’elle ne le fuirait plus, mais que même si elle ne craignait pas vraiment quoique ce soit de sa part contre son fils, elle n’avait pas pour autant envie de mêler Henry à ses affaires. Elle ne pouvait peut-être pas l’empêcher de mettre son nez partout, mais ce n’était pas une raison pour lui faciliter la tâche, et elle se disait que Jefferson pouvait comprendre ça. Il était père. Il n’avait probablement pas envie d’impliquer Paige – Grace – dans ses histoires non plus. Protéger un enfant passait aussi par là. Elle lui décocha un sourire qu’elle espéra ne pas être trop crispé, mais simplement sincère. Elle voulait bien faire des efforts, à condition que cela aille dans les deux sens.
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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeVen 28 Juin - 13:58


Jefferson attendait calmement, la main tremblante au-dessus d'un vide qui le séparait du Shérif. Symboliquement il était pourtant gigantesque ; comme le gouffre qui avait dévoré la ville et défiguré ce charmant espace vert. Le Chapelier n'était après tout que comme Storybrooke, blessé. Emma hésitait. Elle n'oublierait donc pas. Il ne s'en formula pas vraiment. Déjà ses pensées s'envolaient ailleurs, tandis que seule sa paume restait connectée vers la réalité que représentait cette blonde sauvage. Cora. Danger. Manque. Grace. Résister. Vengeance. La légère pression d'une main qu'il n'entendait plus contre la sienne le ramena sur la terre ferme. L'homme gratifia alors ce geste d'un sourire fatigué tout en savourant les bienfaits d'une entente temporellement cordiale avec la jeune femme. Ils avaient déjà collaboré. Très récemment d'ailleurs. Pour venir en aide aux écoliers, à sa fille, à Henry aussi, ils s'étaient épaulés. Les lèvres du Chapelier se retroussèrent davantage pour élargir son timide sourire tandis que le Shérif rompait une nouvelle fois le silence :


    « Sans rancune. Mais je préférerai quand même qu'à l'avenir tu évites de passer par Henry si tu as des questions. Je tâcherai d'être plus… disponible. »

De la bouche d'une femme aussi caractérielle qu'Emma Swam, ces mots n'étaient pas une préférence mais plutôt une condition à une éventuelle cohabitation sans accrocs. Elle restait une mère après tout. Une mère inquiète pour son fils. Il ne lui ferait rien. Et ne lui parlerait pas plus que nécessaire. Elle pouvait se rassurer. Il avait à présent d'autres chats à fouetter, dont une certaine maléfique vieille peau. Une mission particulièrement prenante pour la sécurité de tous et ses intérêts personnels aussi. Jefferson ne croyait pas à la générosité totalement désintéressé. La pure charité n'existait pas. Comme Rumpelstinskin se plaisait à le lui rappelait, tout avait un prix. Même l'amitié n'était qu'une condition pour parer la solitude. Le Chapelier retira doucement sa main de l'empoignade, ayant jugé le contact suffisamment long. Il n'aimait pas trop être touché par d'autres personnes et encore moins une femme autre que la sienne. Aussi reprit-il sur un ton plus distant et conventionnel :


    « C'est entendu, Shérif, je laisserai votre petit. »

Nouvelle saute d'humeur. Il ne consentait pas à un véritable effort après tout. Il avait déjà tous les renseignements qu'il souhaitait. Il appréciait peut être un peu la compagnie du petit dont l'insouciance lui rappelait la sienne à son âge. Henry était un esprit naïf et vif à la fois. Il ne jugeait pas. Mais surtout, c'était un camarade de Grace. Le Chapelier ajusta fébrilement son foulard tandis que le vent se levait. Des nuages se profilaient déjà à l'horizon.
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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeVen 28 Juin - 22:07


Il était encore moins facile à suivre qu’il n’en avait l’air, et ce n’était pourtant pas peu dire, considérant ce par quoi Emma était déjà passée avec lui. Il n’était, elle le savait, pas quelqu’un de fiable. Et ce n’était pas tant une question de confiance (elle avait toujours du mal à accorder sa confiance, mais elle venait de lui serrer la main en gage de paix, pour elle c’était déjà un grand pas) que de… stabilité. Oui, voilà, il n’était tout simplement pas stable. Et elle avait comme dans l’idée qu’il n’y avait pas que la drogue en cause. Mais on l’appelait bien le Chapelier Toqué, après tout. Il avait passé vingt-huit ans avec la dualité de ses deux identités se battant l’une contre l’autre. Et sa tête avait été coupée. Cela pouvait expliquer des choses. Elle supposa que pour avoir les détails, à défaut de pouvoir lui demander carrément (elle en avait probablement assez fait pour aujourd’hui et se lassait sérieusement des interrogatoires), il lui faudrait un jour lire le livre d’Henry de bout en bout, et elle se promit, une fois de plus, mais pas la dernière, qu’elle s’y plongerait dès qu’elle aurait quelques petites minutes pour elle (pas avant longtemps, lui souffla une voix, mesquine, dans sa tête).

Il lui accorda un léger sourire en sentant la pression de sa main contre la sienne, puis rompit rapidement le contact. Amusant, de la part de quelqu’un qui, lorsqu’il l’avait… "fait venir" chez lui, n’avait cessé d’empiéter sur son espace personnel. Elle se souvenait encore du fourmillement dans sa nuque quand il s’était penché vers elle pour souffler à son oreille qu’elle était la seule à pouvoir faire fonctionner son fichu chapeau. C’était habituellement elle qui détestait la proximité physique et les contacts rapprochés qui ne s’apparentaient pas à une déclinaison du genre elle bottant les fesses d’un quelconque voyou, mais il fallait dire que cette réticence avait été sacrément mise à mal depuis son arrivée à Storybrooke. Presque personne ici ne savait tenir ses distances. C’était dans ces moments là qu’elle affectionnait tout particulièrement Gold.

Mais il se fit bien vite distant, reprenant une attitude plus froide et contrôlée en lui répondant d’une façon qui ne lui plût pas vraiment pour une raison qu’elle ne pouvait expliquer :
« C'est entendu, Shérif, je laisserai votre petit. »
Emma poussa un soupir entre agacement et réelle fatigue, le genre de soupir qu'elle aurait réservé à un enfant difficile. Elle n’avait pas vraiment envie de jouer à ce genre de jeux, pas maintenant, pas ici, pas avec Jefferson, ni dans aucun autre contexte en vérité. Elle voulait rentrer en compagnie d’Henry, leur préparer deux chocolats chauds à la cannelle et s’installer devant la télé à regarder les quelconques dessins-animés qui passaient, rire avec lui comme le ferait une mère normale, sans se soucier d’une ville à sauver ou de grands méchants à éliminer, elle voulait laisser ça aux super-héros du petit écran, et juste passer du temps avec son fils, rattraper, si c’était possible, les dix années perdues. Etait-ce trop demander ? Pourquoi fallait-il que quelque chose d’aussi simple et banal devienne chez elle un remake de Mission Impossible sans Tom Cruise pour tout faire à sa place ?
« Jefferson… je ne t’interdis pas de l’approcher ni de lui parler. Juste… de le laisser en-dehors de tout ça. Il grandit déjà trop vite pour son âge… Je veux simplement le préserver autant que possible, je suis sûre que tu peux comprendre ça. »
Elle lui parlait de parent à parent, elle faisait appel à cet instinct de protection qu’il avait sûrement lui aussi pour sa fille ; c’était peut-être facile, mais elle ne voyait pas d’autres moyens de lui faire comprendre son point de vue. Lorsqu’ils s’étaient alliés dans l’école, ils l’avaient fait pour leurs enfants également, pourquoi cela devrait-il changer maintenant ? Et puis Grace et Henry semblaient bien s’entendre, ils leur devaient bien d’en faire autant. Henry semblait apprécier la compagnie du Chapelier, et de son côté, elle était presque certaine qu’il ne ferait pas de mal à son fils, précisément parce que c’était un enfant – mais peut-être se trompait-elle. D’une façon ou d’une autre, elle craignait plus de gâcher l’enfance de son fils en le mêlant à toutes sortes d’intrigues complexes et dangereuses qu’autre chose. Et elle avait peur d’avoir déjà échoué dans cet objectif de l’en tenir éloigné. En somme, elle ne voyait pas de problèmes à ce que Jefferson passe du temps avec lui, sous condition qu’il ne le fasse pas dans son dos à elle, et ne tente pas de le mêler à tout ça.

Elle réprima un frisson en sentant le vent se lever. Le ciel se couvrait doucement, faisant disparaître peu à peu les derniers rayons du soleil d’une journée qui avait été pourtant belle. L’intuition d’Emma ne put s’empêcher d’y lire de sombres présages du futur. Elle espéra que ce n’était qu’une impression un peu hasardeuse de sa part.
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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeVen 9 Aoû - 14:49


La messe était dite. Pas besoin qu'elle fusse annoncée en latin. Emma Swan était formelle. Elle ne souhaitait pas que le Chapelier s’immisce dans sa vie privée pour dénicher quelques informations. En résumé : ne pas toucher à Henry. Jefferson ne pouvait que trop bien comprendre ce sentiment d'inquiétude que partage tous les parents un jour ou l'autre. Cet ami est-il bien pour mon enfant ? Mon fils est-il en sécurité avec lui ? Je ne veux que le bonheur de ma fille… La psychologie parentale en quelques secondes. Même lui pouvait le comprendre. Pourtant, le shérif dans le cadre de sa fonction ne lui fermait pas totalement sa porte. S'il avait besoin d'informations, elle promettait de se montrer plus encline à lui en apporter, ou, tout du moins, ne pas le rejeter systématiquement. Mentait-elle ? Ou alors était-elle vraiment convaincue qu'elle réussirait à s'allier avec un homme qui avait su, l'espace d'une soirée, lui faire vivre une sorte de cauchemar éveillé. Au fond, pensait-elle vraiment passer au-dessus de tout ça ? Qui pourrait ignorer une crainte ou un dégoût aussi prononcé. Un mal pour un bien. Le Chapelier avait pensé bien agir à l'époque en l'obligeant à croire. Bien agir... dans son seul intérêt bien sûr ! La ville n'avait qu'à se débrouiller.


    « Jefferson… je ne t’interdis pas de l’approcher ni de lui parler. Juste… de le laisser en-dehors de tout ça. Il grandit déjà trop vite pour son âge… Je veux simplement le préserver autant que possible, je suis sûre que tu peux comprendre ça. »


Jefferson comprenait bien cela. Le shérif était avant tout une mère en apprentissage dans ce nouveau rôle et elle ne voulait certainement pas mal fait dans le reste de l'éducation qu'elle se devait à ce titre lui apporter. Henry était un enfant très vif pour son âge et il avait, aux dires de certains, la fâcheuse tendance à se mettre dans le pétrin, pensant bien faire, et, le plus souvent réalisant ce qu'il fallait effectivement accomplir. Il n'avait même pas hésiter à se sacrifier et mangeait un chausson aux pommes empoisonné destiné à sa mère. L'homme sourit, l'air songeur. Ce petit garçon lui rappelait ses premières explorations, la découverte du chapeau et son premier voyage à Wonderland. Bien entendu, il se garda le luxe de ne pas révéler que le dit poison, Regina l'avait obtenu grâce à lui. Il finit par couper court à ses réflexions. Trop penser ne lui seyait guère.


    « Je comprends parfaitement. Et je ne le mettrais jamais dans une combine qui pourrait lui nuire, susurra-t-il en observant le manège du garçon installé dans la voiturette jaune. »


Henry avait visiblement échangé sa place pour celle du conducteur, bien plus intrigante et donc intéressante pour un enfant de son âge. Il devait sans doute être en train de chercher le fonctionnement de tel bouton ou de telle manette. Peut être réussirait-il même à enlever le frein à main et laisser dégringoler la voiture le long de la rue en pente… Jefferson s'inquiéta et focalisa davantage son attention sur le véhicule. Finalement, il en émana simplement un son strident de vieux klaxon. Tous les enfants aimer les klaxons.


    « Je crois qu'il s'impatiente, trancha-t-il finalement, soulagé. Je te souhaite une bonne journée. Mes amitiés à Henry et à Ms Blanchard. »


Hypocrisie ou véritable effort de courtoisie ? Dans tous les cas, le Chapelier la salua poliment avant de doucement tourner les talons.

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MessageSujet: Re: [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson [Terminé] I'm not crazy... or am I? ∞ PV Jefferson Icon_minitimeDim 11 Aoû - 19:26

Peut-être parce qu’elle-même savait démêler le vrai du faux et qu’elle détestait qu’on lui mente, Emma Swan s’efforçait de rester honnête autant que possible. Elle ne faisait pas de promesses qu’elle savait ne pas pouvoir tenir, et ne mentait que lorsqu’elle l’estimait réellement nécessaire. En revanche, elle était plus prompte à cacher des choses, et plus habile à ce jeu là également. Mais en l’occurrence, elle était sincère en proposant à Jefferson de se montrer moins distante avec lui. Elle n’oublierait jamais ce qui s’était passé, mais il était plus facile pour elle de pardonner quelqu’un qui l’avait kidnappé dans l’espoir de récupérer sa fille, que quelqu’un qu’elle aimait et qui l’avait trahie et abandonnée. Encore une fois, la donnée dans cette équation qui la gênait le plus, c’était Mary Margaret. Il n’avait pas eu besoin d’elle, tout comme il n’aurait pas dû avoir besoin d’Henry. C’était dans les deux cas la crainte de son manque de coopération qui l’avait forcé à trouver un « back-up ». Un plan B. Dans un sens, la meilleure façon pour elle de s’assurer que Jefferson ne tenterait rien contre sa famille, c’était bien de cesser de le repousser. Elle était shérif, après tout. C’était son boulot d’être disponible, d’aider les citoyens comme elle le pouvait. Mais elle faisait aussi la part des choses entre vie professionnelle et vie privée. Jefferson était venu chercher des informations qu’elle n’avait pas eu l’intention de divulguer à qui que ce soit, lui ou un autre. Oui, cela concernait tous les habitants de Storybrooke, mais à quoi bon les affoler inutilement ? Ils étaient bien assez occupés à réparer les dégâts occasionnés par le tremblement de terre, et pour le moment il ne s’était rien passé d’autre de notable. Non pas que le tremblement ne le fut guère, mais Emma avait été convaincue par Gold qu’il ne s’agissait pas d’un coup de Cora ou Regina. D’une façon ou d’une autre, tant qu’elle n’en saurait pas plus, il était inutile de se mettre dans tous ses états.
Elle préférait s’occuper de ce dont elle pouvait, et en l’occurrence, cela désignait avant tout Henry. Henry qui n’était pas exactement le genre d’enfant à rester les bras croisés en regardant tout le monde s’agiter autour de lui, en particulier quand il était question de le protéger. Et c’était pour ça, plus que tout, qu’il lui fallait le protéger.

Jefferson eut un sourire absent en dirigeant son regard vers sa coccinelle jaune, et elle le suivit, observant son fils se glisser habilement entre les sièges pour prendre la place du conducteur. La jeune femme n’était pas vraiment inquiète pour autant : il n’avait peut-être que dix ans, mais il était intelligent et étonnamment mature pour son âge. Elle n’oubliait pas pour autant que c’était encore un enfant et avait plus que tout le désir de ne pas lui voler cette enfance, de ne pas la gâcher comme la sienne l’avait été à vouloir grandir trop vite et se prendre sous sa propre responsabilité. Elle retourna son attention vers le chapelier qui répondit enfin à sa demande :
« Je comprends parfaitement. Et je ne le mettrais jamais dans une combine qui pourrait lui nuire. »
Il avait une façon de prononcer ces mots, presque avec détachement et ironie, qui n’était pas franchement rassurante, il fallait bien l’admettre, mais Emma ignora cette impression, persuadée que ce n’était là qu’un jeu pour Jefferson qui clairement aimait à la provoquer sur son instinct maternel. Un soudain bruit de klaxon dans son dos la fit esquisser un sourire à son tour. Il y avait une innocence dans les jeux d’enfants qu’elle ne se souvenait pas avoir connue, et cela la rendit vaguement nostalgique. Elle se tourna une nouvelle fois vers sa voiture, prenant le klaxon comme un rappel à l’ordre, et d’un signe de la main indiqua à son fils qu’elle n’en avait plus pour longtemps et qu’elle allait le rejoindre rapidement.
Jefferson, se faisant probablement le même constat, fut le premier à conclure la conversation :
« Je crois qu'il s'impatiente. Je te souhaite une bonne journée. Mes amitiés à Henry et à Ms Blanchard. »
Une fois de plus, ses mots, malgré leur courtoisie (ou peut-être à cause d'elle) semblaient teintés d’une certaine moquerie, mais une fois de plus, Emma n’y prit pas garde. Elle avait envie de le croire, mais s’il tentait quoique ce soit malgré tout, il avait plutôt intérêt à en assumer les conséquences. Elle acquiesça doucement tandis qu’il tournait déjà les talons sans attendre de réponse de sa part, murmurant presque pour elle-même :
« Merci… bonne journée à toi aussi… chapelier. »
Elle resta là quelques secondes, immobile, puis elle l’imita et rejoignit sa voiture en quelques enjambées pour y retrouver un Henry tout excité l’assaillant de questions et de commentaires. Lui faisant gentiment mine de se décaler sur le siège passager, elle s’installa et fit démarrer la voiture, non sans jeter un dernier regard à Jefferson dans son rétroviseur alors qu’elle effectuait un demi-tour, direction la maison.
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