Tôt le matin, les clients n’envahissaient pas encore l’établissement de Granny. C’est la raison pour laquelle Regina s’y était rendue pour prendre son café avant d’aller travailler. Par habitude, elle s’était levée à l’heure à laquelle elle se réveillait toujours pour préparer Henry avant d’aller à l’école. Mais hélas, le petit garçon ne vivait plus avec elle depuis un moment. Elle avait donc du temps devant elle avait de se rendre à la mairie et en avait profité pour s’acheter un café chez Granny. Elle avait le cœur lourd de s’y rendre seule : son bébé lui manquait terriblement. Lorsqu’Emma et Mary-Margaret avaient disparu à travers le portail qu’elle avait créé, son fils était allé vivre avec son grand-père. Et même lorsque Regina avait affronté Gold pour les faire revenir à Storybrooke, Henry n’était pas revenu vers elle. Préférant dormir chez sa mère biologique, il était parti avec elle en adressant à peine un regard à celle qui l’avait élevé. Cela avait énormément blessé la jeune femme de voir qu’il lui préférait une inconnue, et elle l’avait encore aujourd’hui en travers de la gorge. La colère montait en elle à chaque fois qu’elle voyait Emma ou ses parents, mais elle tachait de se contenir pour montrer à Henry qu’elle était réellement en train de changer. Ce n’était pas évident pour elle mais elle voulait remonter dans l’estime de son petit prince. Bien sûr, elle ne supportait pas Mary-Margaret et David, elle n’avait jamais pu se les encadrer, mais avec Emma, la situation était probablement en train de changer. Elle avait fait l’effort de l’inviter à la fête de son retour chez Granny, montrait qu’elle avait foi en elle et en son désir de changer de bord. L’ancienne reine n’avait aucunement l’intention d’intégrer la jolie famille des Charming, mais c’était un premier pas vers le trou où ils enterreraient la hache de guerre. D’ailleurs ils lui devaient une fière chandelle car elle avait épargné la vie de la mère et de la fille à la sortie du portail magique. Le plan avait d’abord été de poster un sortilège mortel à la sortie du portail pour éliminer Cora. Gold était persuadé qu’elle franchirait le passage entre les mondes la première et il avait communiqué ses angoisses à la belle brune. Regina ne craignait pas sa mère, cela faisait longtemps qu’elle ne la terrifiait plus. C’était plutôt d’elle-même qu’elle avait peur et de la faiblesse que représentait l’amour qu’elle portait à sa génitrice. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle elle avait attenté plusieurs fois à sa vie, mais sans succès, visiblement. Mais Cora n’était plus sa seule faiblesse désormais, elle avait aussi Henry et elle était prête à tout pour regagner l’amour de son petit homme. Seulement voilà, pour l’instant les Charming formaient une énorme barrière entre elle et son petit prince.

En parlant de barrières, Regina se heurta justement à l’une d’entre elles lorsqu’elle s’approcha pour prendre son café au comptoir. Une petite brune aux cheveux courts et au regard pétillant lui faisait face, sa commande à la main. Regard qui ne cessa d’ailleurs de communiquer la joie de vivre lorsqu’il se posa sur la maire de Storybrooke. Même s’il s’était passé énormément de choses en 28 ans, la rancune n’avait jamais vraiment disparue entre la princesse et sa belle-mère. Bien sûr, le cœur de Daniel s’était brisé entre les doigts de Cora, mais Blanche-Neige avait actionné l’un des principaux leviers qui avaient fait basculer la jeune Regina du côté obscur. La seule raison de lui pardonner cet affront aurait été le retour de l’amour dans le cœur de la Reine, mais comme elle se l’était toujours refusé, détruire le bonheur de sa belle-fille avait toujours été sa priorité.

Et voilà qu’il y a quelques jours, l’Evil Queen avait épargné la vie de son ennemie ainsi que celle de sa fille. Tout avait été chamboulé dans ses convictions, ses agissements, et peut-être même son cœur, mais ça, il était encore trop tôt pour l’admettre. Plus que tout, Henry voulait la paix entre ses deux familles, mais la jeune femme n’en était encore qu’à ses débuts dans son processus de changement. Et grande nouvelle : elle ne pouvait toujours pas supporter sa chère princesse. Si un regard pouvait tuer, Mary-Margaret serait déjà en train de rendre l’âme sur le carrelage froid de chez Granny… Cependant Mme le maire se força à être polie avec la jeune institutrice.

- Miss Blanchard… Bonjour.

La belle brune était à son maximum, comme si en dire plus allait lui brûler la langue. Mais elle estimait que c’était déjà suffisant, elle n’était pas tenue de lui faire la conversation. Depuis qu’elle avait modifié le portail pour lui permettre de revenir, Regina n’avait pas eu réellement l’occasion de lui adresser la parole. C’était une grande première…

Avant ses heures de cours, Mary Margaret était venue boire un café chez Granny comme elle le fait bien souvent... Du moins d'ordinaire, elle boit du café, là elle pris une infusion et pour cause : Elle avait découvert la veille qu'elle était enceinte. Pour le moment c'était un secret, seul David était au courant. La jeune femme souhaitait garder cela pour eux le plus longtemps possible... Bien qu'elle était heureuse d'attendre un second enfant, elle redoutait de revivre un cauchemar semblable à celui qu'elle a vécu lors de sa première maternité.

Elle était sereine ce matin là et apaisée... du moins jusqu'à l'entrée de Régina dans le café. Mary Margaret cacha son malaise mais à la seule vu de sa belle-mère, son coeur s'emballait. Régina semblait avoir changer certes. Elle avait aidé et même sauvé Snow et sa fille récemment. Mais pouvait-on lui faire confiance pour autant ? La jolie brune en doutait. Elle redoutait surtout que cette dernière découvre sa grossesse d'une façon ou d'une autre et qu'elle s'en sert contre elle.

- Bonjour Régina.

Mary Margaret décida de s'approcher de Régina pour la remercier de ce qu'elle avait fait. Elles ne s'étaient pas revues depuis le retour de Snow et Emma de l'autre monde. Aussi des remerciements étaient de rigueur. Et puis la jolie brune se disaient qu'il valait mieux être aimable pour essayer d'enterrer la hache de guerre.

- Je n'ai pas encore eu le temps de vous remerciez depuis que je suis rentrée. Merci de nous avoir sauver la vie à moi et à ma fille.

Mary Margaret pouvait se douter que Régina l'avait sauvé elle et sa fille pour Henry. Elle aimait ce petit garçon, ça elle l'a bien compris et même si ça l'avait arrangé, l'ancienne méchante reine ne pour pouvait laisser mourir la mère biologique et la grand-mère d'Henry, il ne lui aurait jamais pardonné. Finalement grâce à lui, Régina devenait une meilleure personne. Elle réussissait à aimer quelqu'un et à prendre en compte ses sentiments. C'était un grand pas pour elle. Pourvu qu'elle continue ainsi...

- Je me doute que c'est pour Henry mais quoi qu'il en soit, je vous en remercie sincèrement.

Snow se sentait mal à l'aise face à sa belle-mère même si elle tentait de le cacher. C'était la première fois qu'elle l'a voyait depuis qu'elle était enceinte et elle ne pouvait s'empêcher d'avoir le coeur qui s'emballe. Elle essaya cependant d'être un minimum courtoise pour essayer de maintenir une certaine paix dans la famille, surtout vu l'évènement à venir.

- Henry parle beaucoup de vous depuis notre retour. Il est très fière de vous et de ce que vous avez fait.

D'un coup, la jeune femme fut prises de nausées matinales et du coup courir d'urgence aux toilettes. C'était bien le moment. Régina allait croire que Snow voulait la fuir alors que pour une fois, ce n'était pas le cas.

- Veuillez m'excuser !

Elle revient une dizaine de minutes plus tard l'air un peu mal mais faisait bonne figure. Avec un peu de chance, Régina ne poserait pas de questions.

Le cœur de la reine rata un battement lorsqu’elle entendit Snow prononcer le nom de son fils. Apprendre qu’il parlait d’elle en bien alors qu’elle n’était pas dans les parages lui réchauffait le cœur. Finalement, peut-être que l’amour qu’elle portait à son petit prince était réciproque ? Cela la soulageait aussi que sa belle-fille le permette et qu’elle le lui répète. Les Charmings ne semblaient rien faire pour l’empêcher de voir ou parler de sa mère après tout le mal qu’elle avait pu leur faire. C’était ce que faisaient les gens bien… Regina se rendit compte qu’elle avait fait tout le contraire depuis qu’Emma était revenue dans la vie d’Henry, et c’est ce qui l’avait éloigné encore plus d’elle.

Tout en parlant d’Henry, Snow se mit à pâlir et la tension monta d’un cran. Regina se demanda pourquoi car jusque-là, elle n’avait rien fait de mal (pour une fois). Elle n’avait pas cherché à jouer avec ses nerfs ou à la provoquer directement, alors pourquoi sa belle-fille était-elle en train de paniquer ?

- Snow ?

Avant qu’elle n’ait pu faire quoi que ce soit, la jeune femme s’excusa et se rua dans les toilettes pour rendre son petit-déjeuner. Intriguée, Regina avança jusqu’à l’encadrement de la porte et s’y adossa en attendant que la brune ressorte. Un sourire mauvais se dessina sur ses lèvres. Etait-ce vraiment ce à quoi elle pensait ? La famille Charming allait-elle encore s’agrandir ? Lorsque Snow poussa la porte de la cabine, Regina ne put refreiner son sourire devant l’air pitoyable et terriblement blafard de sa belle-fille. Découvrant ses dents blanches, elle laissa un sarcasme franchir le seuil de ses lèvres.

- Je n’ai pas l’habitude d’être hypocrite, mais… Félicitations !

Evidemment, cela ne réjouissait guère la reine de constater que la source de bonheur des Charming était inépuisable. Mais que pouvait-elle y faire ? Rien. Absolument rien.

Snow n'en pouvait déjà plus de ses nausées matinales qui en fait ne l'a quittait pas de la journée. Cela pouvait la prendre d'un seul coup à n'importe quel moment, comme là avec Régina. D'ailleurs elle ne se doutait pas une seule seconde que cette dernière la suivrait aux toilettes ! Blanche ne pu s'empêcher de sursauter en la voyant. Pourquoi l'a t-elle suivi ? On ne peut pas dire que Régina soit du genre à s’inquiéter de santé.

- Mais pourquoi m'avez-vous suivi ?

Mary Margaret regretta aussi tôt ce qu'elle venait de dire et se ravisa. Il valait mieux être agréable à Régina, surtout que son attention n'était surement pas mauvaise. Enfin espérons que non.

- Enfin je veux dire, il ne fallait pas me suivre, ce n'est rien... Je... Je vais bien.

Félicitations ! Ainsi Régina avait compris tout de suite ce qui se passait. La pauvre Mary Margaret qui espérait pouvoir le lui cacher sa grossesse pendant quelques mois n'a même pas pu le faire quelques jours. Il ne servait à rien de mentir à présent.

- Merci... Alors vous avez deviné ?

La jeune femme avait l'estomac qui se nouait. Elle redoutait la réaction de madame le maire.