Comme un sentiment de jalousie

Sentant son amant de plus en plus présent entre ses cuisses, la reine en profita et les mouvements de ses hanches se firent plus précis et plus langoureux. Il avait été son premier et son dernier amant – le seul ne se congelant pas pour un rien – ainsi, ils se connaissaient mutuellement par cœur. Parfois, Elsa se demandait si Kay l’avait déjà trompée, avec une servante du château par exemple ou autre,… Mais elle préférait ne pas penser à cette éventualité de peur de se faire détrôner à cause de cet art qu’elle ne maîtrisait peut-être pas aussi bien que ses congénères qui se faisaient prendre parfois pour un oui mais bien souvent pour un non.

Mais son désir ne la rendait pas aveugle et elle vit bien la vague de tristesse qui passa sur le visage de Kay malgré leur désir l’un pour l’autre. Lorsqu’il nicha son visage dans son cou, elle le serra avec fermeté et tendresse, comme pour lui faire sentir sa présence. Elle était entièrement à lui et voulait qu’il sache qu’il n’était pas que là pour son plaisir personnel pour leur plaisir mutuel et partagé. Mais ses pensées s’éloignèrent de cette tendre inquiétude lorsque le prince répondit à sa demande de lui montrer combien il la désirait en plongeant vers sa poitrine. Surprise car ne s’attendant pas à un changement d’humeur aussi vif, son souffle en fut coupé le temps d’un instant avant de laisser échapper un soupire qu’elle laissa sonore.

« Je vous désire, Majesté ? Je n'oserai pas. »

Elle éclata de rire avec son amant et prolongea le baiser avec fougue avant de se redresser et de le redresser par la même occasion en le tenant par la chemise, ne lachant toujours pas ses lèvres. Ainsi à califourchon sur ses hanches, elle le sentait tout contre et en profita pour s’appuyer un peu plus contre lui, remuant habilement des hanches avec une grande souplesse. Elle voulut se concentrer un instant sur défaire les boutons de sa chemise mais perdit vite patience et fit sauter les boutons avant de la faire tomber de ses épaules. Elle redécouvrit alors ce corps presqu’entièrement nu de ses mains gourmandes qui s’accrochaient à chaque parcelle de corps avec un désir grandissant. Pour se faire pardonner de ses mots de tantôt, elle le serra contre elle en s’accrochant à son dos et murmura à son oreille :

« Comment se fait-il que tu deviens chaque fois plus beau ? »

Elle s’amusa à le taquiner, effleurant la peau de son cou avant de passer devant ses lèvres comme un papillon inaccessible, les effleurant ou les touchant à peine avant de se reculer avec un rire des plus adorables et quand il s’avançait ses lèvres lui échappaient et les siennes venaient se poser sur sa joue ou dans son cou. Elle adorait ce jeu surtout quand le désir montait et qu’il s’accompagnait des deux côtés de soupirs pleins de frustration et d’envies. Finalement, elle s’approcha une dernière fois de ses lèvres pour lui chuchoter :

« Tu me brûles délicieusement… »

Comme un sentiment de jalousie

En vérité, il la désirait autant qu'elle pouvait avoir faim de son corps. Et elle le savait très bien. Leurs yeux n'étaient qu'un couple de miroirs jumeaux dans lesquels se reflétaient les mêmes envies, les mêmes espoirs mais aussi les mêmes frustrations qui seraient bientôt éclipsées pour ne laisser de place qu'au plaisir intense d'une nuit entre deux amants. Bien qu'ils jouiraient, leur bonheur n'en serait pas moins amoindri sans cette crainte de ne pas pouvoir posséder l'autre jusque dans son intimité la plus secrète, la plus humide aussi. Mais le temps de la redécouverte de ce beau pays était écoulé, la conquête touchait à sa fin ou plutôt l'ultime bataille commencerait sous peu. Même le farouche Mars avait succombé aux charmes de Vénus et ils s'étaient aimés. Kay de son côté succomber aux plaisirs de la chair mais gardait un cœur de glace. Il glissa doucement une main brûlante sur les bras très blancs de la demoiselle comme pour ne pas en oublier le contact doux et ferme, froid et pourtant si vivifiant. Par ce simple geste, le jeune homme cherchait à prolonger peut être une dernière fois le temps des premiers ébats qui remontaient pourtant déjà à quelques années désormais. Ils étaient alors de jeunes inexpérimentés et avaient découvrir ensemble ce plaisir nouveau et pourtant si effrayant. Pénétrer dans le corps souple d'une femme... Le prince ferma les yeux en se remémorant chaque parcelle de la chair de son amante. Il avait certes tenté l'expérience à de multiples reprises avec d'autres conquêtes pensant réveiller un jour son cœur, mais en vain. Il revenait toujours plus désireux de satisfaire sa reine, accroc aux baisers glacés qu'elle seule pouvait prodiguer, à son corps qu'il ne pourrait jamais oublier tout comme son odeur d'ailleurs ou tout simplement ses grands yeux bleus.

« Comment se fait-il que tu deviens chaque fois plus beau ? finit-elle par dire après avoir déchiré la chemise de son amant. »

Kay ne répondit pas et se contenta de sourir en se débarrassant des lambeaux de son vêtement de nuit et l'attira de plus belle contre lui, la pressant contre son son bassin brûlant. Était-il vraiment beau ? Peut être. S'en souciait-il ? Il voyait plutôt son physique comme un moyen comme un autre d'assouvir son insatiable soif de pouvoir et son besoin presque narcissique et névrotique de plaire à sa mère, son amante et sa reine. Il était son prince après tout.

« Tu me brûles délicieusement... avoua-t-elle ce qui le combla de joie. »

Il se sentait presque fiévreux comme atteint d'un autre mal, une nouvelle maladie imaginaire venue le tirailler et détraquer la chaleur naturelle de son corps. Il l'embrassa encore et encore tout en la couvrant de caresse, jouissant du feu glacé qui lui brûlait la peau quand il la touchait car c'était après tout ce qu'on entendait de lui et ce que ses instincts les plus nobles et les plus vils lui dictaient à l'unisson. Il la repoussa légèrement pour ôter le dernier rempart à leur osmose parfaite. Ils avaient besoin l'un de l'autre à un tel point qu'un nouveau délire malsain s'empara de son esprit. Elle, la lune si douce et pourtant si froide. Lui, le soleil ardant de vouloir ne faire qu'un avec elle, créer une nouvelle éclipse sous les draps de fourrures blanches qu'ils avaient maintes fois souillés. Pœbus et Pœbée, le frère et la sœur inséparable se retrouvant enfin et savourant un nouveau cosmos de plaisirs les plus naturels.

« C'est toi qui me brûles, Elsa. »

À ses mots, le jeune prince céda à l'injonction de la nature qui régissait les désirs de chaque homme et chaque femme et, toujours confortablement allongé sur le dos la fit basculer sur le côté pour reprendre le pouvoir au sein du lit nuptial tout en pressant son sexe brûlant contre l'antre de la belle comme pour l'éteindre avant qu'il ne soit trop tard. Mais le feu ne fit que s'amplifiait à mesure qu'il apprivoisait la partie qui avait tant manqué à son corps ces derniers jours. Il n'en fit pas davantage, laissant le temps à son amante de s'habituer à la chaleur nouvelle qu'il lui communiquait, à la source de vie qu'il ne tarderait pas à lui insuffler. Son cœur battait la chamade. Dans ces moments-là, il se sentait presque normal.

Comme un sentiment de jalousie

« C’ est toi qui me brûles, Elsa. »

La simple musique de son nom dans la bouche de son amant suffisait déjà à lui faire tous les effets des caresses qu’il lui prodiguait. Mais de les entendre en plus de toutes ces caresses : il n’en fallait pas beaucoup plus pour faire perdre la tête à cette jolie blonde. En lui dévorant les lèvres, elle le laissa se débarrasser du dernier morceau de tissu qui les séparait. Maintenant, plus rien de les séparait et leurs deux corps au plus beau et au plus vulnérable de leur forme étaient prêts à se recevoir, à s’attacher, à s’unir dans ce moment sublime qui ne s’était pas produit depuis bien trop longtemps ! Et Kay semblait s’impatienter ! Légère comme elle l’était, il n’eut donc pas de mal à se glisser à nouveau au-dessus d’elle et reprendre la position du dessus. Elle savait bien qu’il était trop fier pour la laisser garder ainsi le dessus sur lui… mais elle lui cédait sa place avec plaisir car elle savait que ce geste était le prélude au moment de…

« Han… »

Interrompue dans sa pensée et dans son souffle, Elsa laissa échapper un gémissement soupiré de surprise et de plaisir contre les lèvres de Kay. Elle ferma les yeux et le serra un instant contre elle en glissant ses mains dans son dos et derrière sa nuque. Etrangement, elle avait le sentiment qu’ils ne s’étaient plus unis depuis des siècles, qu’elle avait oublié à quel point cette chaleur au fond de son ventre était délicieuse. Ses lèvres s’enfuirent dans son cou et ses paupières papillonnèrent comme au tout premier jour. Elle ne bougeait plus les hanches, comme de peur de brûler trop d’étapes, appréciant que son enfant en faisait de même. Un peu comme si ce moment avait quelque chose de sacré.

Si elle avait parlé à cet instant, ce n’aurait été que pour souffler un « je t’aime » fébrile, ce qu’elle voulait à tout prix éviter. Très lentement, elle reprit ses mouvements de hanches qui l’obligèrent à entrouvrir la bouche pour laisser passer l’air qui en sortait de façon saccadée, entrecoupé de petits gémissements, à peine audibles mais bien présents. Elle voulait sentir tout le poids de son homme contre elle et nicha son visage dans son cou qu’elle couvrit de baisers. Fermement, elle le serra contre elle, ses doigts s’enfonçant dans la peau ferme de son dos sans pour autant griffer – du moins pour le moment – alors que les mouvements se faisaient plus amples pour le sentir tout au fond d’elle, plus unis que jamais. Les colères, les larmes, les caresses de plus tôt avaient presque rendus la reine hypersensible et elle sentit très vite le plaisir monter à une vitesse fulgurante, comme si chaque moment d’attente avait cumulé cette chaleur dans le bas de son ventre. Cela faisait bien des mois qu’elle ne s’était pas sentie ainsi !

Comme un sentiment de jalousie

« Han... » Il l'avait entendu ce petit cri de surprise et de plaisir. « Han... », soupir de soin triomphe sur les dernières défenses de la reine. Déjà il se sentait machinalement remuer en elle, faire danser son corps au rythme des coups de son basin contre sa chair tendre et glacée. À chaque râle qu'elle lâchait, il émanait dans le regard du jeune homme une satisfaction bien visible qui semblait crier au monde entier à quel point il était comblé et qu'il aimait triompher. Prenait-elle autant de plaisir que lui pouvait lui en voler ? Le prince noyé dans ses désirs et le feu de l'action ne le savait pas vraiment. Il caressait son corps, l'embrassait, ravi de la posséder toute entière. Elle n'était qu'à lui par le caprice de leurs deux malédictions superposées. Caprice du destin qui les avait finalement précipités au sein du même lit. Les deux amants sur le gigantesque échiquier de la vie se livraient une lutte sans merci au chacun faisait souffrir l'autre pour se sentir exister et mieux se retrouver et revivre le corps l'un dans l'autre. « Han... » Qu'elle crie la belle, qu'elle perde pied dans les bras du garçon. Il se sentait exploser d'une joie nouvelle qu'il ressentait pourtant chaque fois qu'il s'unissait ce dont il ne se lassait jamais. Ses coups se firent plus audacieux tandis qu'il oubliait la blessure de sa cuisse et sa main blessée. « Han... »

Mais Kay était-il seulement victorieux ? Lui aussi avait un souffle lourd et incertain, presque paniqué et saccadé pour suivre la force de leur étreinte. Ses lèvres tremblaient lorsqu'elles n’effleuraient pas celles d'Elsa. Il avait froid, il avait chaud, faim, soif, besoin d'elle. Il la couvrit de baiser. Il vomissait lui aussi les mêmes cris, les mêmes soupirs. Excité au plus au point par ses instincts les plus bas et les plus égoïstes il se fit plus entreprenant et plus violent. Il la regarda, un regard presque rageur et désireux de réussir. Il se perdit une énième fois dans l'océan et prit sur lui pour ne pas lui faire mal comme elle le lui avait appris. Il caressa ses cheveux en lui donnant un baiser langoureux tout en continuant à lui faire l'amour comme un homme le fait à une femme. Au creux de ce lit, il n'y avait plus de conventions sociales, plus de prince ni de reine, juste eux. Alors que son plaisir atteignait son paroxysme, inquiet d'avoir pu la blesser, il souffla doucement à son oreille : « Excuse-moi... »

Comme un sentiment de jalousie

Haletante, la reine l’était presque démesurément, comme si elle perdait les sens et que cela l’affolait. Mais cet affolement-ci était parfaitement délicieux et elle s’en délectait inlassablement. Les ongles bientôt plantés dans son dos et ses épaules  sous l’effet du plaisir incontrôlable en étaient les premiers témoins. Parfaitement coupés du monde, les deux êtres unis auraient pu voir le monde s’écrouler autour d’eux qu’ils n’auraient pas interrompu leur étreinte. Elle dévorait chaque parcelle de peau qui passait à proximité de ses lèvres. Le plaisir montait sans cesse et était d’autant plus délicieux qu’ils le gravissaient ensemble, à l’unisson.

Et enfin, le moment ultime où leurs deux corps arrivaient au sommet de leur ivresse, sans plus rien contrôler. Cet instant ou la tension de deux corps donnaient lieu à un plaisir qui était parfaitement inimaginable tant qu’on ne l’avait pas vécu. Un cri de plaisir lui échappa au moment ultime avant qu’enfin, tout son corps ne se relâche. Elle ne sentit d’ailleurs à quel point elle avait planté ses ongles dans son dos qu’au moment où la tension se relâcha. La jeune femme se mordit la lèvre.

« Excuse-moi... »

Elle eut un tendre petit rire encore haletant de plaisir car c’est exactement ce qu’elle allait dire. Elle prit doucement son visage entre ses mains et l’embrassa avant de l’enlacer en le serrant tout contre elle, tout au chaud, au creux de ses bras.

« Tu n’as rien fait mon chéri… C’est à moi de m’excuser, c’est moi qui ai planté mes griffes dans ce si joli dos. »

Passant doucement ses bras sur son dos, elle remonta le drap pour l’en couvrir, essayant toujours de retrouver un souffle convenable. Elle nicha son nez dans ses cheveux et inspira profondément l’odeur de sa tignasse un peu humide de l’effort. Elle y déposa un doux baiser tout en caressant sa nuque.

« Ca fait du bien de te retrouver… c’était trop long, tu avais raison. »

Comme un sentiment de jalousie

Ses excuses ne l'empêchaient pas pour autant de continuer ses brusques coups de reins dans le corps de sa belle. S'entant l'ultime moment de la jouissance, il s'accrocha à ses lèvres pour y inhaler le souffle glacé qu'il sentit se répandre dans tout son corps en fusion jusque son cœur aussi froid que ses lèvres. Il dansa encore un peu, le temps de quelques balancements dans les bras de la reine. Ne pouvant plus retenir la somme de sa frustration et de son désir plus longtemps, il distilla généreusement la vie en elle avant de s'étaler en un loup soupire contre l'épaule de la reine. Il lui semblait qu'elle avait elle aussi prononcé quelques propos désolés pendant l'acte qu'il n'avait relevé dans le feu de l'action. Il sentait quelques picotements dans son dos et comprit qu'elle y avait planté ses ongles si parfaits dans sa chair sous le poids du plaisir qu'il lui assénait à chaque étreinte plus prononcé qu'il lui faisait endurer. Sa mère avait repris ses modestes caresses dans ses cheveux ébouriffés et mouillés par l'effort. Il sourit satisfait de l'avoir comblé, conscient qu'elle ne se laissait aller ainsi que dans les moments où le corps de son amant pouvait la faire perdre pied complètement. Il avait peut être déjà oublié que l'amour se faisait à deux et ne se limitait pas à une performance de l'un des deux partenaires, alors qu'il savourait les draps humides comme une victoire. En réalité, il était conscient que l'acte se consommait à deux et nourrissait dans son for intérieur une grande reconnaissance qu'elle l'ait laissé partager sa couche cette nuit claire. Il n'en dit pourtant rien, trop fier et maladroit sur ce genre de choses. Il préférait en effet garder le silence, presque à feindre de s'être assoupi plutôt que de risquer un faux pas. S'il l'avait remercié, se serait-elle vexée pensant qu'il l'a prenait pour une fille du bordel du coin ? Dans son état de fatigue lancinante qui saisissait chacun de ses membres et les comblait d'une mollesse délicieuse, il n'avait nullement l'envie de risquer de la fâcher. Parfois, les mots manquaient pour exprimer des choses trop fortes que le vulgaire langage des hommes ne pouvait désigner. Son cœur glacé reprit sa raideur sévère tandis qu'il se retourna pour enlacer sa compagne espérant que ce geste serait suffisant pour ne pas le faire tomber une nouvelle fois en disgrâce.

« Ça fait du bien de te retrouver... C'était trop long, tu avais raison, avoua-t-elle finalement en première. » Kay sourit car il savait ô combien elle n'avait pas tort car elle affirmait qu'il était dans le vrai. Il ajouta posément avec une légère note d'humour dans la voix qu'il avait copié à force d'entendre Jack dire des bêtises : « J'ai toujours raison... » Même son orgueil démesuré restait pleinement conscient d'avoir au contraire les réactions les plus inappropriées en dehors du combat sur le champs de bataille. Il laissa passer un temps où il ne sut s'il s'était assoupi ou non, tant il perdait la notion du temps dans le creux de ce lit.

Il garda les yeux fermés pour ne pas risquer de lire chez Elsa une éventuelle déception qu'il n'aurait su tolérer et caressa doucement ses bras très blanc. Il rompit artificiellement le silence en lui demandant : « Tu dors ? », trahissant le fait que lui était encore réveillé. Mais, voguant entre deux états, entre le souvenir de ce moment exquis et de la fatigue après l'effort, entre une veille fatiguée et un sommeil agité par ce flots de souvenirs de ces étreintes. Il tira davantage la couverture sur eux et se laissa un peu aller au sommeil réparateur, ne cessant d'alterner entre les bras de Morphée et ceux plus froid et pourtant si brûlant de la souveraine. Il avait appris à aimer cette morsure du froid sur sa peau qui l'aidait à s'endormir lorsqu'il était encore enfant. Bientôt son souffle se fit plus long tandis que la conscience d'être dans un palais de glace avec une reine éternelle le quitta pour ne laisser place qu'au monde sordide des rêves dont on se souvenait rarement.

Comme un sentiment de jalousie

« T u dors ? »

Rien ne pouvait être plus loin de la vérité à cet instant précis. La jeune femme – enfin de corps, du moins – se sentait terriblement bien au creux de ses bras et voulait en profiter chaque seconde, quitte à veiller toute la nuit pour pouvoir en profiter. Comment avait-elle pu avoir une vie si pas heureuse, simplement satisfaisante, sans cette tendresse, sans cette fougue et se plaisir. Si elle avait un jour vécu sans, il ne lui semblait plus imaginable de le perdre. Ainsi, la simple idée du vieillissement et ultimement de la mort de son enfant et aimé lui était impossible à imaginer. Ce n’était tout simplement pas possible qu’ils soient un jour séparés. Jamais. Malgré elle, cette pensée la fit quelque peu resserrer ses bras autour de lui, toujours avec une immense tendresse et une tendance claire à vouloir le protéger de ses bras glacés. Elle vint appuyer ses lèvres contre sa tempe et chuchota enfin pour lui répondre :

« Non je ne dors pas… mon soleil… »

Glissant dans les draps, elle descendit à sa hauteur pour ne plus avoir simplement le menton sur le haut de sa tête. Elle se serra tout contre lui et le regarda : leurs nez se touchaient presque. Glissant ses doigts sur sa joue, elle regardait ses paupières fermées mais ne s’agitant pas moins pour autant. Ses doigts continuèrent leur parcours sur son visage, le long de son nez, sur ses yeux et son front, se plongeant dans ses cheveux et les peignant. Il était son soleil, comment avait-elle pu oublier ce surnom qu’elle lui avait donné si longtemps auparavant, quand il venait à peine d’arriver dans sa vie et qu’il la faisait rire – souvent malgré lui. Elle le prenait alors sur ses genoux en l’entourant d’une fourrure bien chaude et lui chuchotait « tu es mon soleil ». Ce soir, comme par magie et le plus naturellement du monde, ce surnom venait de revenir à la charge et elle en fut émue même si Kay ne l’avait sans doute même pas entendu.

En effet, elle sentait déjà que sa respiration s’approfondissait et elle lui vola un doux baiser avant d’appuyer son front contre le sien et de chuchoter, convaincue qu’il ne l’entendrait pas :

« Je t’aime. »

Elle se tourna ensuite de dos pour le glisse contre le torse de Kay et se sentir ainsi chaleureusement en sécurité car malgré son apparente faiblesse en comparaison avec elle, elle se sentait en sécurité au creux de ses bras. Il la rassurait bien plus qu’il n’aurait jamais voulu l’avouer. Elle s’entoura de ses bras et vérifia qu’ils étaient bien couverts pour qu’il n’ait pas plus froid que cela n’était nécessaire, après tout il avait eu des accès de fièvre à peine plus tôt.