Regrets [Jefferson]

InformationsMessages : 23 Date d'inscription : 12/02/2014

Devant le portail de l’école, Regina regardait Henry rejoindre ses camarades de classe pour jouer un peu avec eux avant le début des cours. D’ordinaire, le petit garçon prenait le bus, mais ce matin-là la jeune femme avait insisté pour le conduire à l’école. Cela faisait plusieurs jours que la brune n’utilisait plus la magie et faisait des efforts pour son fils, elle le lui avait promis. Et de cette façon, cela leur avait permis de renouer des liens. Henry avait même demandé à dormir chez elle la veille. Regina s’en était trouvée agréablement surprise car depuis que le sort avait été brisé, il avait passé tout son temps chez Emma en compagnie de Mary-Margaret et David. Son petit prince lui revenait peu à peu, et la jeune femme s’était fait la promesse de ne plus jamais régresser au stade précédent. Depuis qu’il avait lu le livre de son institutrice, Henry s’était considérablement éloigné de sa mère adoptive et la situation n’avait fait qu’empirer lorsqu’il était revenu de Boston avec Emma. Mme le maire avait tout fait pour l’éloigner en utilisant les pires coups bas dont elle était capable, mais sa rivale avait tenu bon, lui faisant comprendre qu’elle n’arriverait à rien en se comportant de la sorte. Ainsi donc, Regina avait changé, s’efforçant de redevenir la mère attentionnée et tendre qu’elle avait toujours été.

C’est d’ailleurs avec un petit pincement au cœur qu’elle vit sa progéniture s’éloigner. Tout d’abord parce que les heures passées à l’école étaient des heures en moins passées avec lui. Mais elle avait également peur qu’Emma vienne le chercher en fin de journée et qu’il la suive pour reprendre sa vie avec elle. Etre séparé de son enfant était en fin de compte la pire chose qui puisse arriver à un parent… A peine cette réflexion effleura les pensée de la Reine qu’elle se matérialisa devant ses yeux en la personne de Jefferson. Le chapelier se tenait à quelques mètres des grilles, regardant la cour d’un air triste. Sa fille chérie était en train de jouer avec ses amies sans savoir que son père l’observait, une larme au coin de l’œil. Jefferson était sans doute la personne qui avait le plus souffert de la malédiction car ses souvenirs n’avaient pas été effacés et la perte de sa fille hantait toujours sa mémoire. Et même maintenant, alors que le sort avait été brisé, il n’osait pas revenir la chercher. Angoissé et torturé par la culpabilité de l’avoir abandonnée, il avait peur de sa réaction.

Subitement, Regina se surprit à s’apitoyer quelque peu sur son sort. Elle n’avait pas été tendre avec lui toutes ces années durant, probablement pour lui faire payer le fait que ni lui ni le docteur Frankenstein n’avaient réussi à faire revenir Daniel. Mais elle y avait été un peu fort en le forçant à conserver sa mémoire d’avant, et cette torture le rongeait encore aujourd’hui. La Reine ne comprit pas le malaise qui l’envahissait de façon croissante, elle qui avait pour habitude de ne jamais rien regretter, elle se mit à imaginer quelle aurait été sa réaction si elle avait été à la place du chapelier. Cela l’aurait très certainement brisée…

Elle s’approcha alors lentement du jeune homme, les mains enfoncées dans les poches de son trench noir. Le parking était presque désert à l’heure qu’il était, mais Jefferson était resté là, à regarder le bâtiment où s’était engouffrée sa fille pour aller en classe. A présent, seul le bruit des talons de la jeune femme qui résonnaient sur le bitume envahissait l’espace. Elle l’appela tout doucement pour le tirer de sa rêverie.

- Pourquoi as-tu si peur de faire le premier pas ?

Consciente qu’il allait prendre cela pour une manipulation de sa part, la jeune femme enchaîna sans plus tarder.

- Il y a dans cette école une petite fille qui cherche son papa et je sais que tu es aussi malheureux qu’elle. Tu pourrais la rejoindre et être enfin heureux. Tu sais… je tenais à m’excuser. Pour tout.

C’était difficile à dire, mais la jeune femme c’était forcée à le faire. Au fond, elle avait utilisé Jefferson comme un pion pour entrer à Wonderland et l’avait livré indirectement à sa mère. Son sort avait été cruel, elle le réalisait à présent, car une fois séparé de son enfant il ne reste aucune raison de vivre.

Informations. : Messages : 1489 Date d'inscription : 26/02/2013

Regrets.

Je ne marche plus dans tes combines.

La petite fille courait joyeusement dans le cour de recréation. Un petit garçon venait de la rejoindre et, après une brève conversation des plus amicales, leurs deux silhouettes avaient finalement disparu dans l'école. L'heure de la pause était terminée, les choses sérieuses reprenaient. Jefferson soupira, tant le plaisir de cet instant fugace où il pouvait voir sa fille en cachette. Il ne se passait pas un seul instant sans qu'il regretta amèrement le temps où ils vivaient tous les deux dans une paisibles chaumières aux abords de la Forêt Enchantée. Le gamin qui l'avait appelé pour retourner en classe lui semblait être le fils adoptif du maire. Un bon petit gars, pas mauvais bougre et avec une imagination débordante, un peu comme lui lorsqu'il était lui-même un enfant. Dans le fond, le Chapelier l'appréciait et se sentait rassuré que sa chère Paige puisse le compter parmi ses amis. Mais il ne pouvait pas non plus s'empêcher en voyant le garçon à son horrible mère adoptive, celle qui avait détruit sa vie plusieurs fois : Regina Mills ! Elle l'avait d'abord trahi et lâchement abandonné à Wonderland aux griffes de la sordide Reine de Cœur l'éloignant une première fois de sa fille ; et, alors qu'il aurait pu espérer la retrouver après sa fuite de Pays des Merveilles, elle avait lancé sa terrible Malédiction et privé la fillette des souvenirs de son père. Jefferson soupira de plus belle et serra les barreaux de la cour de l'école fissurée face à ces douloureux et amers souvenirs.

« Pourquoi as-tu si peur de faire le premier pas ? Il y a dans cette école une petite fille qui cherche son papa et je sais que tu es aussi malheureux qu’elle. Tu pourrais la rejoindre et être enfin heureux. Tu sais… je tenais à m’excuser. Pour tout. »

La prise que l'homme avait sur le fer des barreaux se fit plus intense comme s'il aurait voulu les tordre sous le poids d'une colère inapaisée. Madame le Maire, la Méchante Reine, Regina, celle qui avait détruit sa vie se trouvait juste derrière lui à jouer les compatissantes. Il s'accrocha le mieux qu'il put au contact froid du métal contre sa peau pour ne pas perdre pied et sombrer dans une folie mélancolique qui le menaçait tant cette voix lui rappelait de mauvais souvenir et le poussait à vouloir se venger. Il aurait voulu effectivement travers l'imposante grille et courir sur le bitume lézardé pour emmener sa fille loin de cette ville et de cette femme dangereuse. Au lieu de ça, il garda les pieds fermement plantés dans le sol et ne daigna même pas se retourner pour faire face à l'intruse. Sa vie avait était morcelée, détruite, elle ne méritait nullement son pardon et ces propos l'auraient presque fait rire s'ils n'avaient pas été tenus par ce genre de personnage.

« Je ne vois pas te quoi tu veux parler. Je n'ai rien à te dire et aucune envie de faire à nouveau affaire avec toi, trancha-t-il froidement. Tu devrais aller te trouver un nouveau larbin. Je ne marche plus dans tes combines. » Son ton était en effet des plus glacials et n'exprimait aucune sympathie envers la jeune femme. Il nourrissait même secrètement, dans son cœur meurtris, le souhait de tuer une aussi mauvaise personne. Ses excuses étaient comme entrées dans l'oreille d'un sourd tant les plaies de sa douleur étaient encore béantes dans son esprit torturé. Lui parler de Grace était-il un nouveau moyen pour le faire chanter et agir selon son bon vouloir ? Il grinça des dents face à cette plausible éventualité. Jefferson n'avait toujours pas lâché la barrière et son corps tressaillait sous les coups de la peur, de l'excitation et de la colère. Décidément, il ne trouvait rien de bon à Storybrooke.

InformationsMessages : 23 Date d'inscription : 12/02/2014

Comme elle s’y était attendue, Jefferson la rejeta. C’était tout à fait légitime, elle avait entièrement détruit sa vie dans le seul but d’organiser sa vengeance. Si elle n’avait pas été aveuglée par sa rage, à l’époque, elle serait très certainement tombée sous le charme du chapelier. Mais depuis la mort de Daniel, elle avait juré de ne plus s’attendrir de rien pour ne plus jamais être blessée. Elle avait gardé son masque froid jusqu’à ce qu’Henry entre dans sa vie et vienne réchauffer son cœur endurci par la haine. A présent que le petit prince lui avait appris la compassion et l’amour pour sa famille, une petite dose d’humanité était venue attendrir la reine. Et là, elle s’était rendue compte du cauchemar qu’avait traversé Jefferson.

Croyant qu’elle comptait à nouveau lui demander un service suicidaire, le jeune homme lui jeta sa haine au visage. Mais Regina venait lui proposer une trêve, voire même la paix. Elle ne voulait que cela à présent car le chapelier ne l’avait jamais laissée indifférente et mine de rien, le voir souffrir l’affectait. Il lui renvoyait la douleur qu’elle vivait en ce moment lorsqu’Emma lui reprenait Henry pour quelques jours. Elle s’approcha un peu plus près et vint s’adosser à la grille aux côté de Jefferson.

- Tu sais parfaitement de quoi je veux parler… C’est la même douleur qui me ronge aujourd’hui. C’est sans doute ma punition pour avoir gâché la vie de tous les habitants de notre royaume. Je ne veux pas te proposer de marché ou te demander une faveur, je n’ai pas besoin de tes services.

La jeune femme inspira avant de poursuivre. Dieu, que c’était difficile de redevenir quelqu’un de bien… Elle voulut poser une main sur son bras, comme elle l’aurait fait autrefois pour le convaincre et le manipuler. Mais elle choisit de s’abstenir, Jefferson n’était plus sa marionnette désormais, elle ne le voulait plus.

- Je suis simplement venue te présenter mes excuses. Même si tu ne les excepte pas, je voulais que tu sache que je regrette ce que je t’ai fait.

La jeune femme jeta un regard vers le bâtiment où étaient en train d’étudier leur progéniture. Dans un soupir, elle reporta son attention vers le chapelier. Parler d’enfant lui faisait toujours un petit pincement au cœur, comme pour lui rappeler ceux qu’elle n’aurait jamais. Une partie de son âme était partie le soir où elle avait perdu Daniel, en même temps que l’espoir de fonder une famille. Et même si elle avait Henry, elle savait qu’il n’était pas réellement son fils. D’ailleurs, il ne lui appartenait plus depuis qu’Emma avait mis les pieds à Storybrooke… Elle savait à présent ce que cela faisait quand elle voyait son petit prince s’éloigner, et Jefferson ne le savait que trop bien. La reine déchue reprit avec un brin de tendresse dans la voix.

- Elle t’aime et elle a besoin de toi. Tu le sais aussi bien que moi, alors pourquoi l’abandonner encore à la solitude ?

Informations. : Messages : 1489 Date d'inscription : 26/02/2013

Regrets.

Tais-toi Regina...

Le monde que Jefferson s'était construit s'écroulait comme un château de cartes. Malgré toutes les sales affaires dans lesquelles il avait pu trempé, malgré tous les obstacles qu'on avait dressés sur son chemin, il se tenait encore debout. Mais, il ne concevait certainement pas son parcours avec fierté. Les épaules légèrement voûtées, la tête nouée d'un foulard pour y cacher les stigmates du passé, il y avait dans son regard fuyant la tristesse des gens dévorés par les regrets. Regina lui avait déjà joué un sale tour et avait ruiné sa vie. La Reine de Cœur avait achevé de s'emparer de sa vie tranquille en le retenant contre son grès dans un pays de fous. En contemplant la salle des fêtes qui servait à présent d'accueil pour les leçons de Mlle Blanchard, le Chapelier frémit en se rappelant combien de fois il avait failli perdre son enfant chéri. L'école s'était effondrée un beau matin alors que la terre s'était ouverte. Toute la ville portait encore les traces du séisme et ses rues étaient excessivement lézardées pour paraître vraiment accueillante. Et puis, les disparitions avaient commencé. D'abord Granny puis de plus en plus de personnes se retrouvaient séparés des leurs. L'homme venait donc dès qu'il le pouvait s'assurer que sa fille n'avait pas disparu et, c'était toujours avec le même soulagement qu'il apercevait ses nattes blondes rentrer dans le bâtiment. Puis, le chagrin le reprenait à nouveau en imaginant comment leur vie aurait pu être différente s'il n'avait pas préféré partir sans arrêt à l'aventure dans d'autres mondes au lieu de fonder une vraie famille. Comment leur vie serait-elle si Regina ne l'avait pas trahie ? Comment leur vie serait-elle si cette maudite sorcière n'avait pas jeté sa Malédiction sur tout un peuple innocent ? Elle ne le savait peut être pas encore, mais ses actes étaient plus lourds de conséquences qu'il n'y paraissait...

Rien n'allait comme prévu. Si Madame le Maire commençait à se comporter avec gentillesse avec lui, comment pouvait-il décemment avoir sa vengeance ? Qui pourrait-il haïr si on lui refusait de détester la responsable de tous ces sombres événements ? Celle-ci ne venait, selon ses dires, que pour présenter ses excuses. Elle semblait sincère, mais à quoi bon ? Elle avait détruit tant de vies... Comment pouvait-elle espérer obtenir le pardon de toute une population arrachée par la force à son pays ? Ils étaient tous des émigrés, des êtres déracinés et effrayés par sa seule faute. Et les lois du voyage entre les mondes avaient été très nettement bafouées avec cette malédiction... ! Le Chapelier se retourna pour faire face une nouvelle fois à son ancienne amie, ancienne ennemie. D'un regard plein de froideur mais sans réelle méchanceté il détailla doucement les traits de son visage. Peut être espérait-elle vraiment se repentir... Mais nul salut n'existait désormais pour les habitants de Storybrooke. Sans le vouloir, elle l'avait profondément agacé en lui parlant de sa fille et il lui répondit d'un ton peut être plus brusque que celui qu'il aurait du employer :

« Tais-toi Regina... Tu ne sais vraiment pas de quoi tu parles. Enfin si. Mais c'est plus compliqué que ça. Ça ne dépend pas que de moi... Et... Ça ne te regarde pas ! »

Pourquoi la laissait-il seule ? Il est vrai que nul ne pouvait se douter de la raison – ou plutôt des obligations – qui l'empêchaient d'agir comme il lui plaisait. Le temps des voyages insouciants était définitivement révolu et le tribu serait lourd pour tout ceux qui penseraient s'en dédouaner.

« Et pour Grace... Je ne peux pas. C'est tout..., ajouta-t-il plus fatigué que fâché. »

InformationsMessages : 23 Date d'inscription : 12/02/2014

Les traits du Chapelier avaient bien changé depuis la fois ou elle l’avait abandonné à Wonderland. Il avait bien failli y laisser sa raison et sa raison de vivre. Ses traits étaient tendus, comme s’il avait pris un coup de vieux alors que la malédiction avait arrêté le temps. L’épuisement avait cerné ses yeux de noir, ces mêmes yeux qui autrefois étaient plein de défi. Comme quoi la douleur était capable de plier les hommes les plus majestueux. Cette même douleur qui avait fait passer Regina du mauvais côté de la décence et de la loi… Comment faisait-il pour conserver son intégrité et ne pas plonger la tête la première dans le mal ? Elle aurait aimé avoir la force qui animait Jefferson, mais la vie en avait décidé autrement. Le Chapelier semblait mourir d’envie de se venger sur elle mais il était clair qu’il ne savait pas comment s’y prendre. Forcément… Son cœur n’était pas complètement entaché de vice, lui. A plusieurs reprises, il avait eu l’occasion de la tuer ou de la séquestrer comme il l’avait fait avec Emma et Mary-Margaret, mais il ne l’avait pas fait. Il avait bien essayé de monter Gold contre elle en libérant Belle, mais le Ténébreux n’avait même pas levé la main sur elle. Ordre de sa petite-amie qui avait le pardon facile, visiblement. La tentative de Jefferson avait échoué, mais avait-il vraiment souhaité qu’il s’en prenne à elle ? Regina ne savait pas pourquoi il ne pouvait se résoudre à lui faire du mal directement. En ce moment-même, il n’arrivait pas à lui cracher sa rage au visage.

Prise d’un élan de tendresse, la Reine prit le bras du Chapelier et l’entraîna doucement vers le banc qui se trouvait à quelques mètres d’eux. Ce même banc où s’asseyaient certains parents avant que la cloche ne sonne pour récupérer leur progéniture. Mais ce soir-là, ni Jefferson ni Regina ne seraient de la partie. Elle s’installa et attendit qu’il fasse de même avant de parler.

- Je sais que tu as peur d’aller la retrouver parce qu’elle t’en voudrait de n’être jamais revenu la chercher, mais...

La jeune femme prit un instant avant de poursuivre. Avouer la vérité était aussi difficile que de s’excuser.

- Elle sait que tu n’y es pour rien : à l’époque où tu as disparu, elle s’est bien doutée que tu étais parti pour moi. Et connaissant ma réputation, elle a dû comprendre que c’était moi la responsable. Si tu voyais les regards qu’elle me jette quand elle me croise dans la rue… Elle me déteste car elle sait que je suis à l’origine de votre malheur, comme de celui de tous les habitants de Storybrooke.
Instinctivement, Regina posa sa main sur celle du Chapelier.

- Je veux me racheter, Jefferson, laisse-moi t’aider. Attends-la ici avec moi ce soir et va lui confirmer ce qu’elle sait déjà. Que son papa a disparu contre gré du royaume à cause de la méchante Reine. Récupère ta fille et reprends goût à la vie ! Tu avais bien meilleure mine à l’époque où l’on s’est connus…

La voix de la Reine s’était changée en murmure. Cette période lui rappelait énormément de souffrance car elle était encore en deuil de Daniel. Mais bien des évènements étaient venus recouvrir le passé depuis. Bien plus atroces. Regina n’avait aucun intérêt à faire réunir la famille Madson, vraiment aucun. Mais elle avait la sensation que si elle parvenait à le faire, c’était un pas en avant pour devenir quelqu’un de bien. Elle voulait payer ses dettes pour son fils. Pour lui prouver qu’elle était digne de son amour. Et c’était un des points communs qu’elle avait avec Jefferson, peut-être qu’enfin allaient-ils tomber d’accord sur ce point.

Informations. : Messages : 1489 Date d'inscription : 26/02/2013

Regrets.

Je n'oublierai jamais...

La Méchante Reine semblait regretter toutes ses mauvaises actions. Elle avait en tout cas l'air de ne plus cautionner celles qu'elle avait prises et qui avait ruiné la vie de ce lui qui était devenu – par sa faute, indirectement – le Chapelier Fou. Les regrets engendraient la peine. La peine s'éteignait avec le temps. Et pourtant, le passé avait engendré le flot de remords qui dévorait le cœur corrompu des deux parents par leurs erreurs de naguère. Regina, tout en demandant le pardon l'amenait éternellement à ce qu'ils avaient fait et qui revenait à un jeu de lutte sans merci où l'un avait commençait à faire souffrir l'autre, et vice versa. Pouvait-il seulement accéder à la demande de Madame le Maire ? En était-il seulement capable ? Il soupira. Elle disait qu'il avait bien meilleur mine au temps de leurs premières rencontres. Jefferson chercha dans ses lointains souvenirs ces hypothétiques instants...

En ce temps-là, Regina était encore une jeune fille pure qui ne voulait pas ôter la vie aux êtres, innocents comme méchants, mais elle restait dévastée par le meurtre de son cher et tendre. Bien qu'il était plaisant d'égarer son regard dans son timide décolleté, c'était elle qui n'avait pas bonne mine en ce temps ! Pas lui ! Elle paraissait tellement désespérée... et semblait presque prête à tout pour pouvoir le ramener à la vie, même si cela revenait à défier les lois de la magie et à perdre son âme pure et généreuse. Jefferson avait même contribué à la chute de cette douceur. Rumpelstinskin avait en effet fait appel à ses services pour qu'elle pût rencontrer un certain Docteur Frankenstein dans un monde sans couleurs, tout de noir et de blanc. L'homme en question se qualifiait de scientifique et dans une étrange pièce sombre se vantait de pouvoir ramener à la vie n'importe quel cadavre suffisamment bien conservé. Il ne lui manquait qu'un cœur suffisamment fort pour réaliser son expérience. L'amoureuse désespérée avait don offert un des cœurs que sa mère gardait dissimulés dans son mausolée. Daniel n'était pas pour autant revenu à la vie. Tout avait échoué... Du moins en apparence. La destruction des espoirs de la belle reine devait la conduire à sombrer davantage dans des recoins bien noir au fond de son cœur. C'était l'unique but de Rumpelstinskin et la mission qu'il avait confié au Chapelier qui l'avait réalisé sans broncher. Il était donc, en quelque sorte, coupable d'avoir contribué à créer le monstre qui avait détruit ensuite sa propre vie quand l'occasion s'était présentée. Ils étaient tous les deux coupables de s'être nuis pour préserver leurs intérêts et leur famille. Regina avait ensuite jeté une terrible Malédiction dont il subissait encore les répercussions et dont les terribles conséquences ne commençaient seulement qu'à être payé une fois la mémoire de chacun retrouvée. Tant de vies brisées ! Tant de futurs en voie d'être éclatés !...

Le Chapelier redressa la tête et se passa d'échanger le moindre regard complice ou compatissant avec la jeune femme. Tout ne dépendait pas que d'un seul pardon. Ce n'était même pas le véritable fond de la question après tout. Il avait presque l'impression que la cicatrice autour de son cou que lui avait infligée la mère de Regina, après qu'elle l'ait lâchement abandonné au Pays des Merveilles, le brûlait comme pour lui rappeler la puissance de sa colère et son besoin de vengeance. Il soupira et posa une main fuyante sur celle du maire afin qu'elle n'allât pas plus loin dans un genre de discours qui ne pouvait que le mettre mal à l'aise. Il ne retrouverait pas Grace – Paige – ce soir. Ni le lendemain. Ni même pour le weekend ou pour les vacances de Pâques. Il y avait des affaires plus urgentes avant ça. Se venger... Se racheter... Se soigner !

« Arrête, Regina... Je ne peux pas ! trancha-t-il en montrant son front avec sa main libre. Je ne peux pas et ce n'est pas en m'y obligeant que j'oublierai ce que tu as fait. Je n'oublierai jamais... C'est gravé, là. »

Pourtant, son cœur pardonnerait un jour, car ils n'en avaient pas vraiment le choix.L'oubli avait ses vertus. Un mal plus grand et plus important que leur petite querelle semblait gangrener la vie à Storybrooke. Les gens disparaissaient sans laisser de trace et Jefferson estimait que sa fille était, de fait, plus en sécurité loin de lui. Il conclut, sans la moindre trace de peur dans sa voix rapprochant ses propos du simple constat : « Les gens disparaissent... Ce problème est plus important. »

Ses plaies les plus profondes cicatriseraient un jour et, avec elles, toute sa rancœur.
Son cœur pardonnerait un jour.

HRP:

InformationsMessages : 23 Date d'inscription : 12/02/2014

Décidément, le Chapelier ne comptait pas baisser sa garde. C’était compréhensible après tout le mal que Regina avait fait autour d’elle. Mais une fois encore, elle s’était résolue à réparer les erreurs du passé et ne comptait pas faire marche arrière sous prétexte que la route était semée d’embûches. Un jour peut-être sa relation avec le Chapelier s’améliorerait et recouvrirait toutes les rancœurs qu’ils avaient autrefois nourries l’un pour l’autre. L’histoire avait pris un tournant dramatique après le mauvais tour qu’il lui avait joué avec ses deux acolytes lorsqu’ils lui avaient promis de ramener Daniel entre les morts. Mais tout cela appartenait au passé désormais, elle avait laissé cette triste histoire derrière elle et tiré définitivement un trait sur son amour de jeunesse. Elle s’était rendue à l’évidence : il ne reviendrait pas, alors autant aller de l’avant et cesser de répandre la souffrance autour d’elle. Plus que tout et plus qu’avec n’importe qui, Regina voulait tout reprendre à zéro avec Jefferson. Mais le jeune homme restait bloqué sur le passé tout comme elle, pendant plusieurs décennies. Elle retira sa main et la posa sur son cœur.

- Moi aussi, c’est gravé là. Et cette brûlure m’a longtemps empêché de vivre et d’être moi-même. Jusqu’à ce que mon fils apporte la lumière dans ma vie. J’espère qu’un jour tout redeviendra comme avant.

Cette époque où elle n’avait pas encore basculé dans la noirceur lui manquait. Ce soir où il l’avait doucement serrée contre lui alors qu’elle venait de réaliser que la vie de Daniel était perdue à jamais. Le temps de l’innocence, en somme, le calme avant la tempête. Avant même qu’il n’ait le temps de réagir, la Reine déposa un baiser sur sa joue et se leva.

- Tu as raison, ces disparitions sont inquiétantes. Et je vais devoir aller voir Rumplestiltskin pour élucider ce mystère. D’abord pour le persuader que je ne suis pas derrière tout ça, et ensuite pour qu’il m’aide à ramener la sécurité à Storybrooke. Quelque chose se prépare et je n’aime pas ça du tout…

Elle allait surtout se faire tuer par le Ténébreux dès qu’elle aurait passé le seuil de sa porte. Leurs différends ne s’étaient pas estompés avec le temps même s’il avaient eu à travailler ensemble durant la malédiction. Sa cécité et la disparition de Belle n’arrangeant rien, il risquait d’être de très mauvaise humeur et de s’en prendre à la Reine. Mais elle ne le craignait pas. Elle avait encore ses yeux, ELLE. Un peu de ruse et de magie feraient l’affaire pour éviter qu’il ne lui fracasse une chaise sur la tête, ou pire…

- Ses disparitions nous préoccupent tous, mais la sécurité des enfants, de nos enfants, prévaut. Garde un œil sur ta fille Jeff. Je jetterai un sortilège de protection sur l’école lorsque j’aurai tous les éléments nécessaires en ma possession.

Elle aurait voulu lui demander de veiller sur son fils s’il lui arrivait malheur. Elle n’avait guère confiance en Emma Swan même si elle avait fait des efforts ses derniers temps. Jefferson en revanche avait la même vocation à être parent que Regina et c’est pourquoi cela l’aurait rassurée de savoir Henry près de lui car elle avait pour projet de traverser les mondes pour arriver à ses fins, et l’aventure s’avérait périlleuse. Mais les mots ne franchirent pas le seuil de ses lèvres. Elle n’était pas en droit de lui demander quoi que ce soit, et de toute façon, il aurait refusé.

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Regrets.

Fais attention à toi...

La jeune femme avait finalement retiré sa main pour la poser sur son cœur. Ce n'était pas plus mal en fin de compte. Jefferson ne savait pas exactement pourquoi il avait établi ce genre de contact sujet à confusion et à mauvaise interprétation. Il la regarda toutefois faire ce geste, preuve qu'elle aussi avait souffert et pouvait encore être en proie au chagrin. Elle avait l'air tellement sincère en parlant de son fils et elle lui rappelait un peu Emma, lorsqu'elle était venu lui demander de moins tourner autour du petit Henry. Le gamin était vraiment chouette. C'était l'ami de Paige, et lorsqu'il le croisait, il lui racontait toujours les derniers potins sur sa fille adorée. Il savait aussi ne pas lui imposer de la retrouver tout de suite. Bien qu'encore jeune, le petit Mills avait l'air bien plus lucide et clairvoyant que la plupart des habitants de la ville. Tout en étant dévorée par la haine, Regina avait toutefois à lui inculquer de bonnes valeurs. Ses lèvres se décrispèrent tandis qu'il se laissait aller, malgré lui, à un authentique petite sourire pour saluer les paroles du maire. Elle voulait changer.. Lui aussi. Il lui souhaitait de réussir. Storybrooke avait assez d'ennemis comme ça.

Regina avait l'air pleinement consciente de la situation. Les gens disparaissaient. Elle comptait bien gérer ce problème en s'alliant à Mister Gold. Depuis qu'il avait participé à la battue en forêt pour rechercher Granny, le propriétaire de la rue avait perdu l'usage de la vue. Quelque chose ne tournait vraiment pas rond et si Rumpelstinskin paraissait hors course pour le moment, Regina semblait incarner la dernière personne stable derrière qui se réfugier. Le shérif Emma Swan, la sauveuse, avait elle aussi disparu. Madame le maire, bien que crainte, représentait un dernier rempart pour empêcher la ville de sombrer dans la peur et donc dans le désordre.

Elle déposa furtivement un baiser sur la joue, comme pour sceller une promesse. Celle de tout faire pour ramener la paix à Storybrooke. À moins que ce ne fût une sorte d'adieu au cas où elle ne ressortirait pas victorieuse du combat qu'elle voulait livrer sans lui. Les joues du Chapelier s'empourprèrent tandis qu'il s'était mis à sursauter. Il ne s'attendait vraiment pas à ça, à un tel point qu'il n'avait même pas penser à se reculer subitement pour l'empêcher de retrouver ce genres de familiarités qu'ils avaient pu avoir lorsqu'elle était encore pure et innocente. Il posa sa main sur sa joue, un peu troublé. Celle qui avait été la Méchante Reine se leva aussitôt comme pour partir, mais aussi comme si elle s'apprêtait à affronter un mal terrible. Jefferson la retint en attrapant son bras.

« Regina.. Fais attention à toi.., marmonna-t-il, confus, S'il t'arrive quelque chose, personne ne sera capable de protéger Storybrooke... Ne fais rien de stupides.. Et... Heu.. Reste dans le coin, d'accord ? »

Il ne voulait pas lui donner d'ordres. Il avait juste un mauvais pressentiment.

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Alors que la jeune femme s’apprêtait à partir, elle se sentit retenue par la main du Chapelier. Le flot de paroles qui déferla de ses lèvres était un peu confus, comme s’il ne savait pas vraiment sur quel ton aborder cette conversation. La Reine elle-même ne sut pas déceler s’il y avait de la tendresse dans ses paroles où si cette mise en garde n’était que fonctionnelle pour éviter que la ville ne sombre dans le chaos sans elle. Elle savait bien que comme le Ténébreux et la Sauveuse étaient hors jeu, la survie des habitant de Storybrooke reposait à présent sur ses épaules. C’était normal qu’on s’en remette à elle. Mais une lueur étrange dansait dans le regard de Jefferson et sur le moment, Regina n’arriva pas à comprendre de quoi il s’agissait. L’espace d’un instant, il lui sembla retrouver ce qu’on aurait pu appeler leur complicité d’antan. Elle se força donc à sourire.

- Quoi qu’il m’arrive, ce sera forcément mérité. Les méchants n’ont pas droit aux fins heureuses, tu sais bien…

Une boule se forma dans sa gorge, mais elle réprima une montée de larmes. Ce n’était pas le moment de laisser se craqueler la carapace qu’elle avait mis si longtemps à forger. Et surtout pas devant Jefferson. Elle prit donc une grande inspiration et reprit le contrôle d’elle-même. Si le jeune homme avait fait l’effort de la retenir, c’était le moment de lui faire un semblant de testament car à l’heure actuelle, Regina n’avait personne d’autre sur qui compter.

- Je ne sais pas encore où cette histoire va nous mener mais… si je suis amenée à partir et que je ne reviens pas, prends soin d’eux. Le peu de magie qu’il nous reste est entre tes mains et tes chapeaux. Fais en sorte de tous les mettre à l’abri si la situation dérape. Je me battrai jusqu’au bout pour ne pas en arriver là, mais on ne sait jamais.

Un sourire sincère se dessina alors sur ses lèvres. Le genre de sourire qui pouvait encore illuminer son visage avant qu’elle ne monte sur le trône.

- Et prends soin de mon fils. Je sais qu’il est assez grand pour se débrouiller seul mais pour moi il restera toujours mon bébé…

Henry était tout ce qui lui restait, la seule force qui la maintenait encore debout. Elle voulait s’assurer qu’il serait en sécurité si elle tombait au combat. Elle avait confiance en l’instinct paternel de Jefferson, elle savait que malgré leur différents, il ne laisserait pas seul un enfant abandonné. Au regard qu’il lui lança, la Reine sût qu’elle avait raison de penser cela. Rassurée, elle décida de partir sur une note plus légère.

- Allez, j’y vais. Fais attention à toi aussi, je veux que tu sois en forme à mon retour parce qu’on a des comptes à régler toi et moi !

C’était dit sur le ton de l’humour, mais Regina le pensait réellement. Elle aurait été peinée de savoir qu’il était arrivé malheur au Chapelier. Son Chapelier.

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