Cela faisait déjà plus d’une heure que Leena s’affairait à réparer la voiture d’un des habitants de Storybrooke. Le soleil était déjà haut, mais les rayons ne pouvaient l’atteindre là où elle se trouvait, en dessous du monstre de fer. Son bleu de travail n’avait de bleu que le nom. Le cambouis noir le recouvrait en de multiples endroits. La matinée, Leena l’avait passée à ne rien faire. Une bonne grasse mat’ ! Et pourtant ça ne l’avait pas rendu de bonne humeur. En fait, elle avait plutôt attendu désespérément un nouveau client. Aucune affaire intéressante n’avait pointé le bout de son nez. Aucune affaire tout court même. Cette voiture sur laquelle Leena travaillait était arrivée hier, en début d’après-midi. Un bref coup d’œil lui avait appris la cause de la panne. Elle n’était pas du genre à se vanter, mais il fallait bien avouer que niveau mécanique elle se tenait dans la catégorie des experts. Aussi, elle avait conclu qu’une heure et demi maximum lui serait nécessaire. Comme le client ne souhaitait la récupérer que deux jours plus tard, elle s’était pris des « vacances ». Elle avait plutôt l’impression d’être en chômage technique cela dit. Ce contrat était le seul et unique jusqu’ici. Elle avait espéré en vain qu’un accident se produise pour au moins s’amuser avec la taule froissée. Mais où voulez-vous rouler dans des conditions pareilles.

D’un geste machinal, Leena serra le dernier boulon qui lui restait. Voilà, ce taudis ambulant était presque comme neuf grâce à ses soins. Allongée sur le dos, elle fit rouler la planche à roulettes qui la soutenait pour se libérer et trouver un air un peu plus respirable. Distraite, elle essuya ses mains crasseuses sur sa tenue de travail. Son visage n’était pas en reste. Entre l’huile de moteur et le cambouis, je ne vous explique pas l’œuvre d’art. Leena ne faisait rien non plus pour protéger sa peau. D’ailleurs elle essuya la sueur de son front avec sa manche.

D’un pas traînant, elle s’approcha de l’évier au bout du garage. Elle en profita et alluma le poste de radio en passant devant. Aussitôt les premières notes d’une musique des Stones retentirent dans le garage, amplifiées par l’effet de résonance. Ensuite elle fit couler une bonne quantité d’eau savonneuse entre ses mains en ne lésant pas sur le frottement.


Hey Lee !

Une voix la tira de sa léthargie et elle tourna la tête vers son propriétaire. Un faible sourire illumina le visage de Leena. Elle essuya ses mains et s’approcha vers Smee.


Salut Will, qu’est-ce qui t’amène ?



Je passais par-là, lui répondit son ancien camarade d’équipage puis il fit un signe de tête en direction de la voiture. Je ne l’aurais pas déjà vu celle-là ?



Si, tu l’as vu hier quand on me l’a amené.



Et elle est encore là ? Tu régresses ma pauvre, je t’ai connu plus vive.



Très drôle, grimaça-t-elle en lui lançant un regard noir. Figures-toi que je n’ai qu’elle en ce moment. Autant la garder le plus longtemps possible pour m’occuper.

Smee regarda Leena s’éloignait, attrapait une éponge mouillée et commençait à astiquer la carrosserie pour effacer toute trace de liquide. Leena sentait le regard du pirate sur sa nuque, mais elle ne s’en offusqua pas. Ces deux-là se connaissaient assez pour savoir quand il valait mieux ne pas trop chercher l’autre. Et ce jour-là, Leena n’était pas en de  bonnes dispositions.

Peiné, William Smee ne la lâcha pas des yeux. Il connaissait la raison à la maussaderie de sa camarade. Si seulement il n’y avait que les couacs de son boulot… Après le tremblement de terre, Leena lui avait fait part du niveau de la caisse qui ne cessait de diminuer. Elle pouvait encore vivre aisément, mais ne pas voir d’amélioration commençait à l’inquiéter sérieusement. Mais ce qu’il la perturbait le plus, c’était la malédiction. La jeune femme avait quelques difficultés à mettre en ordre ses souvenirs : les vrais et les faux. Elle ne savait plus quoi penser. Son réveil lui avait remémoré tout ce qu’elle avait à Fairytale Land et tout ce qu’elle y avait perdu. Avant qu’elle ne sache tout ça, elle était plutôt heureuse, avec un boulot et une vie stable. Rien à envier à personne. Sauf que depuis que les souvenirs véritables étaient de retour, ses anciennes aventures lui manquaient. L’équipage et le Jolly Roger formait un horrible trou quelque part dans son cœur. Face à ce qu’elle avait vécu aux côtés d’une telle famille, la vie d’une bonne petite garagiste ne valait rien. Heureusement, elle avait Smee. William, bien que pirate, était plutôt protecteur envers elle. Quand leur mémoire était revenue, ils s’étaient aussitôt retrouvé pour discuter de leur passé et de ce qu’il devait faire à présent.

Au début ils souhaitaient retrouver tous les membres de l’équipage, mais ce projet n’avait pas vraiment avancé depuis. Leena avait eu beau chercher, il n’y avait aucune trace ni du navire ni du capitaine Jones. Et ça c’était bien le pire. Cette pensée la rongeait. Pourquoi n’était-il pas à Storybrooke comme tout le monde ? Avait-il succombé à la malédiction ? Mais pourquoi n’avait-il pas subi le même traitement ? William aussi s’était posé ces interrogations. Ils en avaient discuté longuement… Jusqu’à ce qu’il finisse par la laisser bavarder toute seule. Leena avait l’impression que cela ne l’intéressait plus, qu’il avait fait une croix sur Hook et sur leur vie de piraterie. Ce qui avait beaucoup énervé Leena. Plus elle en parlait, plus il se murait dans le silence. Parfois encore elle essayait de remettre le sujet sur le tapis, mais ça ne changeait rien. Elle n’avait plus qu’à se ronger les sangs toute seule.

C’était ce à quoi pensait William alors que Leena attaquait le nettoyage du côté droit de la voiture. Il ne pouvait plus lui cacher plus longtemps, et de toute manière le capitaine Jones lui-même lui avait demandé de retrouver l’équipage. Le calvaire mental de Leena n’avait que trop duré.


Lee, faut que je te dise… Jones… Le capitaine, il est ici à Storybrooke.

Comme après avoir reçu une claque en pleine figure, Leena s’immobilisa soudainement.  Dans un mouvement circulaire, elle fit face à Smee. Ses sourcils s’étaient dangereusement rapprochés, signe qu’elle n’appréciait aucunement la plaisanterie, si s’en était une.


Qu’est-ce que tu racontes ?



Je l’ai vu. Je ne te ferais pas une plaisanterie aussi mauvaise Lee.



Je peux le voir ? Aller sur le Jolly Roger ?



Évidemment, je t’y emmène si tu…

Leena ne le laissa pas finir sa phrase et bondit sur place.


Mais attend, je ne peux pas y aller comme ça. Je vais en mettre partout sur le Jolly Roger sinon…

Elle ne laissa pas Smee répliquer et le laissa planter ainsi alors qu’elle disparut pour mettre des vêtements plus propres. Une fois débarrassée de son habit de travail, elle refit surface aussi vite qu’un boulet de canon. En poussant involontairement au passage. Elle n’attendit pas son partenaire pour se diriger vers le port. Il ne pouvait qu’être là-bas. Hors d’haleine mais vive d’une énergie sortie de nulle part, elle s’arrêta là où elle ne vit que l’eau. Aussitôt elle sentit la rage monter dans ses entrailles. Si Smee s’était foutu d’elle, elle allait lui faire passer un mauvais quart d’heure. Elle marcha le long du bord, au cas où elle louperait quelque chose. Au bout de plusieurs minutes, elle découvrit l’endroit précis où se cacher le Jolly Roger. En fait elle avait passé au crible un par un les ponts qui menaient aux différents radeaux avec précaution et en tentant par-ci, par-là. Son pied avait fini par se heurter à une matière invisible. Précautionneusement elle s’avança et montant chacune des marches.
L’ensemble du navire tant choyé finit par se découvrir à ses yeux. Emerveillée, elle caressa du bout des doigts quelques planches polies par le temps. Il était toujours aussi magnifique. Pour la première fois depuis des jours, elle se sentait redevenir elle-même. Enfin à la maison… Mais tout n’était pas comme avant…


Capitaine !, hurla-t-elle en s’avançant au milieu du navire d’un pas vif. Capitaine, vous êtes là ? Une partie de l’équipage est de retour.

Tandis qu’elle appelait l’homme qui lui avait offert la vie dont elle avait rêvé, Smee arrivait au port, le sourire aux lèvres en voyant qu’elle avait trouvé le précieux bateau.

Le Jolly Roger n’avait pas changé. Toujours aussi beau ! Toujours aussi flamboyant ! Vingt-huit ans que Leena n’y avait plus posé les pieds. Elle s’était bien entendu imaginée au moins une dizaine de fois revenir sur le navire. Mais l’émotion qu’elle s’était prêtée n’égalait pas celle qui l’enivrait, là debout sur le pont de travail. Storybrooke ? Elle avait complétement oublié cette ville insipide. Durant un instant, elle eut l’impression d’être de retour au Pays Imaginaire. Et le bateau en était la plus grande des merveilles.
Son cœur chavira soudain. Une voix lui souhaitait à sa façon la bienvenue. Et quelle voix ! Toujours aussi trainante et séduisante. Leena se retourna aussitôt vers son Capitaine qui ne manqua pas de lui faire un joli clin d’œil.
Son air émerveillé précédent n’était en rien comparable au sourire qui illuminait son visage. William ne lui avait pas menti. Crochet était à Storybrooke. Derrière elle pouvait voir l’arme scintillait sous le pâle soleil de la ville. A l’instant même où elle posa les yeux sur le pirate le plus connu de tous les temps – avec Jack Sparrow – elle sut que sa vie entant que Leena Grascow allait prendre une nouvelle tournure, ce qui ne lui déplaisait pas du tout.

L’ancienne Rosie s’approcha de Killian, mais fit attention de ne pas lui sauter dessus. Certes, elle en avait quelque peu envie. Mais elle préférait ne pas s’essayer à ce genre d’expérience. Killian et Rosie n’avait jamais eu de relation compliquée. Au contraire, c’était très clair. Il était son capitaine et elle une fidèle pirate.
La phrase que lui lança le capitaine la fit sourire davantage. Ça c’était du Hook tout craché.


Ce n’est pas vous qui avez passé 28 ans loin de la maison, répliqua-t-elle en tapotant l’un des treuils du Jolly Roger. Je suis donc de retour.


Le regard qu’elle lui lança était espiègle, mais il exprima aussi l’intégralité de sa joie à le revoir, au détriment de lui sauter au cou. Elle n’avait pas perdu l’éclat de détermination qu’elle avait eu lors de leur toute première rencontre.
Elle aurait adoré rajouté « vous ne serez plus seul mon capitaine », mais elle n’en eu pas le courage. Qui sait comment il le prendrait. Pourtant elle brulait d’envie de lui communiquer sa jovialité. Leena ne se laissait pas de le détailler, en essayant tout de même d’être la plus discrète possible – pas facile. Il n’avait pas bougé d’un poil. Les mêmes cheveux noirs. Les mêmes yeux cernés de noir. La même assurance. Ce n’était donc pas un rêve. Elle semblait toujours aussi petite par rapport à lui.

Il lui fallut encore bien une ou deux minutes pour s’emplir la rétine de souvenirs lointains avant que son euphorie diminue. En effet, maintenant qu’elle avait bien pris conscience du retour du pirate, plusieurs questions lui envahirent l’esprit. Smee ne lui avait rien n’expliquer sur l’abandon de Hook, vous pensez bien qu’il ne l’avait pas fait non plus pour son retour. De toute manière Leena ne lui aurait pas laissé le temps. Mais maintenant la curiosité avait fait son chemin. Elle voulait savoir. Leena avait toujours été curieuse. Tout dépendait du sujet. Hook était toujours la raison d’un pic de curiosité. Malgré tout, elle n’avait jamais essayé de s’immiscer dans ses pensées. Oh, elle l’aurait voulu. Mais Hook n’était pas homme à faire des confidences. A ce qu’elle en savait, seul Smee en avait le privilège. Même si ça l’enragé, elle avait fini par s’y faire et avait fait plus ou moins une croix sur la « place n°1 » qu’elle convoitait.

Cette fois-ci, elle ne pouvait pas taire ses interrogations. Elles lui mangeaient bien trop l’esprit. Que s’était-il passé pour qu’il n’ait pas été victime de la malédiction comme tout le monde ? Comment avait-il fait pour arriver à Storybrooke ? Qu’avait-il fait pendant 28 ans ? L’équipage lui avait-il seulement manqué ?
Ses lèvres brûlaient de lui poser chacune de ses questions. Mais elle n’osa pas tout énumérer de la sorte. Néanmoins, elle ne pouvait rester dans le flou plus longtemps.


Désolée de vous poser cette question mais… Comment avez-vous fait pour arriver ici ? Si vous êtes ici, c’est qu’il est possible de faire sens inverse.


Cette phrase franchir ses lèvres sans avoir été pensé avant, reflet d’une obsession constante depuis le retour de sa mémoire. L’œil curieux, elle fixait Hook pour avoir sa réponse. Elle n’était vraiment pas sûre de l’obtenir. Si Leena ne faisait pas partir des plans du capitaine, il était bien possible qu’il l’évince. Evidemment, Leena ne savait rien des précédentes pensées du l’homme au crochet.

S’il lui répondait, elle n’allait sans doute pas laisser s’échapper l’opportunité d’en savoir un peu plus sur lui et sur les raisons de sa disparition.

Leena était suspendue aux lèvres du capitaine. S'entendre dire « Bon retour chez toi » élargit un peu plus son imposant sourire. Elle aurait voulu se donner une apparence plus digne pour leur retrouvailles, mais elle n'arrivait pas à détacher cette expression de bonheur sur son visage. Peu importe après tout. Après 28 ans de séparation avec le merveilleux navire, elle avait bien le droit de s'enthousiasmer. De plus, elle aperçut du coin de l’œil dans les yeux de Hook, ce qu'elle prit pour un air amusé. Maintenant qu'elle était revenue, elle aurait tout le temps de se prendre au sérieux. Du moins elle l'espérait.



Je peux me charger de vous faire un peu d'animations, si vous préférez, plaisanta-t-elle.


Simple plaisanterie ? Pas totalement. Bien sûr elle espérait reprendre sa vie d'avant. Mais dans ce monde il y avait tant de contraintes, qu'elle ignorait si elle pouvait débarquer avec un baluchon sur le Jolly Roger en laissant tout le reste derrière elle. Pour l'instant, elle préférait y croire. Leena ne voulait pas obscurcir ce si bon moment avec des doutes de la sorte. Elle se contentait d'apprécier le geste d'affection qu'il lui offrit. Une chose était sûre, Killian Jones n'était pas indifférent à son équipage. Ce n'était pas juste des hommes dont il se servait pour assouvir ses envies de conquêtes ou de vengeances. Leena avait pu l’apercevoir durant les quelques 300 ans pendant lesquelles elle l'avait côtoyé, mais il le lui prouvé une fois de plus ce jour là. Et c'est toute fière qu'elle regarda son capitaine droit dans les yeux alors qu'il venait de poser sa main sur son épaule. Parfois, elle avait l'air tout d'une enfant modèle face à lui.

Il fallait bien l'avouer, elle fut surprise que le capitaine ne soit pas plus rebuté que cela à répondre à ses questions. Elle était consciente qu'elle n'avait pas fait preuve de beaucoup de tact. C'était dans sa nature, elle n'y pouvait rien. La subtilité n'était pas sa plus grande qualité. Et de tout évidence, ça ne dérangeait pas Killian. Étant loin d'être la confidente de Hook, Leena n'aura pas été choqué de s'entendre dire que tout cela n'était pas ses oignons. Dès que ça venait de Hook, elle l'acceptait. Cela pouvait sembler étrange d'être autant obéissante face à une personne, qui à priori n'a aucun lien de parenté avec vous. Leena ou plutôt Rosie ne se l'expliquait pas. Depuis qu'il avait fait d'elle une pirate, elle s'était voué corps et âme au Jolly Roger. Au début elle n'avait fait que suivre les ordre. Puis petit à petit, elle s'était mise à nourrir une fascination pour le pilote du navire. Son charisme et son autorité n'y était pas pour rien. Tout chez lui était troublant, et quand on se retrouvait de son côté, on avait rien à craindre – normalement. Ce qui laissait la voie libre à une adoration dévorante.
Même Leena en était consciente. Pour elle, il n'y avait rien d'étrange à ça. Tout bon matelot doit être prêt au plus grand sacrifice pour la vie de son capitaine ! Toutefois, en observant les autres, des équipiers pas forcément du Jolly Roger, elle s'était aperçue que son fanatisme était plus important que la moyenne. Elle se fichait de ce que l'on pouvait dire sur elle et sur son comportement. Tant que Hook voyait son entière fidélité à son égard ça lui allait. Si ! Une réflexion ne lui avait pas plus et lui avait valu de se retrouver dans une bagarre. Elle ne se souvenait plus très bien de qui, mais il lui semblait que c'était arrivé lors d'un arrêt au port. Pas longtemps après son arrivée dans la piraterie, un gros lourd dans une taverne avait insinué qu'elle voulait juste se faire « plaisir » - pour rester polie – avec la bande de pirates et particulièrement avec le capitaine. Elle avait répliqué par un crochet du droit qui lui avait valu par la suite plusieurs hématomes dissimulés un peu partout sur l'ensemble du corps. Heureusement, la présence d'autres pirates du Jolly Roger lui avait permis de ne pas finir en carpaccio.

Bref, tout ça pour dire qu'elle était surprise. Toutefois, elle ne fut pas énorme. En l'entendant parler, Leena reconnut aussitôt le côté mystérieux du capitaine. Il ne dévoila pas grand chose, mais assez pour qu'elle puisse s'imaginer les événements comme elle le désirait. Après 28 ans de vie sur une terre dépourvue de magie, elle mit un certain temps à assimiler l'idée d'un haricot magique. Rosie était accrochée aux paroles de Killian. Il existait un moyen de repartir. Plusieurs même, selon lui. Une lueur d'espièglerie et de malice flamboyant dans ses yeux. Au début elle avait craint qu'il ne lui dise qu'ils étaient coincés ici pour l'éternité. Toujours aussi cachottier, Hook venait tout de même de lui montrer une porte de sortie.



Et vous les connaissez ?


Elle aurait voulu lui demander beaucoup plus. Combien y en avait-il ? Etait-il en possession de ces moyens ? Quand pourraient-ils repartir une fois l'équipage réunie ? Mais même s'il ne lui faisait aucune remarque sur son manque de discrétion, elle préférait se mettre des limites. Elle ne craignait pas d'être punie de son indiscipline, elle avait juste peur de l'agacer. En même temps, elle ne pouvait réprimer totalement sa curiosité.

Leena fut tout aussi surprise de la phrase qui suivit. Elle entrouvrit la bouche comme pour répondre. Le « nous » qu'il avait utilisé précédemment ne lui avait pas échappé. Mais comme il l'avait précisé lui même, il avait obtenu de l'aide pour ouvrir un passage. Ce « nous » en question ne pouvait être autre que ça. Naïve comme tout lorsqu'il s'agissait de Hook, Leena avait cru qu'il avait passé ses 28 dernières années à les chercher, elle et le reste de l'équipage. Elle ne soupçonnait pas que ce fusse cette histoire de vengeance qui l'avait mené jusqu'ici. Ce qui s'était passé 28 ans plutôt ? Ca lui semblait évident. Killian était parti en mission seul, entre temps la malédiction les avait envoyé ailleurs et quand le capitaine avait dû revenir vers ses compagnons, il avait dû avoir une sacrée surprise.
Devant son sourire moqueur. S'il amorçait lui même la question, c'était qu'il se montrait ouvert à la discussion à ce sujet. Autant en profiter. L'imitant, elle s'appuya sur un rebord du bateau.



Il s'est passé quoi il y a 28 ans ?, répéta-t-elle presque mot pour mot pour rentrer dans le jeu de son capitaine. Je ne pensais pas que vous me répondriez si je vous posez la question. Ma question serait plutôt : pourquoi vous n'avez pas été touché par la malédiction ? Je croyais que tout Fairytale Land avait été inhalé par le nuage magique. Mais si vous êtes là, ça veut probablement dire que non.

Soudain elle se rendit compte que 28 années de solitude avait du paraître bien plus long pour Jones que pour elle. Leena, comme tout le monde, n'avait pas été consciente de la situation alors que Hook n'avait pas pu ignorait le bazar qui s'était produit. Qu'avait-il bien pu faire pendant autant de temps seul ? Leena savait que Hook avait toujours un but dans sa vie. Trésor, vengeance,... cela pouvait prendre des aspects variés. Il avait dû réussir à s'occuper. Mais tout de même... A sa place, elle serait tombé dans le désespoir. Mais peut-être n'avait-il pas été si seul que ça... Elle savait déjà qu'il avait eu recours à une aide.



Beaucoup de personnes ont échappé comme vous à la malédictions ?


Maintenant qu'il lui avait laissé apercevoir qu'elle pouvait en savoir plus, la curiosité la démangeait encore plus. Parler ainsi avec son capitaine fit grandir une certaine fierté en elle et surtout un enthousiasme palpable. Mais elle n'était pas intéressée que par ça. La réponse qu'il allait ou non lui fournir était précieuse pour les informations qu'elle contiendraient sur la situation. Elle ne s'expliquait toujours pas pourquoi Hook avait échappé à la malédiction. Peut-être était-il dû au lieu sur lequel il se trouvait en ce moment... D'autres hypothèses germaient de la sorte de son esprit imaginatif. Elle aurait voulu tout savoir. .

HRP:

Le capitaine se montrait bien bavard. Enfin, ça c'était l'avis de Leena. Certes, les réponses n'étaient pas des plus détaillées, mais la pirate n'en demandait pas plus. A vrai dire, elle était même surprise que Jones lui réponde sincèrement. Aussi sincèrement qu'elle puisse le croire en tout cas. Peut-être que son absence le menait à une compassion plus développée pour ses matelots ? Ou alors, Leena – ou plutôt Rosie – n'avait jamais creusé assez la surface pour faire parler autant son capitaine ? Après mûre réflexion, elle se dit que cela devait être un peu des deux. Surtout qu'il semblait se justifier par rapport à sa désertion. Leena n'en demandait pas tant. Toutefois, elle fut quelque peu touché. Et fière de récolter de minimes confidences sur la vie du Capitaine Crochet. Pour se donner encore plus de prestance, elle chassa loin d'elle l'idée qu'il aurait fait le même pour n'importe quel membre de son équipage. Rosie était toujours autant décidé à être LA personne de confiance.
Au fur et à mesure qu'il parlait, Leena acquiesçait. Toutes les informations qu'il lui apprenait étaient intéressantes. L'opportunité de voyager entre le monde capta tout de même plus son attentions. L'expression sûr de soi de Killian conforta Leena dans l'idée qu'ils pourraient peut-être un jour partir de la petite ville. Et comme une attraction permanente, la question incessante « est-il venu pour nous chercher » martela sa boîte crânienne. Elle mourrait d'envie de le couper en pleine explication pour lui poser la question fatidique. Une part d'elle était tellement sûr de la réponse, qu'elle ne souhaitait qu'une chose : l'entendre dans la bouche de celui qu'elle admirait le plus.

Elle laissa ses caprices de petite fille au placard, et comme une employée modèle écouta attentivement les paroles du capitaine du bateau. La brève description de ce qui était devenu Fairytale Land donnait l'envie à la jeune fille de voir l’ampleur des dégâts de ses propres yeux. Elle voulait aussi savoir exactement comment les gens s'organiser là-bas. Leur situation devait être précaire. Mais après tout, il fallait voir le bon côté des choses : plus aucune menace de la reine devait les troubler. Et puis, une terre laissait à l'anarchie était l'endroit rêvé pour les pirates. Là-bas, ils pourraient peut-être devenir les maîtres des lieux. Encore que ce n'était pas le rêve de Leena, mais être en situation de supériorité était toujours plaisant. Surtout pour une femme de sa trempe qui avait eu à essuyer tant de refus.

Vint alors le tout des questions de Jones. Un sourire malicieux étira les lèvres de Leena. Encore une fois, obtenir un tant soit peu de considération de la part de Hook la comblait de fierté. Sans pour autant se sentir comme une amie, elle espérait que leurs retrouvailles permettraient de faire d'elle une personne un peu plus de confiance. La tête haute, elle s'empressa de répondre à Killian.


Vingt-huit ans ici, ce n'est finalement pas grand chose. En fait, pendant quasiment toute cette période, tous les habitants revivaient des journées plus ou moins identiques. Sans aucun souvenir de notre vie passée dans l'autre monde, lui apprit-elle ignorant toutefois s'il connaissait déjà cette partie de l'histoire de Storybrooke. J'ai changé de nom aussi. Dorénavant, pour quasiment tout le monde dans cette ville, je m'appelle Leena Grascow, petite garagiste qui passe son temps à retaper des carcasses de voitures, ironisa-t-elle. Rien de très trépignant.


Sa voix se tue à cette dernière phrase. La tristesse de ses paroles lui était sautée aux yeux. Elle devait faire pitié, cette pauvre fille qui avait passé ses 28 dernières années les mains dans le cambouis. Sexy comme perspective... Enfin, malgré tout, ce n'était pas elle la plus à se plaindre. Consciemment, elle omit de faire part de son amitié avec l'ancienne rivale du Capitaine : Janna Jester.

Contrairement à Rosie, Leena s'était montrée beaucoup plus casanière à Storybrooke. A pou part quelques personnes, la jeune fille n'avait lié aucun lien tangible. Le seul personnage en ville qui avait plus le profil d'une meilleure amie était la chasseuse de trésor. Même si Killian était susceptible de n'y porter aucun intérêt, elle préférait ne pas mettre ce sujet sur le tapis. Maintenant qu'il était là, Leena devrait apprendre à faire la part des choses, à séparer ses deux vies, pour finalement n'en choisir qu'une. Ce n'était pas gagné d'avance. Elle préférait ne pas faire de plan, et ne pas trop s'imaginer d'avenir, quoique que son esprit la poussait à se voir déjà voguant sur les mers houleuses.
Tout ça pour dire, que la jeune femme n'avait pas beaucoup de connaissances en ville. Ainsi, elle se mordit maladroitement la lèvre inférieure. Hook s'attendait sûrement à ce qu'elle lui ramène l'équipage au complet. Ce qui n'était pas affaire réglée...


Quand la « sauveuse », cette Emma Swan, est arrivée, la malédiction a commencé à connaître des failles. Maintenant tout le monde se rappelle de tout, lui raconta-t-elle. Smee et moi on s'est « retrouvés » en quelque sorte... Mais ça, ça doit pas vous être utile, constat-t-elle elle-même avec exaspération pour sa propre personne. J'ai pas eu le temps de revoir tout le monde avant aujourd'hui, mais j'ai bien cru en apercevoir plusieurs. Elle se redressa avec réactivité, et pleine d'entrain. Si vous le souhaitez, je peux vous mener à eux. En plus ça vous permettra de connaître un peu mieux les lieux, si vous ne l'avez déjà pas fait. Plus vite on sera tous réunit, plus vite on partira d'ici.


La colonne vertébrale bien droite, elle s'était redressée de tout son long. Elle ignorait si Hook pouvait, ou même souhaitait, une visite guidée. Dans tous les cas, elle était déjà ravie de lui offrir si ça le chantait. La dernière phrase n'avait pas été prononcé innocemment, faisant référence à la question qui la taraudait mais qu'elle n'osait formuler de vive voix : est-il ici pour récupérer son équipage ?

Cela faisait bien des années que le capitaine Jones connaissait les membres de son équipage. Pour les plus vieux d'entre eux du moins. Rosie était des premières et toujours en vie malgré toutes les aventures dangereuses qu'ils avaient tous traversés, principalement à Neverland qui était loin d'être une île de tout repos. Avec Smee et quelques autres, elle faisait partit des membres de confiance à qui Hook aurait pu confier bien des choses. Sans doute pas sa vie, ni même le Jolly Roger à la réflexion, mais pour le reste, ce n'était que question de moyen. On avait connu le capitaine plus taciturne et enclin à garder ses secrets pour lui, pourtant, il n'hésitait pas en cet instant de confier à la jeune femme une part des mystères qu'il avait emmené avec lui depuis Fairytales Land. Même si il en gardait les morceaux les plus importants. Rosie n'avait pas besoin d'en savoir plus et de toute évidence cela importait peu à la jeune femme. Elle semblait portée par d'autres pensées qu'elle tendait à taire à son capitaine pour l'instant. Ce n'était pas lui qui irait s'interroger là dessus, il y avait surement des choses plus importantes à mettre sur le tapis.

C'était la curiosité qui avait poussé Killian à s'interroger sur la vie qu'avaient vécu les maudits dans ce monde sans magie, cette ville née d'une malédiction de vengeance et de haine. Chacun c'étaient vu pourvu d'une histoire, d'un passé, d'une vie commune et d'un quotidien qui au final n'avait jamais rien eu de réel. Smee lui avait raconté pas mal de chose là dessus, la vie que lui même avait eu pendant 28 ans, et ce qu'il avait pu en déduire c'était que rien de très intéressant n'était arrivé. À vrai dire, connaissant Régina, elle n'avait du faire les choses en grand que pour elle, et encore, dans un monde ou chacun répétaient les même gestes au quotidien, la vie avait du paraître bien longue. Du moins c'était ce que supposait Hook. Il ne regrettait nullement d'avoir échappé à cette malédiction, il préférait mille fois sa liberté. Et à la réflexion, tout le monde dans cette ville devait penser la même chose.

« Leena ? Voilà un bien joli prénom. Mais je préfère Rosie. »

Il l'avait toujours appelé comme ça. Là où il avait l'habitude d'appeler ses marins par des surnoms, des appellations pas forcément sympathiques ou leurs noms de famille, la jeune femme s'était toujours vu appelée Rosie. Privilège ? Venant du capitaine Hook, ce n'était pas vraiment étonnant vis-à-vis de son contact avec la gente féminine. Et s'il considérait la demoiselle comme n'importe lequel de ses hommes, il y avait cette petite attention qui au fil des siècles s'était transformé en habitude, à tel point que le capitaine n'y faisait plus attention.

« La vie de pirate doit te manquer depuis que tes souvenirs sont revenus. »

Il accorda un sourire. Il n'y avait aucune question. Il savait comment était Rosie, et il savait que la jeune femme était en soif d'aventure depuis son premier jour sur le Jolly Roger. Ce n'était pas une malédiction qui changerait ça, il en était certain. Aussi avait-il dit ça d'une manière sûr de lui, sans douter de ses paroles et de la conviction qu'il y mettait dedans.

La référence à Emma fit réagir Hook imperceptiblement. Ses pensées se tournèrent vers la shérif le temps d'un instant, se demandant ce qu'elle penserait de son projet de retrouver les membres de son équipage. L'amour qu'il avait pour la Sauveuse se mesurait de plus en plus fort, il en avait conscience, il ressemblait en tout point à celui qu'il avait eut pour Milah, mais c'était encore différent. Il y avait la noirceur de ce qu'il avait traversé, le cœur déchiré et peut être la peur. Et dans tout cela, au travers de ces pensées qui l'empêchaient d'entrevoir l'avenir sans elle, il ne pouvait oublier l'idée de rentrer un jour à Fairytales Land. Pas qu'il s'y sentait particulièrement chez lui, le Jolly Roger était sa maison, mais la vie de pirate lui manquerait sans doute, la liberté, l'aventure... Oui, il songeait à rentrer aujourd'hui, alors que sa vengeance contre Rumplestiltskin avait ôté toutes perspectives d'avenir en son temps, le capitaine alors certain de périr contre son ennemi, l'emportant dans la mort. Les choses changeaient si vite.

Smee l'avait bien prévenu que retrouver l'équipage serait un peu plus difficile. Mais connaissant son second, il savait que celui-ci se mettrait bien vite à enquêter. Il était doué pour trouver des trésors, il pouvait bien retrouver une personne. Rosie n'avait peut être pas beaucoup d'informations, mais ce n'était pour le pirate pas un très gros problème. Juste un peu de temps de perdu. Il s'amusa de cet entrain qui la traversa quand elle songea à lui indiquer les lieux où elle pensait trouver d'autres pirates, et tant qu'à faire, une petite visite guidée.

« Ce n'est pas très prudent pour moi de tourner en ville en ce moment, mais je retiens l'offre Rosie. J'en déduis que tu te joindras à nous lorsque nous partirons d'ici. »

Curieusement, cette phrase arracha à Hook un goût d'amertume, alors qu'à nouveau ses pensées se tournait vers Emma. Il devait lui dire, lui avoue ce qu'il pensait faire maintenant que son plan de vengeance était sur le point de s'arrêter. Il faisait des efforts, il faisait vraiment ce qu'il pouvait, mais il savait une chose, ce qu'il prévoyait aujourd'hui, il n'était pas certain qu'Emma l'apprécie. Il y avait autre chose dont il était certain, et en vérité, cette certitude dépassait toutes les autres : il ne laisserait jamais Emma, il serait toujours là pour elle, et avec elle.

Dusse-t-il abandonner sa vie de pirate ? Difficile à dire...

Les pas de quelqu'un résonnèrent sur le pont du navire. C'était Smee qui revenait. Il avait visiblement quelque chose à annoncer, au vu de l'œil alerte et brillant qu'il abordait.

« Capitaine, j'ai réussi à retrouver trois de nos hommes. Comme vous l'aviez prévu, ils sont tout à fait partant pour revenir à vos côtés.
-Parfait Mr Smee. Hé bien Rosie, le départ pourrait arriver plus vite que tu ne l'imaginais. »

Non, ce n'était pas vrai. Pas comme ça, pas aussi facilement. Il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas. Et puis, il n'avait pas encore ce moyen pour repartir, il devait en toucher deux mots à Cora avant. Mais c'était une façon de donner un peu d'entrain à cette image assez plaisant de revoir son équipage se reformer. Le capitaine Hook n'était pas fini, loin de là.

Spoiler:

Les joues de Leena s'empourprèrent lorsque le Capitaine évoqua le nom de Rosie. La garagiste avait oublié à quel point ce prénom sonnait étrangement dans la bouche du pirate. Ce n'était qu'un prénom pourtant, mais à l'entendre ainsi, elle se revoyait dans l'autre monde, leur monde, voyageant sur la mer amicale. Leena avait presque failli oublier comment elle s'appeler réellement. Ce qu'avait dit Hook n'était en fait pas grand chose, mais elle y voyait une marque d'affection. Et rien de plus ne pouvait lui faire plaisir. Elle était maintenant incapable de dissimuler le petit sourire victorieux qui s'était dessiné sur son visage. Quelque part, elle était et resterait toujours Rosie. Surtout si le Capitaine préférait l'appeler ainsi.

Elle n'eut pas le temps de trouver une bonne réplique que Jones reprit la parole. Ce n'était pas une question, et elle le savait. Décidément, cet homme lisait en elle comme dans un livre ouvert ! Ou alors, il avait été plus attentif au comportement de la jeune femme durant toutes ses années de voyage qu'elle ne l'aurait crû. Sa peau reprit une couleur plus ordinaire et elle s'appuya contre les remparts du bateau et lui répondit.

« Oui, énormément... Je ne peux pas dire que je suis malheureuse ici, mais comparé à la vie sur le Jolly Roger, Storybrooke est bien ennuyant. Garagiste ça n'offre pas autant d'adrénaline que pirate. Mais au moins, la mécanique n'a plus de secrets pour moi maintenant, blagua-t-elle. »

Elle avait parlé tout en se détournant du regard du Capitaine. Soudainement, et pour une raison obscure, elle n'osait plus ancrer ses pupilles dans les siennes. Elle avait un peu honte de son quotidien. Killian devait avoir pitié d'elle, pitié de l'existence ennuyante qu'elle menait. Ce n'était sûrement pas la Rosie qu'il avait connue et c'est bien pour ça qu'elle se sentait soudain aussi inutile qu'une feuille-morte. Ses yeux s'étaient ternis à cette pensée. Pourtant, Hook ne lui avait pas fait de remarquer désobligeante sur ça. Il n'en avait pas besoin pour qu'elle se sente étrangement mal. Comme si les deux personnes qu'elle avait été se confronter. Leena et Rosie devaient cohabiter à présent. Encore plus maintenant qu'elle avait retrouvé son Capitaine.
Mentalement, elle s'envoya un coup-de-poing dans les côtes pour sortir de cet état pitoyable. Avec plus de fiertés et de détermination que jamais, elle releva la tête vers Jones. Même si sa vie n'avait pas été très glorieuse à Storybrooke, elle pouvait encore changer les choses. Et elle comptait bien le faire.

« Oh oui, j'en serai. Je ne rêve que de ça, dit-elle avec une voix plus tranchante qu'elle ne l'aurait voulue. Dès que vous êtes prêt à partir, dîtes le moi, je voue prie. J'arriverai aussitôt. Je ne pense qu'à ça depuis que mes souvenirs sont revenus. Elle se redressa brusquement et fouilla les poches de sa veste. Avec un peu de chance, elle trouva un crayon si rongé qu'il ne mesurait plus que quelques centimètres, ainsi qu'un bout de papier où était couchée une liste de courses. Elle le retourna vivement, s'appuya contre la rambarde du bateau. Une fois ce qu'elle souhaitait inscrit sur le papier, elle le tendit au Capitaine. Tenez, c'est mon adresse, au cas où vous souhaitiez prendre contact pour... Des choses à faire... Enfin peu importe. Ça pourrait vous être utile. Et si vous ne trouvez vraiment pas, dirigez-vous vers le garage. Il y a quelques panneaux en ville qui l'annoncent. Vous allez peut-être manquer d'affaire sur le Jolly Roger, je pourrais vous les procurer si vous le souhaitez. Enfin... Je reste à votre service, comme toujours. »

Alors qu'elle avait sorti sa tirade avec conviction, la dernière phrase avait été dite avec plus de fébrilités. Leena avait quelques difficultés à savoir exactement se comporter avec Hook, dans ce monde-ci. Au moment même où elle tendait le bout de papier à Killian, Smee les rejoignit avec une très bonne nouvelle. Ses doutes sur elle-même avaient complètement disparu lorsqu'elle l'entendit parler. Un regain d'énergie se déversa dans ses veines et elle acquiesça à l'engouement de Jones. Si elle le pouvait, elle souhaiterait tout de suite dans le navire pour le monde enchanté. Bien sûr, rien n'était encore vraiment fait. Mais elle savait qu'avec Hook aux commandes, ça ne devrait pas prendre bien trop longtemps. D'aussi longtemps qu'elle le connaissait, il avait apriori toujours réussi à obtenir ce qu'il voulait. S'il souhaitait partir de Storybrooke et emmenait l'équipage, il ne restait plus à Leena qu'à dire au revoir à ses 28 dernières années.

Un coup d'œil à sa montre lui apprit que le temps passait bien vite en compagnie de son Capitaine. La pirate fit la moue. Elle n'avait aucune envie de partir, pas maintenant qu'elle était si proche du but, mais la réalité la rappelait. Dans à peine une vingtaine de minutes, un client devait passer au garage pour récupérer sa voiture.

« Je suis navrée, je dois partir, le travail m'appelle, ronchonna-t-elle avant de se tourner vers Smee. Si y a du nouveau, que tu trouves d'autres membres ou peu importe, fais-moi signe. »

Puis elle donna une tape amicale dans le dos de Smee toujours en souriant. Évidemment, elle aurait préféré ignorer ses obligations professionnelles. Mais elle devait encore payer un loyer, se nourrir, vivre. Elle ne pouvait décidément pas tirer un trait sur tout d'un seul coup. Leena était une part importante de la vie de Rosie, que cela lui en déplaise ou non.

Elle s'avança d'un pas hésitant, comme pour retarder l'échéance, vers la sortie du navire, avec un sourire mi-espiègle mi-naïf, elle reprit :

« J'ai vraiment été ravie de vous revoir, Capitaine. Et j'espère que vous n'allez pas re-attendre 28 ans pour vous manifester, blagua-t-elle. »

Un dernier coup d'œil et elle descendit du Jolly Roger, le cœur léger. Pourtant, toutes sortes de pensées s'entrechoquaient dans son esprit. Une page était tournée. Elle le savait.

Hors jeu: